contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
8° - 17° // températures stables, mais vent à venir
initiales interdites. › personnages inventés de 25 ans minimum. › 3 ans de différence entre l'avatar et l'âge du personnage. › 15 lignes minimum par rp › un rp par mois.
une rencontre lors d'un stage et la seule chose qu'ils ont en commun c'est leur passion pour le sport, pour le reste ils sont diamétralement opposés
elles sont soeurs et n'ont pas connaissance du lien qui les unis
— Le cœur a manqué d’exploser lorsque les lippes ont osé modeler les erreurs de la russe dans la réalité. Le psychologue lui a dit que le premier pas vers l’acceptation pure et simple est cette formulation orale. Celle que Reira n’a jamais réussi à dire avant de se sentir aux portes d’une mort certaine pour l’crâne flottant entre sédatifs et désespoir. Sans cet accident, sans le pompier à ses côtés, elle n’aurait sûrement jamais avoué ses torts à Chance. Elle aurait gardé ses balbutiements d’excuses pour ses proches à qui elle aurait raconté la belle relation qu’elle a gâché comme une abrutie. Mais Chance, lui, ne les aurait probablement jamais eus. Le fait de l’avoir près d’elle, de ressentir sa présence, de s’être accroché à lui comme s’il était son dernier rempart avant de sombrer l’a poussée à finalement ouvert ce cœur froid, malheur gelé dans toutes ses fissures. Morceaux recollés par le mensonge, utopie vivante de cette vie tissée sur la volonté d’être une autre. Reira n’a fait que protéger ce cœur trop maltraité, jamais dorloté et guéri depuis le premier accident. La peur bleue de le confier pour le voir briser à nouveau engendre un manque de confiance certain et une crainte conséquente pour s’attacher et se projeter dans le futur avec quelqu’un. Pourtant, depuis jeudi dernier, le pompier il panse ses nouvelles blessures. Il a récupéré les morceaux tombés au sol du myocarde brisé, il les fait rouler ensemble pour les fusionner. Puis il l’a couvé, de toutes ses forces, pour s’assurer qu’il continue de battre. Elle ne doit pas défaillir Reira. Hélas, quand elle libère sa parole pour bredouiller les mêmes paroles que dans le camion, Chance ne semble toujours pas saisir la nuance qu’elle donne derrière celles-ci. Lui, il ne parle que de Noël, du fait qu’il a agi comme un gamin débile trop blessé dans son égo. Il ne lui parle pas d’elle, ni d’eux. Ils s’excusent chacun d’avoir blessé l’autre, et voilà. Un serrage de mains et au revoir ? Reira ne comprend pas. Elle a le coeur qui se serre à voir le brun éviter d’accueillir ces sentiments qu’elle tente de susurrