I was born for this [Lexie & Liam]

Je devrais m’arrêter. J’en ai conscience dès que ces paupières cèdent. Toutefois, je n’en fais rien. Je continue encore et toujours de caresser son bras, y extirpant il me semble quelques légers frissons de bien être. Drake tourne ses prunelles en ma direction, tout d’un coup. Je m’attends à ce qu’il me fasse la remarque d’arrêter ça tout de suite. Pourquoi ? Parce qu’il y a longtemps que je sais que mon attitude n’est plus du tout amicale présentement. Au contraire. J’agis comme si nous étions un couple, comme s’il était normal de l’éveiller d’une telle manière alors que… non. Je soutiens son regard, retenant mon souffle. Je suis prête à l’entendre, autant que je ne le suis pas, quand soudainement ces bras m’emprisonne. Je bascule sur le lit, me retrouvant sous lui. Ça se passe tellement vite que mon esprit n’a pas le temps d’analyser la situation, juste la vivre. Nos visages sont s’y proches que je sens son souffle contre ma bouche. Je regarde ces lèvres, furtivement. L’envie de m’en emparer des miennes me tenaille le ventre. Je suis sur le point de le faire quand il abandonne sa tête contre mon épaule. Je contiens un soupir de déception tout en tournant mon visage à l’opposé du sien. La frustration est plus douloureuse que je ne l’aurais cru. Je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine tandis que j’inspire calmement pour ne pas être trahie par quelques larmes. Il serait stupide de pleurer pour ça, n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme si j’ignorais que Drake n’éprouve aucune attirance pour mo. Que je suis à ses yeux juste une amie proche. Est-ce qu’on embrasse une amie proche ? Non, bien entendu. J’attends donc qu’il me libère, silencieusement. Je pourrais lui demander de me relâcher, c’est vrai. Seulement, je ne tiens pas à le vexer alors… je n’en fais rien. Rapidement, Drake se redresse. Je prends une position assise sur le lit toujours en le fuyant du regard. Je sors mon téléphone de ma poche pour que ma démarche paraisse plus naturelle, qu’il ne remarque pas qu’il y ait un léger malaise de mon côté. Inutile qu’il devine que sa seconde assistante c’est fait des films de midinettes à son sujet. Je quitte d’ailleurs la chambre pendant qu’il cherche ces affaires pour rejoindre le balcon. Je profite qu’il se prépare pour appeler Anna. Elle se trouve au parc avec Lana et Brendy. Elle me confie amusée qu’elle été entrain d’imaginer la petite colonie que ce serait si ces jumeaux jouaient actuellement avec leur père et leur « cousine ». Je ne peux contenir un éclat de rire. Il est vrai qu’elle devrait être encore plus être vigilante avec quatre enfants. Oui, Brendy est un très grand à nos yeux, et ça fait tout son charme. Elle me demande si tout ce passe bien. Je lui confirme que oui, que je voulais juste savoir si tout ce passe bien de leur côté. Un petit mensonge qui passe comme une lettre à la poste. Enfin, mensonge. Cela n’en est pas véritablement un. J’étais tout de même curieuse de savoir comment se passe leur promenade au parc, même si c’était pour me changer les idées. La conversation coupe quelques minutes plus tard. Je rejoins le salon lorsque Drake sort de la salle de bain. Je lui sourie très brièvement avant d’aller chercher mes affaires dans la chambre. Il ne s’agit là que de mes escarpins et mon nouvel ensemble. Le reste ne quitte plus la salle de bain depuis notre arrivée. Lorsque j’ai tout en main, je rejoins cette dernière où je m’enferme. Je pose mon téléphone sur le comptoir ainsi que le reste. Ensuite, je me brosse les dents. J’apprécie vraiment la petite variante que la coiffeuse à apporter à ma coiffure. Je trouve ça très mignon. Comme hier, je me démaquille pour en adopter un plus sophistiqué que je peaufine d’une touche de gloss rose pâle. Je délaisse mes baskets, mon jean, mon tee-shirt, et mes chaussettes pour mettre ma « robe » de gala. Je suis réellement amoureuse de cet ensemble. Je crois que je le porterais au cours des fêtes de fins d’années. Après m’être parfumée, j’enfile mes escarpins. Je suis fin prête. Je rejoins la chambre aussitôt pour ranger mes vêtements dans ma valise. Je sens Drake non loin de moi. Je relève mon visage en sa direction per réflexe. C’est à ce moment là qu’il me signifie que son geste de tout à l’heure était un réflexe. Je sourie à peine, les lèvres pincées, tandis qu’il replace du bout des doigts mon pendentif. Ça ne pouvait être qu’une envie passagère, c’est évident. Je soupire profondément avant de lui assurer.

_ Non t’inquiètes. Il n’y a aucun soucie à ce sujet.

Je ne lui en veux pas du tout d’avoir eu ce « réflexe ». Je m’en veux juste d’avoir crue quelques secondes qu’il pouvait avoir envie de m’embrasser alors que de toute évidence Drake prend la même direction que celle de Brendy. Le grand-frère protecteur, affectueux. Ça ne me gêne pas, hein. C’est juste douloureux parce que je ne nourrie pas les bons sentiments pour être raccord avec lui mais… qu’importe. Changeons de sujet.

_ Je me permets. Je l’informe en glissant mon portable dans la poche de son veston, souriante. Ensuite, je me tourne vers ma valise pour sortir le présent de mon meilleur ami. J’ai du temps pour lui montrer. L’étendant devant moi je lui confie. _ Regarde ce que j’ai trouvée pour Brendon ! Ces jumeaux c’est sa plus grande fierté. _ Je suis sûr qu’il va adoré porter ce tee-shirt. Je le replis pour le ranger à nouveau tandis que je l’informe. _ Si j’ai le temps demain matin j’irais voir pour un petit cadeau pour Anna et Lana.

Chose dont je doute réellement. Je jette un œil au radioréveil. On a encore une petite dizaine de minutes devant nous. Ça nous laisse le temps d’y aller tranquillement.

_ Bien, allons-y.

Je déclare charmante en lui prenant le bras, prête à le suivre comme la veille.

J’observe Lexie avec énormément d’attention. Il est évident que j’ai mal agit avec elle. Que j’ai laissé mes impulsions me conduire et que résultat la blonde est dans une fâcheuse position visiblement. Il faut être aveugle pour ne pas voir son malaise. Je tente de le neutraliser, sans succès. Je n’ai pas la bonne tactique. Il va falloir que je travaille là-dessus au courant de la soirée car je déteste sentir cette expression sur son visage, la voir tendre les muscles en ma présence. Je la laisse sans réagir se permettre de mettre son téléphone directement dans mon veston. Elle le replace même par la suite parfaitement droit. Elle a donc l’habitude de manipuler ce genre de tenue. Brendon portait un complet la fois où je l’ai vu. J’imagine que ça fait partie de sa description de tâches d’en mettre. Donc Lexie c’est fait la main avec lui ou avec son précédent compagnon. Qu’importe. Je la laisse également me montrer le t-shirt amusant qu’elle a trouvé pour son patron. Je me permets même de rire quelque secondes en lisant l’inscription. Il y a de quoi flatter l’égo d’un homme avec ça. Je l’observe, toujours insatisfait avec la persistance du malaise entre nous. Elle me prend le bras et je la conduis hors de la chambre en poursuivant mes réflexions. Nous savons tous les deux que le trajet entre la suite et la salle de réception ne permet pas vraiment de s’étendre sur une longue conversation ou réflexion intérieure. C’est donc en un claquement de doigts presque que nous sommes de retour dans la même salle qu’hier. Les tables sont disposées de la même manière. L’homme à l’entrée est encore là. Il nous dirige vers le même endroit pour nous assoir. La table numéro six. Nous serons donc une fois de plus avec les mêmes personnes qu’hier. Par chance que nous nous entendons bien avec eux. Je sais que certains compétiteurs vont manquer ce gala-ci. Que des obligations les contraignent à partir dès ce soir. Je ne sais pas exactement qui ou combien de personnes vont quitter l’hôtel aujourd’hui. Je garde juste mon esprit ouvert pour remarquer qui est présent et qui ne l’est pas. Ni Jane ni Paul la veille nous ont informés qu’ils seront absents ce soir durant le souper. Il est vrai que nous n’avons pas été présents avec eux très longtemps car moi et Lexie avons dansés le reste de la soirée. C’est un scénario que je veux éviter de se répéter. Pas parce que je n’ai pas apprécié, mais parce que cela m’a vidé de mon énergie et je peux en dire autant de ma seconde assistante. On peut danser ce soir, mais avec modération. D’ailleurs, les organisateurs du gala sont déjà en place à notre arrivée. Ils ont le sourire aux lèvres. Le montant de cette année doit être impressionnant, je présume. Pour l’instant, personne ne se jette sur moi, ce qui est une bonne chose. Le vent commence à tourner lorsque Jane et Lucy arrivent. Excitées, elles sont très expressives et me félicitent toutes les deux d’une accolade. Les autres tables autour semblent finalement remarquer mon existence. Une petite foule se crée autour de moi, attrapant par le fait même au passage Lexie. Je me tourne et tente de l’atteindre, de placer une main protectrice sur son dos. Sauf que je suis légèrement trop loin pour cela. Lorsque je tente de nous rapprocher physiquement, je suis intercepté par plus de gens qui s’accrochent même à mon bras, me retenant comme si j’avais jeté une ancre dans l’océan. Ma main reste relevée un moment, n’attrapant personne. C’est le discours de l’organisateur qui discipline un peu cette foule improvisée. Les gens me libèrent et vont s’assoir à leur place. Je regarde les chaises de Paul et Laura qui sont toujours vident. Ils ont dû devoir quitter après la course. Au lieu de me tourner vers l’homme parlant au micro, je m’oriente vers Lexie. Je me penche vers elle. Sans rien dire, je viens poser ma tête sur son épaule encore. Je suis dos à l’annonce d’un montant de cent-quatre-vingt-cinq-mille dollars de recueillis cette année. Les gens applaudissent alors que je fixe la table. Je remarque que Jane m’observe en fronçant les sourcils. Elle doit se demander ce que j’ai. Je peux faire passer ça sur la fatigue. En fait, c’est tout autre chose. C’est une chose qui m’arrive très pour ne pas dire trop rarement : le regret. J’ai commis une erreur. Et je cherche toujours de façon obsessionnelle à la réparer, sans succès.

Nous regagnons pour la dernière fois la salle de réception, au rez-de-chaussée. L’ambiance entre Drake et moi n’a plus rien de comparable avec celle de la veille. Et pour cause, je ne sens plus cette légèreté émotionnelle qui nous transportait presque encore avant... (Soupire) Cela me fait un pincement au cœur. Ce soir, l’ambiance devrait être festive. Inutile que j’en précise d’ailleurs la raison, sa victoire le fait pour moi. Je me dois donc de tout faire en ce sens, dés que possible. En attendant, nous rejoignons à nouveau le jeune homme de l’entrée qui nous indique la même table que la veille, la six. C’est parfait. Nous n’aurons pas à la chercher ni même à nous inquiéter des personnes qui partageront le repas en notre compagnie, puisque nous aurons à nouveau le chanteur et sa femme, ainsi que son couple d’amies. Cela me donne l’espoir qu’elles parviennent à rendre ma morosité tenace presque invisible à ces yeux, pendant que je me maudis d’agir avec autant d’égoïsme. Je ne devrais pas être morose. Je savais depuis hier que j’étais juste une amie proche pour lui. Jamais je n’aurais dû me laisser aller à croire qu’il pouvait vouloir plus qu’une très belle amitié. D’ailleurs, je ne devrais même pas songer à cela. Je devrais plutôt me concentrer sur ce qu’il se passe autour de nous. Ce que je tente vainement de faire en observant les gens présents dans la salle, ainsi que les organisateurs discutant avec d’immenses sourires ravis au visage. Apparemment, cette course est encore une grande réussite pour la cause défendue. J’en suis contente, au delà de tout. Au fond, je n’ai rien contre le fait que l’on recherche toujours des traitements contre le cancer. Je ne crois juste pas réellement à ce miracle. Enfin, dans l’immédiat j’entends. Nous arrivons enfin à notre table. Silencieusement, je prends place sur ma chaise. Je suis étonnée que personnes ne viennent encore féliciter le grand vainqueur de la course. J’espère que ce n’est que parce que nous avons passés inaperçus sinon je serais déçue pour lui, vraiment. Il mérite qu’on l’acclame. Il a tout de même battu Kerry qui cumulait les victoires depuis ces premières participations. Peut-être que Drake sera réinvité l’an prochain, du coup ? C’est la question que je me pose lorsque je vois Jane et sa fiancée nous rejoindre, euphorique. Elles viennent féliciter le boxeur pour sa belle victoire. Je me lève pour leur donner l’accolade. Etant plus « proche » de Lucy, c’est cette dernière qui me demande comment je me sens à ce sujet. Fière autant qu’heureuse. Ce qui est toujours le cas même si physiquement je n’en donne plus l’air. Chose que je justifie en parlant de ma fatigue qui, je dois l’avouée, est bien présente également. Je n’ai pas eu la chance de faire une sieste. Les tables autour de nous suivent le mouvement du couple. Bien vite, une petite foule se forme autour de nous. Je suis emportée bien malgré moi au loin de Drake. Je le laisse profiter des effusions de joies qu’on lui donne, remerciant brièvement les gens qui me félicitent également. Je n’y suis pour rien dans sa victoire. J’étais juste assise à côté de lui. Détail que je ne signifie pas pour autant, tant je comprends que c’est par politesse qu’on prête également attention à ma petite personne. L’organisateur prend la parole. Aussitôt, la foule se disperse. Chacun reprend sa place, y compris moi. J’appuie mes avant-bras sur la table, frustrée que l’on ne nous ait pas encore apporté du champagne. En boire m’aiderait certainement à me mettre plus facilement dans l’ambiance festive nécessaire à ce gala. Drake pose sa tête contre mon épaule. Je l’observe brièvement. Il doit être encore épuisé, je présume. Nous ne rentrerons pas tard à la chambre se soir. L’organisateur annonce les bénéfices engrangés par la course. J’applaudis devant la somme phénoménale que cela représente. Je n’arrive pas à me faire une idée de ce que cela représente. Je sais juste que cette somme, bien géré, offre une vie à l’abri du besoin. Enfin là elle va surtout être utile aux malades du cancer. Lucy m’adresse à nouveau la parole alors que je remarque seulement que Paul et Laura sont absents.

_ Fatigué d’avoir danser une grande partie de la nuit, apparemment ?
_ Oui. Je lui souffle charmante, un sourire de façade. _ La course aussi c’est épuisant.
_ Oh oui. Confirme Jane, souriante. _ Surtout pour le pilote vu qu’on reste concentré sur la course durant trois heures.
_ Je n’en doute pas.

Je faisais surtout référence à la fatigue de Drake à ce propos mais, j’aurais dû être plus précise. Un serveur arrive avec quatre coupes de champagne qu’il dépose devant nous. Je l’en remercie, ravie d’avoir enfin de l’alcool à disposition. Jane lève son verre au centre de la table.

_ A ta belle victoire, Drake.

Nous trinquons tous avant que je puisse enfin boire une gorgée du liquide dorée. Quoique, gorgé est un euphémisme. Je vide presque intégralement mon verre sous le regard presque ahuri de Lucy.

_ Tu sais déjà où tu vas exposé ton trophée ?

Demande t’elle au boxeur pendant que l’organisateur énumère la suite des festivités. Rien de bien nouveau. Buffet, DJ, bref la même chose que la veille. Il déclare le second gala officiellement ouvert, nous souhaitant une excellente soirée. Je me lève aussitôt en quête de le rejoindre.

_ Tu désires que je me charge de ton plat, au buffet ?

Je demande doucement à Drake, toujours assit. Cela ne me dérange pas qu’il préfère rester à table pour se reposer. Au contraire. J’ai l’habitude de dévouer mon attention à mes amis au delà de ma propre fatigue physique. Il ne serait pas le premier à en bénéficier, et encore moins le dernier.

Ayant perdu un binôme à notre table, Jane se montre plus intéressée envers Lexie. Je cesse d’ailleurs d’emprunter son épaule au moment où des flûtes de champagne atterrissent devant nous. Je me saisis de la mienne avec un peu de désintérêt. L’ambiance n’est pas la même ce soir. Les gens sont plus fatigués, moi compris. J’ai pourtant bien récupéré durant ma sieste avant de venir. Je ne peux pas prétendre le contraire. Jane me semble un peu épuisée à en voir ses traits tirés. Elle est jeune, mais son expression est sévère à cause d’un rythme de vie dicté en jeune âge par la carrière de son frère aîné. Leur père était également dans l’industrie. Il était le premier manager de Nash, il me semble. Il connaissait bien Roy et surtout Sophie puisqu’elle soignait beaucoup de jeunes boxeurs. Cette dernière s’est occupée autant de moi que de Mark à une certaine époque. Lucy a toujours été dans le décor. Les deux jeunes femmes ont été à l’université ensemble. Un premier amour. Elles étaient de ferventes supportrices de Nash avant qu’il commence à voyager comme moi et surtout qu’il s’établisse à des endroits éloignés comme l’Écosse. C’est également mon cas, donc je suis mal placé pour évaluer sa carrière. Il est semblable à moi dans l’ensemble, c’est tout ce que je vois de commun. Physiquement, on s’entend. Nash est surtout une grande gueule. Il jappe plus qu’il ne mord. Il est d’ailleurs facile à remarquer dans une foule puisque sa voix porte toujours un poil plus fort que le groupe. Ce ne sera pas mon premier affrontement contre lui en janvier, loin de là. Et Sophie le sait. C’est ce qui la préoccupe. Elle n’a pas choisit Angelo comme partenaire au hasard. L’homme noir a un style de boxe qui rappelle celui de Mark. À quelques différences près. En gros, ils sont allés à la même école pour apprendre. Ils ont été formés par des anciens champions classiques. Moi, j’ai plutôt appris de différents styles de boxeurs, d’où ma plus grande polyvalence. Qu’importe, je tourne la tête pour voir Lexie boire presque cul-sec son verre après avoir trinqué. Je trouve l’idée excellente. Je l’imite sans perdre de temps, finissant mon verre de mon côté. Les yeux des fiancées se partagent entre nous deux, du coup. Lucy me demande où je vais exposer mon trophée. Aucune idée. « Dans ma salle d’entraînement de la villa, je dirais. » Je déduis rapidement en fonction de l’espace disponible sans fixer mon interlocutrice. Lexie se lève d’un coup, attirant mon attention encore une fois. Décidément, tout ce qu’elle fait est susceptible de m’intéresser ce soir. Elle veut m’amener un plat. Non, je peux me servir moi-même. Je me lève donc en guise de réponse. Nous nous dirigeons vers le buffet, ayant de meilleures places dans la file aujourd’hui. Je regarde le menu en m’avançant un peu. Il y a du bœuf en ragoût. C’est tout ce qui m’intéresse. Je lève une main qui se pose là où commence la jupe rouge dans le dos de Lexie. Je la garde là jusqu’à avoir les mains occupées avec un plateau. Je prends du ragoût avec du riz encore une fois. Je demande un peu de salade en voyant qu’elle a l’air excellente. Mon assiette déborde lorsque j’arrive à la fin du buffet. Je demande un vin rouge cette fois. Je suis Lexie jusqu’à revenir à notre table. Je mange dès que je peux m’assoir. Je me nourris avec appétit, ignorant les conversations ayant lieu. On me laisse tranquille également. Sauf que dès que je n’ai plus de quoi m’occupant la bouche, ayant également finis mon verre de vin, je cherche un moyen de m’occuper. Je songe au bar d’alcool qui est cette fois dès à présent disponible. Je me penche vers Lexie. « Tu veux un verre, je te l’offre ? » Elle peut prendre ce qu’elle veut. Moi, j’ai besoin de whisky. Le démon ambré sera avec moi ce soir. Dès que j’ai obtenu la réponse de la blonde, je me lève et rejoins le barman se cherchant justement des clients. Il me reconnait et me félicite tout en préparant ce que je lui demande. Je lui souris assez faiblement. Pour compenser mon manque de « joie de vivre », je lui donne un bon pourboire. Je reviens ensuite à la table en me faisant arrêter deux fois en chemin par des compétiteurs qui souhaitent me féliciter. Je ne cherche pas à leur fuir. Je suis juste content au final de retrouver notre table.

Drake décline ma proposition de le servir, sans un mot. Il se contente de se lever pour me le faire comprendre. Très bien. Je n’insiste pas. Je ne suis pas sa mère, après tout. S’il veut se débrouiller tout seul, libre a lui de le faire. D’ailleurs, je ne m’en offusque absolument pas. Au contraire, je pars aussitôt en direction du buffet pour prendre place dans la file d’attente, moins longue que celle d’hier. Lorsque j’y suis, la main du boxeur se pose dans le creux de mon dos. Je ferme brièvement les yeux à ce contact. C’est déstabilisant. C’est étrange, aussi. Avant il m’apaisait directement, comme s’il pressait délicatement sur la terminaison nerveuse gérant mon état émotionnel. Maintenant l’effet ne semble plus efficace. Je m’en interroge presque sur la raison quand vient mon tour d’être servie. Je n’ai pas très faim. Je n’ai même pas prit la peine de repérer ce qui serait susceptible de me plaire. Hum… J’opte pour du poulet au curry servi sur un lit de riz et de légumes revenu dans l’huile d’olive. La portion est trop généreuse à mon goût, mais qu’importe. Je m’empare de ce qui m’intéresse le plus, le verre de vin rouge qu’on me propose. Ensuite, je retourne à la table où je dépose le tout avant de m’asseoir sur la chaise. Mon premier réflexe est de terminer mon verre de champagne, cul-sec. Le couple n’est plus là pour le moment pour m’observer. J’en profite pour gouter le vin, plus qu’il ne le faut. Il est parfait. Je pourrais presque me contenter que de ça. Or, si je ne mange rien, je sais que je vais très vite être pompette. Je m’empare donc de ma fourchette pour picorer quelques morceaux de ci de là. A coté de Drake qui vide son assiette comme si nous faisions un concours du plus gros mangeur, je donne l’impression de ne rien manger. Ce qui est le cas, vous me direz. Je ne touche presque à rien en comparaison aux deux autres femmes de la table. D’ailleurs, elles me font la conversation. Je sourie en songeant que Jane s’intéresse à moi uniquement parce que l’autre couple est absent. Il me manque tout d’un coup, bizarrement. Je les trouvais très charmant. Enfin. J’abandonne vite mes couverts sur la table. Mon assiette n’est même pas entamée de moitié. Cela soulève la curiosité de Lucy. Je prétexte la fatigue, à nouveau. Je lui explique que lorsque c’est ainsi, j’ai très peu d’appétit. Elle acquiesce simplement, en souriant. Peut-être que je suis une piètre menteuse, qu’elle a compris que c’était autre-chose qui me nouait l’estomac, et je m’en fiche totalement. Je ne suis pas ici pour parler de tout ça. Je suis ici pour m’amuser. Je me dis qu’un peu plus d’alcool pourrait m’aider tandis que je termine d’une traite mon vin. Drake me propose pile au bon moment un verre.

_ Oui. La même chose que toi.

Je lui réponds simplement, en le regardant à peine. Je sais qu’il va se commander quelque chose de fort. Les voyages c’est aussi utile pour découvrir les petits plaisirs de l’autre. Je sais donc que ce qu’il va me ramener suffira déjà à me mettre un peu plus d’humeur joyeuse. En attendant son retour, je continue de parler avec celles partageant notre table. Je m’intéresse à leur histoire. De la rencontre à la demande en fiançailles, je n’en perds pas une miette. C’est génial de ce dire qu’il existe des histoires d’amours comme celle-ci, ou comme celle de Brendy avec sa magnifique italienne. Tiens, ça me fait penser que je n’ai pas postée la photo de ma tenue sur instagram. Il faut impérativement que je le fasse avant que je l’oublis définitivement. Je glisse ma main dans la poche de Drake dès qu’il est de retour avec les deux verres de Whisky.

_ Je reviens. Je l’informe avant de préciser à Jane, courtoisement. _ Je te l’emprunte deux minutes.

Je devais demander à Drake de faire la photo mais, à la réflexion, je préfère ne pas l’ennuyer avec ça. Lucy fera parfaitement l’affaire en tant que photographe. Elle me suit sans hésiter, main dans la mienne, à la recherche d’un endroit où la lumière serait parfaite. Quand nous la trouvons, l’organisateur reprend la parole au micro. Je soupire, exaspérée. La fiancée se met à rire.

_ Ce n’est pas grave, on va faire avec. Regarde-le. Elle me positionne comme je le faisais du temps où je bossais en tant que photographe professionnelle. Lorsqu’elle estime ma position « naturelle », elle s’empare de mon téléphone pour prendre le cliché. _ Regarde-le.

Elle me fait signe de la main. Je serre un peu les mâchoires, contrarié. Résultat : j’ai une photo où je fais la tête avec d’autres invités autour, et je n’ai même pas entendu un seul mot du discours qui vient d’être énoncé. J’espère que ce n’était pas une information importante. De retour à table où Jane et Drake nous attendent, je poste ma photo sur instagram. J’espère que Brendy et Anna ne prêteront pas attention à ma moue, sinon je suis bonne pour des questions à mon retour. Je sais. J’ajoute un commentaire se voulant drôle, et dont j’ai le secret, pour les en détourner. J’espère que cela suffira. Une fois que l’application a bien mit en ligne l’image, je glisse mon téléphone dans la poche du veston de Drake.

_ Merci.

Je lui fais en levant mon verre de Whisky, un fin sourire aux lèvres, en sa direction. Sitôt, je le vide d’une traite. Lucy éclate de rire.

_ Quel descente !

Il est fort. Je grimace un peu tout en reposant le verre vide à même la table. J’éclate de rire avec elle. Non. Ce ne sont pas les effets de l’alcool, encore. C’est juste que je la trouve amusante. J’ai presque envie de garder le contact avec elle. Pourquoi je ne lui demande pas son numéro ? Parce que je sens que Jane n’a pas appréciée que je lui emprunte sa fiancée pour la petite séance photo improvisée. Je ne tiens donc pas à ce que Lucy subisse une scène de jalousie par ma faute. Surtout que je ne suis même pas lesbienne. Tiens, l’homme à côté de moi est toujours silencieux. On aurait bien besoin d’une seconde tournée pour nous décoincer tout ça.

_ Je m’en reprendrais bien un, ça ne te tente pas ?

C’est une invitation que je lui lance, la main posée sur sa cuisse, toute souriante, tandis que ma bouche est non loin de son oreille. Je croise son regard lorsque je recule un peu mon visage. Allez Drake, laissons le démon ambrée nous aider à fêter dignement ta victoire.

Je reviens avec les deux verres de Whisky. Je suis à peine en train de m’assoir que j’arrête net mon geste en sentant la main de Lexie s’engouffrer dans mon veston et récupérer son téléphone. Je la laisse terminer son action sans une protestation puis je retrouve ma place alors que la blonde décide de partir avec Lucy. Je ne les observe même pas alors qu’elles s’éloignent de nous. Je porte mon verre à mes lèvres en silence. « Qu’est-ce qui te contrarie, Drake ? » Me demande Jane. Je n’avais pas oublié sa présence à notre table mais je pensais sincèrement qu’elle n’allait pas profiter de l’occasion pour discuter. Je relève mon regard vers elle. « J’ai commis une erreur. » Je dis simplement. Elle ne cherche pas à ce que je lui nomme laquelle. Elle sait que je vais demeurer évasif. « Une irréparable ? » Elle demande donc, me souriant légèrement. « Peut-être. » Je réponds en recommençant à boire. La conversation s’arrête là, avec le regard soucieux de la sœur de Mark. Les deux autres demoiselles reviennent à ce moment-là, alors que nous avons rétablis un silence entre nous. Lexie est penchée sur son téléphone alors que Lucy vient s’appuyer avec affection la tête contre celle de sa conjointe. Je ne bronche même pas lorsque le téléphone est remis dans la poche de mon veston. Je me contente de garder mon verre levée et de boire avec une certaine rigidité. Lexie ne semble pas le remarquer, ce qui me fait me questionner sur son propre état. Je la regarde du coin de l’œil alors qu’elle vide son verre d’une traite. Ce n’est pas ainsi que l’on apprécie le bon whisky. Je me souviens de son verre non alcoolisé au restaurant à notre arrivée. Elle n’a définitivement pas l’habitude de boire spontanément. Pourquoi ce soir c’est différent ? Lorsque je termine mon propre verre, le regard de la blonde est sur moi. Je croise ses prunelles. Il y a une sorte de lueur de défi à l’intérieur. Ce n’est pas la première fois que je la vois dans son regard. Elle veut une seconde tournée. Elle a mis sa main sur ma cuisse. Elle a rapproché son visage du mien. Qu’est-ce qu’elle tente de faire ? Elle veut me séduire ? Je la fixe de longues secondes avant de me lever et de me diriger vers le barman à nouveau. En me revoyant si vite, il ne fait pas de commentaire mais anticipe plutôt ma seconde commande. Je le récompense d’un pourboire encore plus généreux. Je reviens à notre table sans rencontrer personne qui souhaite m’arrêter. Je retrouve ma chaise et donne à Lexie son verre. Dans mon dos, la musique résonne à nouveau comme hier. Sauf que cette fois, je ne me lève pas dès que je l’entends. Le DJ sera tout aussi populaire pour faire danser les célébrités et leurs accompagnateurs. Mais pour le moment, je demeure sagement à ma place. Ce n’est pas le cas du couple devant nous qui se lève ensemble et se dirige vers la piste de danse. Cette fois, la situation est inversée. C’est moi et Lexie qui sommes abandonnés à la table. J’en suis déjà à la moitié de mon verre de whisky lorsque je sens le téléphone de la blonde vibré contre mon torse. Je ne fais aucun commentaire. Elle ne l’a pas entendu à cause de la musique. Il m’est difficile d’ignorer Lexie à présent que j’ai appris à apprécier sa proximité et son contact. Sauf que l’erreur que j’ai commise avec elle doit être réparée d’une façon ou d’une autre. Si cela implique de remettre une distance entre nous, alors c’est ce qui doit être fait. C’est pour cela que je m’obstine à ne pas la regarder. Que je ne lui fais même plus la conversation. Je suis coincé entre mon désir d’être avec elle et celui de la fuir. Cette soirée sera définitivement un désastre à cause de cela. Je cale le reste de mon whisky avant de me relever sans rien dire. Je vais nous chercher une troisième tournée.

Drake maintient mon regard quelques secondes, sans bouger. Je sourie d’avantage. Pourquoi ? Parce que je commence à le connaître moi aussi, et je sais qu’il est entrain de m’analyser. Du moins d’essayer car, s’il est capable de voir beaucoup de choses chez moi, il est incapable de voir les plus essentielles. Ah moins qu’il refuse consciemment de les observer, peut-être. Cet homme est toujours autant un mystère à mes yeux. Je crois que tous les séjours au bout du monde ne me permettront jamais de savoir ce qui se passe réellement au creux de sa cervelle. Cela me donne une raison de plus de boire. D’ailleurs, s’il refuse de m’en offrir un second, je n’hésiterais pas à aller me le chercher moi-même. Cela nécessitera un petit détour à notre suite au quatrième pour récupérer mon argent, sans doute, mais cela ne m’arrêtera pas. Je sais dans quel poche de son veston se trouve la carte magnétique. Je n’aurais aucune gêne à y glisser ma main pour m’en accaparer. Pas uniquement parce que Drake ne sera pas un obstacle en soi, non. Je n’aurais aucune gêne pour la bonne raison que j’ai dépassée ce stade, maintenant. Enfin, le détour par la suite n’est pas à prévoir, heureusement. Drake se lève pour retourner au bar. Il revient une minute plus tard avec nos deux verres. Je m’empare de celui qu’il me tend, évitant soigneusement le contact de nos doigts. Je ne le remercie pas. Je porte directement ce dernier à mes lèvres pour avaler une grande gorgée du démon ambrée. Mon palais apprécie plus le goût que précédemment. C’est un excellent Whisky, d’ailleurs. Ne vous emballez pas, je ne me prétends pas être une experte en la matière. Alors que je pose le verre sur la table, le DJ commence à mettre l’ambiance. Je regarde aussitôt le boxeur. Il ne bouge pas. Je soupire, de déception. Ensuite, je me console en buvant une nouvelle gorgée d’alcool. Inutile de compter sur Lucy pour m’aider à faire abstraction de tout ceci, elle rejoint aussitôt la piste de danse avec sa compagne.

_ Formidable.

Je marmonne pour moi-même. Impossible que Drake l’ait entendu. La musique est beaucoup trop forte pour le lui permettre. Je soupire, exaspéré. Je suis mitigée entre l’envie de récupérer cette fichue carte magnétique pour rentrer me coucher, et celle de boire jusqu’à ce que je ne puisse définitivement plus penser. J’observe au loin les danseurs, avec amertume. Finalement, c’est l’alcool qui l’emporte. Je termine mon verre, décidé à m’en procurer un autre rapidement. Comme si le boxeur lisait dans mes pensées, il se lève pour retourner au bar. Je le surveille au lointain. Je n’ai aucune garantie qu’il va revenir avec le petit frère de second cadavre. J’obtiens la réponse à son retour, uniquement. Le même scénario se reproduit, presque à l’exactitude. Je prends le verre qu’il me destine, avant d’en savourer le contenu d’une traite. On dirait presque Lana lorsqu’elle prenait son biberon, toute petite. Je rie à cette image. Enfin. On dirait que les premiers effets se font sentir. J’ai envie de danser, de m’amuser. Je regarde Drake aussitôt. Je songe à l’inviter brièvement puis, quand je constate qu’il ne me prête même plus attention, je décide de tirer un trait sur cette idée. Je fuis la table pour la piste de danse, que je rejoins. Je refuse de pleurer pour lui, il ne le mérite pas. Je m’offre donc à la musique qui m’ouvre ces bras immédiatement. Je danse en rythme, me fondant dans la foule pour oublier que ce soir je suis douloureusement seule. J’aperçois au loin le couple de notre table. Il danse un peu en retrait. Je détourne immédiatement le regard. Leur complicité me fait mal. Leur amour, même. Je refuse que ce mal me ronge. Particulièrement en cet instant. C’est la fête, merde ! On devrait célébrer sa putain de victoire, pas se faire la tête ! Non. Ne pense pas à lui. Danse. Je ferme les yeux. Je tourne sur moi-même, ondulant en rythme. Je bouge en même temps ma tête dans tout les sens. Je chantonne sur des musiques que je ne connais pas pour ne penser qu’à celles-ci. Je me sens presque bien, comme isolé du monde qui m’entoure. Quand soudain, une main se saisit de la mienne…

Lexie vide à nouveau le verre de whisky que je lui apporte. Je ne fais rien. Je me contente de tenir le mien, sans y toucher. Qu’est-ce qui pourrait expliquer qu’elle cherche à se saouler ? Il y a bien moi, mais c’est trop évident. Quoique ce qui nous parait tellement évident est bien souvent la clé du problème. Pourquoi elle s’en fait encore à ce point pour moi ? Ce n’est pas une seule erreur que j’ai commise durant ce voyage. C’est des dizaines. Chaque main sur sa peau, chaque contact. Elle n’était pas prête à les recevoir. J’ai été trop vite. Comment ralentir ce qui est en mouvement ? Le forcer à freiner déjà. Donner à Lexie de l’alcool aggrave considérablement son état. Je vais devoir faire une croix sur cela dès à présent. Ensuite, quoi d’autre ? Je la regarde, comme si elle allait me révéler ce qu’elle veut au fond. À la place, elle se lève. Elle va danser sur la piste. Je reste assis, le dos tourner à ce spectacle. Si elle avait voulu de ma présence, elle m’aurait invité. Je souris tout en prenant une gorgée de mon whisky, finissant mon verre. La chaise à côté de moi est bougée et je tourne la tête pour voir qui prend place a à peine quelques millimètres de moi. Dave Kerry. Tiens. Il a un verre de vin rouge à la main. Il a une mine de mort. Il se permet un tel rapprochement parce qu’il a trop bu, j’imagine. Je ne cherche pas à m’éloigner. Son bras vient s’abattre lourdement sur mes épaules et il soupire. « Tu as assuré aujourd’hui, petit. » Il me dit, la voix un peu déformée par l’alcool. Je me sens trop amer pour ne pas saisir la balle au bond. « Tu m’as laissé gagner. » Kerry ne réagit d’abord pas. Il demeure longtemps à fixer le mur en face de nous. « Tu le méritais. » Il soupire ensuite, buvant de son vin. J’hausse les sourcils, me tournant vers lui. Il ne pense pas vraiment ce qu’il dit. « Je ne le méritais pas plus qu’un autre. » L’acteur rit. Un rire désagréable, rien à voir avec le truc charmant qu’il offrait à la presse. Son bras resserre un peu plus mon cou. Je devine qu’il y ait de la jalousie dissimulé quelque part. Il est aussi facile à lire qu’un panneau de néon lumineux. C’est écrit en très grosses lettres, même. « Tu sais, gamin, j’ai entendu ta copine t’appeler « champion » environ dix fois depuis le début de cet évènement de charité. Elle t’admire comme si tu étais le seul qui pouvait décrocher des scores parfaits, atteindre les plus hautes marches des podiums. C’est bien d’avoir autant de fans que toi. Des fans qui se pissent dessus en te voyant. Toi, le grand Liam Drake. Oh, tu verras que ce n’est pas toujours la vie parfaite avec toutes ces fans. Ta groupie, je paris que tu te la fait, d’ailleurs. C’est bien. Profite-en. Même si je vois qu’elle t’a abandonné pour un autre p’tit con qui aimerait s’y frotter. » Il regarde vers la piste de danse. Je ne réagis à aucune de ses provocations. Je discerne évidemment la jalousie dans son discours, mais bien plus. De l’envie. Il cherche à me prendre quelque chose que j’ai et à pour le coup m’avertir de cette possessivité. C’est gentil de sa part. « Est-ce que c’est pour ça que tu es en instance de divorce ? » Je demande. Il a marié une groupie si je me souviens bien. Il écarquille les yeux au point que j’ai l’impression que ses globes oculaires ont doublés de grosseur. Il pourrait me frapper. Je sens qu’il a envie de le faire. Sauf qu’à la place, il vient me taper dans le dos avec son bras déjà en place. « Belle victoire, Drake. » Il se lève en chancelant et marche ailleurs. Ma question était légitime. Je ne crains donc pas qu’il revienne armé d’une bouteille de whisky pour me l’éclater sur la tête. Kerry est en état dépressif. Il boit pour oublier. Je fronce les sourcils. Je me retourne vivement vers la piste de danse. Je vois Lexie qui marche vers notre table avec un verre de champagne à la main. Elle semble fâchée. Je la laisse s’approcher. Je l’observe caler cet alcool supplémentaire. Je garde mes yeux sur elle. J’attends qu’elle me regarde avant de m’exprimer. Elle est en parfaite synchronisation avec l’arrêt de la musique entre deux chansons, m’évitant de crier mes paroles. « Tu m’en veux parce que je n’ai pas essayé de faire plus dans la chambre. » Il ne s’agit pas d’une question. C’est un fait que je viens d’établir. À quel point elle m’en veut, ça reste à déterminer. Du coup, l’erreur que j’ai commise n’est pas celle que je pense selon elle. Le truc c’est qu’aujourd’hui n’est pas le jour où je dois l’embrasser. Essayer d’expliquer ça à une femme saoule est aussi productif que d’effacer ce que l’on écrit à mesure. Ce n’est pas ce soir que la question pourra être réglée, j’en ai peur.

J’ouvre les yeux. La main n’appartient pas à Drake, hélas. Cela aurait put être plaisant toutefois mais… je me suis encore fourrée le doigt dans l’œil en voulant y croire le temps d’un battement de paupière. Merde. Combien de chute va t’il encore me falloir pour que j’accepte la réalité ? Combien de désillusion je vais me prendre comme des claques à la gueule pour saisir le message ? Des dizaines ? Des centaines ? Putain que je suis pathétique comme fille, finalement. Rhââ. Je m’agace. Et lui aussi, là. Cet imbécile qui s’imagine que je vais danser avec lui parce que je suis seule sur la piste. Plutôt crever. Je récupère ma main violemment avant de reculer. Je percute quelques danseurs dans la foulée. Je ne m’excuse pas. Pourquoi faire ? Je ne reverrais plus aucune de ces personnes dans quelques heures. De plus, je n’ai pas la peur de salir l’image du grand Liam Drake puisque son aura brille par sa magnifique victoire de cette après-midi. Je ricane, mauvaise. Tu parles d’une victoire. Quand on le regarde, on dirait qu’il est arrivé dernier de la course. Pffff. Un vrai casse tête ce mec, j’ai dis. Jamais je n’arriverais à le comprendre, qu’importe le rôle que l’on me donne dans sa vie. Je croise un serveur avec un plateau rempli de coupes de champagne. Je m’en saisie d’une sur mon passage, sans hésitation. Le mec essaye de me faire comprendre quelque chose mais je suis déjà trop loin pour comprendre ce qu’il dit. J’imagine qu’elle ne m’était pas destinée, à la base. Tant pis. Maintenant elle m’appartient et je compte bien l’ingurgiter totalement. Cependant, j’attends d’être à table pour ce faire parce que ça commence à bouger dans tout les sens autour de moi. Je suis certaine que c’est de la faute de la danse. J’ai trop tourné la tête au rythme de la musique. Il faut juste le temps que mon cerveau refasse la mise au point. Je laisse mon fessier tomber sur le siège de la chaise. Aaaah. Là, c’est mieux. Je m’enfile direct le champagne, sans me préoccuper de mon voisin de table. Le verre claque sur cette dernière. C’est moi où Drake m’observe ? Hum. Non, ce n’est pas moi. Il m’observe réellement. Je fronce les sourcils, brièvement. Ensuite, j’écarquille les yeux à l’affirmation qu’il me lance au visage, entre deux chansons. J’hoche négativement de la tête en riant.

_ Nooon. Il est fou, lui. Comme si je pouvais faire la tête pour ce genre de connerie, franchement. Oh que oui. _ J’m’en tape complètement que tu t’sois dégonflé Drake. Je ricane, passablement mauvaise, à ces mots. _ J’vois pas pourquoi tu m’en parles d’ailleurs. Non. J’vois pas pourquoi tu m’causes soudainement. Continue à rester dans ton p’tit coin et laisse moi m’éclater.

Je m’appuie sur le rebord de la table pour me lever. Putain, ça tourne. Je suis mitigée entre l’envie de rire, de pleurer, ou d’hurler. J’ai plus les idées très claires mais je sais que je n’ai pas envie de rester avec lui. Je refuse qu’il me fasse du mal. Je me mets en quête de rejoindre la piste de danse or je n’arrive clairement plus à marcher droit. Je sens qu’on me retient de tomber. Je donne un coup de coude pour qu’on me lâche. Qu’importe qui veut me paterner, je n’ai pas besoin d‘aide. D’ailleurs, je me fiche totalement de savoir a qui appartiennent ces bras qui m’empêche de partir. Je veux danser.

_ Putain lâche-moi, bordel ! Je grogne. _ Je veux danser ! Je n’ai aucune force pour lutter. Merde. Je sais quel mec est aussi fort contre moi. Tout d’un coup, ça me fait comme un bref éclair de lucidité. _ T’es pas mon père Drake ! Fous-moi la paix ! Tu m’entends ?! Laisse-moi tranquille !

Je lui hurle. Ma voix est bien évidemment couverte par la musique, assourdissante. Je suis à deux doigts de faire un caprice avec des larmes en prime, comme une enfant. Vraiment, hein ! Pourquoi il ne veut pas que je m’amuse à la fin ?! Je ne fais rien de mal !

Argumenter avec elle est devenu impossible. J’ai trop tardé avant de comprendre. J’ai surtout alimenté le démon dont aimait tant nous rabattre les oreilles Roy. Lexie est en état de détresse et je l’ai ignoré jusqu’à le réaliser en retard. Je vais décidément regretter cette soirée longtemps. Elle est saoule. Je devine que c’est récent puisque dès qu’elle se lève sa difficulté de déplacement ne lui aurait pas permis de se trémousser sur une piste de danse. Elle a but la même quantité d’alcool que moi, ce qui est un fait. À l’exception d’un peu de champagne. C’est tout simplement parce que son corps n’a pas l’habitude de gérer l’alcool. C’est une évidence alors que je porte mes mains solidement sur sa taille pour la retenir de tomber. Pire encore, je me sens responsable de Lexie. De sa condition actuelle avant et après avoir consommé de l’alcool. Je suis en charge d’elle d’une certaine manière. J’ai promis à Brendon et à elle de le faire, si l’on peut dire. Je me suis surtout promis à moi-même de veiller sur elle. J’ai clairement échoué à cette tâche ce soir. Je ne perds donc pas un instant supplémentaire. Je retiens la blonde par la taille. Je la soulève tel et sac de patates et la retourne au passage pour qu’elle tombe le ventre sur mon épaule. Je la retiens sans mal de glisser de là. Je commence à quitter la salle en longeant l’un des murs. Je profite des festivités pour cacher notre fuite comme Lexie proteste violemment. Je ne compte pas la lâcher avant d’avoir atteint la chambre. Nous débouchons dans le hall d’entrée après avoir filé dans le couloir grâce à mes pas rapides. Je me tourne vers le réceptionniste qui est différent à chaque passage. « Trop d’alcool. » Je lui dis simplement pour justifier ma mesure de transport drastique. Je marche d’un pas inébranlable jusqu’à l’ascenseur. Même dans celui-ci, je la garde coincé sur mon épaule, me tenant en plein centre pour ne pas qu’elle puisse atteindre les parois avec ses mains ou ses pieds. Je sors au quatrième étage. Je profite d’un bref moment d’inactivité de sa part pour d’un geste précis me saisir de la carte magnétique. Je déverrouille la porte de la chambre. Même d’une main, je parviens à la maîtriser sans mal. Peu importe ses protestations et ses gestes pour se libérer, je la garde contre moi. Je ne la laisse pas filer tout de suite une fois dans la chambre. Je me dirige vers la porte du balcon que je verrouille puis fait glisser le rideau pour en faire un obstacle. Je fais de même avec la porte de la salle de bain que je ferme et je pousse du pied le meuble à proximité devant. Je ferme la porte de la chambre et je mets un autre truc devant. Je viens ensuite déposer Lexie sur le lit, non sans douceur puisque sa position ne me le permet pas. Je contourne le lit et enfin de ferme les rideaux. Pourquoi tout ce manège ? Pour la contraindre à rester sagement ici. Si elle cherche à fuir, je vais me faire un plaisir de la rattraper. Autant de fois que nécessaire. On sait déjà lequel des deux est le meilleur sprinter. Boxeur aussi. Je sais prendre des coups. Je vais m’assoir sur la chaise présente dans le coin à côté de ma valise. Elle ne veut pas m’entendre parler, pas de problème je n’ai pas l’intention de le faire. Elle à envie de vomir ou d’uriner dans le lit, ce ne sera pas la première fois que j’en ramasse. Si elle tente de se saisir de son téléphone portable dans ma poche, je vais le détruire sous ses yeux. Si elle veut pleurer ou crier, qu’elle se fasse avec plaisir. Il n’y a rien qu’elle puisse me faire que je n’ai pas déjà supporté cent fois par le passé. Ce n’est pas parce que je suis dans un complet chic que je ne vais pas me salir les mains si elle décide de me faire payer pour m’être « dégonflé » apparemment. Je ne suis pas celui des deux qui donnait librement de l’affection à l’autre, si je me souviens bien.

Tout va très vite. Je n’ai le temps de réagir à rien que déjà je me retrouve sur son épaule, solidement maintenu. Je n’apprécie pas ces manières. Je ne suis pas un vulgaire sac de pomme de terre. De plus, je veux danser. Merde. Ce n’est pourtant pas compliqué à comprendre, ça. Je veux m’amuser, me défouler, et j’entends bien lui faire assimiler. Je commence d’abord par le frapper dans le dos à l’aide de mes poings, de mes coudes. J’y vais de manière répété, régulière, même si ça ne fonctionne pas des masses. Non. En faite ça ne marche même pas du tout. Drake m’emmène avec lui. Je vois la piste de danse s’éloigner de plus en plus. Je tente de me raccrocher à n’importe quoi pour l’empêcher de nous faire quitter cette putain de salle de réception. Or, c’est un échec cuisant. Il n’y a aucune prise, nul part. J’arrive juste à faire griffer mes ongles contre le mur qu’il longe. Lui ordonner de me lâcher est inutile. Il fait la sourde oreille. Je reprends donc mes coups en poussant des cries de rages, des injures. Je m’entends même lui promettre de l’étriper pour tout ça. Pfff. Comme si j’allais l’effrayer, tiens. (Rires sarcastiques) Comme si j’allais y parvenir, surtout. Même bourrée je me rappelle bien de mon pourcentage de chance de le mettre K.O : zéro. Je suis sur le point d’abandonner quand on croise le mec de la réception. Il est ma chance. Je tends les mains en sa direction tandis que Drake lui dit que j’ai trop bu. Je râle, aussitôt.

_ Je n’ai pas trop bu bordel de merde ! Je retiens un rot en plaquant ma main sur ma bouche. Il va me filer la gerbe à force. Il faut que je descende de là. _ Hey mais faites quelque chose, là !  

Le réceptionniste ne bouge pas d’un poil. Merde. Je m’agite de nouveau en signe de protestation. Je refuse que cela soit si simple. D’autant plus dès que j’entends le ding de la porte de l’ascenseur.

_ Non !... Non !... Non !...

Je tends les bras pour tenter de m’accrocher aux portes lorsque nous y entrons, c’est un bide. Je tends les bras pour tenter ne serais-ce qu’en toucher les parois, c’est un bide également. Rhââââ Drake. Je grogne de rage. Là je n’ai plus envie de m’amuser mais d’hurler. Ce que je fais. Je me montre particulièrement originale dans le choix des insultes qui filtrent mes lèvres, au passage. Putain. Il me fait chier, sérieusement. J’ai passée l’âge de demander la permission à quelqu’un de boire, de danser, ou même de chanter. Je soupire à mon nouvel échec de retenir la porte de l’ascenseur. De toute façon, je m’en fiche. Je lui échapperai. Dès qu’il sera occupé à autre chose, je me faufilerai pour rejoindre le gala. Il ne va pas pouvoir me garder éternellement dans ces bras. Déjà, il en a besoin d’un pour ouvrir la chambre. Je gigote dans tout les sens pour essayer de lui échapper. Il resserre son emprise. Aïe. Quel brute ce mec. Je file un énième coup de coude dans le dos en représailles. Je retiens un nouveau rot tandis qu’il fait le tour de la suite. Il est sérieux, là ? Il Compte me séquestrer ou quoi ?

_ Arrête merde à la fin !... lâche moi !

Parle à mon cul, ma tête est malade. Drake continue de bloquer toutes les issues possibles de cette suite, y compris la chambre où ils nous enferment. Enfin la délivrance. Il me dépose dans le lit où je me recule aussitôt pour qu’il ne puisse plus me toucher, en le fusillant du regard. Il ferme les rideaux puis prends place sur une chaise d’où il m’observe. On dirait un putain de maton de taule. Je ne suis pas Adriel, merde ! Je n’ai commis aucun crime sauf celui de vouloir m’amuser ! Je le déteste de m’en interdire. Je lui fais comprendre en lui jetant violemment mes escarpins qui atterrissent tous deux contre le mur derrière lui.

_ T’es un putain de cinglé, Drake ! Je grogne en défaisant férocement ma coiffure. _ Je voulais juste danser et toi tu m’fais tout ce cirque pour quelques verres d’alcool ! J’suis pas bourrée !

Je veux lui prouver en quittant le lit mais je ne parviens juste qu’à me casser la gueule, royalement. La réception sur mes genoux est douloureuse, d’ailleurs. Je me mets à pleurer rien que pour ça. Comme une gamine venant de tomber de sa bicyclette. Puis lorsque cela ce calme, je me relève péniblement à l’aide du matelas.

_ Je n’ai pas demandé ça !… je lui souffle, déboussolée. _ Je voulais qu’on fête ensemble ta victoire et… Je le regarde, les yeux brouillés de larmes. _ T’as fais que me faire sentir que j’étais de trop ce soir. Je m’effondre, assise sur le lit. _ T’imagines pas comme ça m’a fait mal, Drake. Comme à chaque fois que tu me fuis ça me fait mal, là-dedans. Je tape doucement au niveau de mon cœur. _ Je suis désolé d’avoir fait trop de câlin je… je me rendais pas compte que je dépassais des limites qui m’étaient interdites. Cela ce reproduira plus jamais.

Je m’allonge en position fœtale sur le lit, en larmes. Ça ne devait pas se passer comme ça.

Je l’observe en silence. Je sais que je n’ai pas le droit de la traiter de la sorte. De l’enfermer dans la chambre comme si elle venait de commettre un crime. Je baisse les yeux pour ne pas la voir se défouler enfin sur moi. Je ne bronche même pas alors qu’elle me lance ses talons hauts. Il claque contre le mur près de moi. Je l’entends s’effondrer au sol. Je ne peux pas supporter ce spectacle. Lexie n’a rien à voir avec elle. Je ne peux pas la materner comme ça. Ses pleurs me sont douloureux. J’enfonce mes doigts dans mes cuisses. Je garde obstinément la tête basse. Je ne peux pas rester calme en sachant que je viens de la rendre dans un tel état. Elle finit par se remettre sur le lit et je l’observe, le regard différent. Il est doux désormais, rempli de tristesse et d’excuses. Sauf que les mots sont incapables de franchir cette barrière que je me suis mise il y a des années. Je me retrouve donc à la merci de la réalité. Du désastre que j’ai commis. Elle est suffisamment lucide pour faire parler son cœur. Pour me transmettre toute l’émotion qui la déchire. Je savais que tout était de ma faute. Je ne me doutais juste pas que je lui avais fais de la peine à ce point. Comment me faire pardonner ? Puis-je seulement encore l’approcher sans déclencher plus de douleur ? Je soupire faiblement en fermant les yeux. « Ne t’excuse pas d’être ce que tu es, je t’en pris. » Je dis en inspirant profondément. Je ne peux plus rester assis de mon côté. Elle pleure en silence sur le lit. Je me lève et je m’approche en craignant presque de la faire paniquer si je vais trop vite. Je ne suis pas un cinglé comme elle m’a traité. Je suis juste inconscient de l’impact que j’ai eu ce soir. Que j’ai en général sur elle. Je laisse mon poids être absorbé par le matelas. Je glisse ensuite très lentement une main vers elle. J’ose caresser sa tête en douceur, replacer les mèches qu’elle a décidé de défaire si férocement. Je m’approche encore. Je viens au final m’assoir près de sa tête, posant une main sur sa joue bouillante et humide. Je l’essuie sans rien dire au départ. Les mots me font défaut ce soir. Je refuse que cela dur davantage. Ma voix est un murmure. « Je croyais avoir commis une erreur dans la chambre avant le gala. T’avoir blessé en répondant aussi sauvagement à tes câlins. Finalement, j’ai fais exactement le contraire de ce que je voulais en me braquant. Je suis désolé, Lexie. » Les derniers mots me font mal. Physiquement. Je porte une main à ma gorge en retenant un grognement de souffrance. Je déglutie difficilement, au point que c’est audible. J’expire mon mal en secouant la tête devant cette incompétence sociale que j’ai acquise à cause d’elle. « Ne jamais saluer. Ne jamais s’excuser. Ne jamais remercier. » Je récite en fermant les yeux. « C’est la stupide promesse que je me suis faite le jour où elle est morte. Parce qu’elle ne disait plus que cela à la fin. Encore et encore et encore. Et ça m’a rendu cinglé, il faut croire. Elle m’a rendu cinglé. Jeffrey était le seul exception. » J’ouvre les yeux, observant le mur droit devant. « Pourtant, je devrais être plus intelligent que la moyenne. » J’expire en riant. « Ce médecin l’a dit à mon père, qui l’a dit à Roy, qui l’a dit à Sophie, qui croit toujours dure comme fer que je le suis. Quelle connerie ! » Je caresse nerveusement la joue de Lexie à présent. « Mon père n’a sourit qu’une fois dans sa vie et c’était quand on lui a annoncé que son fils unique ne serait pas aussi attardé que sa mère. » Je commence à lutter contre des larmes. « Il y a toujours une chance sur quatre que j’en produise un. Jessie s’en foutait. Comment on peut s’en foutre ? Comment ? » Je marque une autre pause. Je finis par gagner contre les larmes. Mon murmure continue. « Si j’étais si intelligent que l’évaluation le prétend, j’aurais vu que je te rendais malheureuse au lieu d’aggraver la situation encore plus en te donnant tout ce whisky. » Je cesse de bouger ma main sur sa joue. Je soupire encore une fois. Je baisse la tête et je reste juste là à me répéter sans cesse les mêmes mots de Lexie : Je n’ai pas demandé ça. Moi non plus.

Drake me prie de ne pas m’excuser d’être ce que je suis. Je ne comprends pas pourquoi. Je suis un véritable désastre ambulant. Ce soir tout particulièrement. Je voulais qu’il profite de sa victoire en s’amusant et… Tout ce que j’ai provoqué c’est... Ça. Cette catastrophe. Il devrait être au gala à s’amuser à l’heure qu’il est ; pas cloitrer ici dans cette chambre à me regarder pleurer… Encore. Je soupire douloureusement à ce constat. Je pleure même d’avantage à l’idée qu’il doit certainement être entrain de regretter tout ce qu’on a vécu, ici. C’était pourtant génial, avant. Je me sentais tellement heureuse, tellement… Complète. Ça va être dur de me relever de tout ça, demain. Je sais, j’ai l’air étrangement lucide avec l’alcool qui noie mon cerveau mais… ce n’est qu’une impression. Au réveil je ne me souviendrais plus de tout ce qui se passe présentement. Je n’aurais qu’une belle migraine avant d’avoir seulement des brides de souvenirs au cours des heures qui suivront. Ça me tue de savoir que cela ne sera pas qu’un cauchemar. Que lorsque je serais de nouveau sobre, j’aurais connaissance de ce gâchis ainsi que de ces conséquences. Car c’est évident, je ne ferais plus partie de son équipe. Comment pourrais t’il vouloir s’entraîner avec une personne comme moi, si égoïste. Je cache mon visage à moitié dans la couette, toujours plus dévastée. Je me maudis de l’obliger à assister à tout ça. Je suis à deux doigts de lui demander de partir, de me laisser seule. Après tout, je ne suis un danger pour personne, actuellement. Pas même pour moi. Surtout dans cet état, j’ai envie de dire. Je vais pleurer comme ça jusqu’à l’épuisement le plus total puis, si je me lève pas pour vomir tout le contenu de mon estomac, il est fort probable que je m’endorme comme une merde en robe. Pathétique. Le mot doit être faible pour que j’en ai conscience. Tout d’un coup, le matelas bouge sous le poids de Drake. Je n’ai même pas entendu ces pas sur la moquette. Sa main ce dépose sur ma tête, pour la caresser. Je sursaute brièvement avant de me sentir rassurer, apaiser. J’adopte une respiration plus calme. Le flot de mes larmes diminue considérablement. Je me sens presque bien. Toujours triste, mais bien. Drake sèche mes larmes, silencieusement. Je desserre l’emprise de mes poings sur la couette. Sa voix parvient à mon oreille à ce moment là, dans un murmure. Je l’écoute attentivement. Il me confit qu’il pensait avoir commit une erreur en répondant si sauvagement à mes câlins. Je crois être victime d’une hallucination à cause de l’alcool que j’ai ingurgité. Il ne peut pas réellement revenir sur ces propos de cette après-midi. Il ne peut pas s’en excuser c’est... impossible. Je refuse donc de le croire jusqu’à ce que j’entende Drake déglutir bruyamment. J’ouvre les yeux pour le regarder. Je le vois à peine à cause des larmes qui brouille ma vision. J’essaye de corriger cela en les frottant. Ce qui n’est pas très concluant. Drake reprends la parole. Je comprends à peine ce qu’il me raconte, dans mon état. Il parle d’une stupide promesse qu’il s’est faite. D’une Elle qui saluait, s’excusait, et remerciait encore et encore en fin de vie. Cela l’a rendu dingue, à force. Dingue au point qu’il ne fasse plus lui-même cela à l’exception de Jeffrey. Il me faut quelques secondes pour me rappeler qui est ce fameux Jeffrey. Ensuite, je dépose ma main dans le bas de son dos. J’espère parvenir à lui apporter le réconfort qu’il m’apporte en caressant ma joue. Drake me confit qu’il devrait être plus intelligent que la moyenne. Cela le fait rire, amèrement. Enfin je crois. C’est un médecin qui l’a dit à son père, qui l’a répété à Roy, qui l’a lui-même partagé à Sophie. Ça fait beaucoup de choses à comprendre, pour moi. J’ai plus la faculté actuelle de faire les bonnes déductions, tirer les bonnes conclusions. Pour être claire, je me sens incroyablement stupide. Je pourrais presque rire bêtement si je ne me sentais pas aussi triste pour moi, pour lui. Il dit qu’il n’est pas intelligent. Comment peut t’il ? C’est un homme brillant. Il est capable de grandes choses, et pas uniquement sur le plan sportif. Il n’a pas le droit de le nier. Je ne l’interromps pas pour lui signifier, toutefois. Je me contente de caresser son dos avec douceur tandis que je comprends enfin qui est Elle : sa mère. Il aurait pu être comme elle mais ce n’est pas le cas. Il a hérité d’une grande intelligence faisant la fierté de son père, qui n’a sourit qu’à cette occasion. Seulement, il y a des risques que ces enfants n’aient pas cette chance. Ça le révolte que Jessie s’en fichait. Il ne comprend pas comment on peut ne pas prendre le risque avec aussi peu de considération. Je me retiens de dire que vouloir donner un enfant à l’homme qu’on aime ôte tout discernement. C’est un peu comme l’alcool, d’une certaine façon. Le désir de maternité ôte à l’esprit le pouvoir de réflexion. Ce soir je pourrais faire n’importe quoi, sans aucune pudeur, en me fichant bien des conséquences derrières. Drake en prend le blâme. Il prétend que son manque d’intelligence l’a poussé à me faire du mal en m’offrant tout ces verres de Whisky. C’est faux. J’ai bu en mon âme et conscience. J’ai refusé de faire les choses bien. J’ai préféré les aggraver en me réconfortant à grand renfort d’alcool. J’attrape sa main sur ma joue puis me relève, difficilement. J’ai la tête qui tourne. Je parviens péniblement à me mettre sur mes genoux, cependant. Je tire sur ma jupe d’une main pour qu’elle se décoince de dessous d’eux. Lorsque c’est fait, je bouge ma main dans la sienne de sorte de ne pas nous tordre le poignet, avant d’enrouler mon bras libre avec délicatesse autour de son cou. Je m’appuie contre lui, doucement. Mon menton se dépose sur mon bras. Ma bouche est à quelques centimètres de son oreille lorsque je lui souffle.

_ Je suis totalement bourrée, t’as raison. J’ai plus le cerveau pour réfléchir très clairement. Mais tu sais quoi ? Ce n’est pas grave. J’ai pas besoin de lui pour savoir que tout ce que je vais te dire est vrai. Je marque une pause. _ T’es très intelligent Drake. Tu l’as toujours été et tu le seras toujours. Je soupire. _ Depuis qu’on se connaît tu fais toujours tout pour moi… Et je me rends compte qu’en retour j’agis toujours comme une connasse. J’aurais du te dire clairement que ça m’avait blessé au lieu de picoler. J’aurais du t’inviter à danser au lieu de te laisser seul dans un coin. Nouveau soupire. _ Tu sais, je savais pas comment faire pour te réveiller. J’ai l’habitude avec Lana mais… pas avec un homme. Je rie quelque peu, amère. _ Je sais pas comment agir avec les hommes. Je sais pas non plus les comprendre, apparemment. Je pensais vraiment bien faire en t’offrant des câlins parce que… je recommence à pleurer. _ Je suis bonne qu’à ça : donner des câlins. A Brendy, à Lana, à… toi. J’inspire profondément pour calmer mes larmes. _ La seule fois où je me suis sentie vraiment utile dans ta vie ça a été quand tu es venu chez moi suite à la mort de… Je tais son nom. _ Je voyais que je t’apportais du réconfort, et ça me plaisait vraiment. Nouvelle inspiration. _ J’aimerais pouvoir faire ça toute ma vie Drake. J’aimerais pouvoir te serrer dans mes bras dès que tu vas mal pour que tu retrouves le sourire. Pour que tu oublies tous tes malheurs. Je ricane un peu, tristement. _ Je fais que des conneries quand je suis avec toi. J’essaye de faire les choses bien pour obtenir un peu de ton attention et… quand je l’obtiens je casse tout en faisant n’importe quoi. Je soupire, à nouveau. _ Ne dit plus jamais que tu me rends malheureuse car c’est pas vrai. Je suis heureuse avec toi quand je ne prends pas mes désirs pour des réalités. Je suis heureuse avec toi quand on partage des moments comme ceux du gala d’hier. Je suis heureuse avec toi. Tout simplement. Je ferme les yeux, laissant des larmes couler sur mes joues. _ La femme que tu aimeras sera la plus chanceuse des femmes sur cette terre. J’en suis convaincue.

Je suis sincère. Celle qu’il lui volera son cœur aura vraiment beaucoup de chance. Je l’envie déjà d’avance.

À travers la brume de mon discours soudain, je sens une main se poser dans le bas de mon dos. Elle me pousse à rester droit, à ne pas oublier de respirer. Sa présence a depuis le début ce don de me transmettre une force insoupçonnée. Alors que j’expose une vulnérabilité encore inconnue à cette femme influencée par les effets de l’alcool, je sais qu’elle est là. Que sa compassion n’est pas disparue au moment de caler son dernier verre de whisky ou même de champagne. Je la laisse m’offrir ce nouveau geste affectueux, tout comme je tente à ma manière de lui permettre de ravaler ses larmes. Nous sommes dans un soir de célébration, comme elle la souligné. On ne devrait pas s’enfermer de la sorte et se torturer avec des « et si ». Les regrets ne durent jamais bien longtemps à mon esprit parce que je les en expulse sans tarder. Je sais que Lexie a une part de responsabilité dans cette histoire. Que je ne l’ai pas forcé à boire autant. Elle a fait ce choix délibérément, sans me demander mon avis cette fois. Nous avons tous les deux commis des erreurs ce soir qui nous entraîne invraisemblablement dans la situation actuelle. Sur notre lit, à essuyer des larmes qui ne devraient pas chatouillées nos joues, enfermer dans une cage de protection que j’ai imposée à Lexie sans lui laisser son libre-arbitre. Il est important que je me reprenne en main. Que je cesse de m’enfoncer dans cette voie qui ne mène définitivement qu’à plus de complications. Je termine mon discours avec la ferme intention de me lever pour libérer les portes de leur obstacle respectif. Sauf que le contact de la blonde m’en empêche. Elle me garde en place, se retrouve doucement enroulée autour de mon cou, la tête confortable contre la mienne. Je m’immobilise. Je lui permets de prendre appui sur mon corps, de demeurer stable le temps qu’elle trouve une manière adéquate de s’installer. Je ne la repousse nullement. Je me mets plutôt à écouter ses respirations en premier lieu. J’ai l’habitude de les entendre désormais. Je pourrais peut-être les reconnaître à présent. Je me rassure en me disant qu’elle n’a pas mal réagit à mes propos probablement incohérents à son esprit engourdi. Qu’elle ne s’est pas raidit ou enfuit à mon contact délicat. Se pourrait-il que j’ai surévalué son niveau d’ivresse ? C’est possible. Ses paroles qui commencent à mon oreille me disent pourtant le contraire. Je me mets à réfléchir simultanément aux faits et réalités qu’elle m’expose. Je suis son discours un peu décousu patiemment, allant là où elle souhaite m’amener. Je ne bronche pas alors qu’elle affirme ne pas agir correctement avec moi. Qu’elle ne savait pas comment me réveiller. Je réalise que je n’aurais pas du lui accorder une telle responsabilité. Seul, je me réveille avec l’aide d’un cadran et de beaucoup de motivation. J’ai placé plutôt Lexie en charge de cela durant notre séjour dans l’extrême sud du pays en sachant qu’elle aurait de la difficulté à le faire justement. Cela n’a pas été juste de ma part. Surtout en voyant le résultat. Ses pleurs directement à mon oreille font vibrer mon cerveau d’une telle violence que je me sens étourdis d’un coup. Cela me prend quelques secondes pour me reprendre, inspirant en parfaite synchronisation avec elle. La suite de ses révélations me va droit au cœur. Je sens dans ses mots une déclaration sur ses sentiments. Elle est bien avec moi. Je la rends ainsi. Heureuse. C’est un concept que je dois redécouvrir et réapprivoiser puisque j’en ai été privé avec ma précédente relation amoureuse. Jessie n’était pas heureuse puisque je ne lui donnais pas ce qu’elle voulait. Mais Lexie… Lexie est… différente. Le mot est difficile à maintenir en place puisqu’il n’est pas le bon. Brendon a dit que sa meilleure amie était spéciale et je l’ai cru sur parole. Aujourd’hui je peux réaliser une nouvelle fois que c’est le cas. Elle n’a pas à en faire autant. À chercher à ce point à me faire plaisir. Puisque sa simple présence le permet, me transforme. Je suis un autre homme dans ses bras. Je retrouve ma liberté d’action toutefois lorsqu’elle affirme que la femme à qui je vais donner mon amour sera la plus chanceuse de toutes. Je ne peux tolérer qu’elle s’exclue de l’équation de la sorte, volontairement ou non. Je me retourne alors que son étreinte demeure en place autour de mon cou. Je me positionne les fesses sur les talons, à rapprocher mon visage du sien jusqu’à unir nos fronts. J’attends qu’elle transperce mon regard de ses prunelles bleutées avant de lever mes bras pour les enrouler fermement autour de son corps. Je la rapproche de moi au point de faire migrer ma tête sur son épaule. Je demeure un moment à prolonger l’étreinte. Jusqu’à trouver des mots à répondre. « Pourquoi tu refuses de t’accorder la même valeur que nous te donnons tous ? Tu es tellement plus à mes yeux que la simple définition que tu te répètes. » Je me tais une seconde, ne la laissant pas pour autant se libérer de mes bras. Puis, dans un nouveau murmure qui se veut une conclusion définitive à ses moindres doutes, j’inspire à nouveau. « Tu es la clé de ma propre cage, Lexie. » Je commence à la bercer d’un balancement régulier. Il est inutile de la forcer à trop réfléchir en ce moment. Si elle peut trouver le sommeil cela va la soulager de son émotivité accrue par le fameux démon ambré.

Drake bouge à la fin de mon monologue, doucement. Je ne relâche pas mon emprise autour de son cou bien qu’il se tourne pour me faire face. Au contraire, je me contente juste de redresser ma tête avant que nos fronts se rejoignent. Je ferme les yeux brièvement, épuisée par mes larmes. Je ne sais même plus pourquoi je pleure exactement. Mes pensées deviennent de plus en plus confuses. Cela n’empêche que tout ce que je viens de dire est vrai, du début à la fin. Je considère Drake comme un homme intelligent qui sait me rendre heureuse. C’est moi qui provoque mes maux en attendant beaucoup trop lui. Mais, comment faire autrement quand il se montre si tendre avec moi ? Comment garder les pieds sur terre quand son regard me transperce comme présentement ? C’est impossible. Cet homme m’a volé mon cœur sans même s’en rendre compte. Oui. Je le reconnais, désormais. Je l’admets autant que je l’accepte. Je l’aime. Tellement que je ne veux plus jamais être exclue de sa vie. Comme une réponse silencieuse à ce souhait, Drake enroule ses bras autour de mon corps. J’en fais autant de mon second bras autour de son cou. Nos corps ce rapproche aussitôt, ce collant l’un à l’autre. Je soupire d’aise à ce contact, puis dépose mon menton contre son épaule. Il en fait autant sur la mienne. Je sourie machinalement. Je suis heureuse de ne pas l’avoir perdue comme je le craignais. A tel point que je ferme les yeux pour savourer ce moment de quiétude après la tempête. Mes larmes se calment, s’arrêtent. Je pourrais presque m’endormir tant je me sens bien, tout d’un coup. Ce qui me retient de le faire ? Les mots de Drake qui résonnent à mes oreilles, brisant le silence. Il me demande pourquoi je refuse de m’accorder la même valeur que tous me donne, y compris lui. Je ne comprends pas le sens de cette question. Je tente d’y réfléchir mais… non. Je n’y arrive pas. Je n’y arrive plus. Toutes les connexions de mon cerveau se coupent une à une. Je ne peux plus qu’entendre ce qu’il me dit. Que je suis tellement plus à ces yeux que la simple définition que je me répète. C’est beaucoup trop complexe pour que ce qu’il sous-entend sonne comme une évidence à mon esprit. Je sens qu’il y a un message entre les mots qu’il emploie. Quelque chose que je suis normalement sensée assimiler mais… c’est le néant qui s’impose à moi. Jusqu’à ce que Drake me fournisse la solution. Je sourie en comprenant qu’il vient de me dire indirectement qu’il m’aime. Je voudrais redresser mon visage pour qu’il puisse le voir mais, le bercement qu’il entame m’en dissuade. Je me sens trop bien dans cette position pour vouloir encore lutter contre le sommeil bienveillant qui m’appelle. Je commence à perdre pied avec la réalité. Mes bras autour de son cou se desserrent au fur et à mesure que mon corps plonge en état de subconscience. Je m’entends dire des mots incompréhensibles, insensés. Je crois que j’essaye de lui faire comprendre que je m’endors, en vain. Je passe à plus simple, dans un murmure. Un je t’aime qui se meurt dans un souffle tandis que je plonge d’avantage dans le noir le plus complet. Je ne suis plus en mesure de faire quoique se soit. Je sens toujours le mouvement de balancier tandis que mes bras s’effondrent mollement dans le dos de Drake. Ensuite, plus rien. C’est le vide, le néant, le calme. Je n’entends plus qu’un court instant ma respiration, détendue, avant de quitter définitivement la réalité pour cette nuit.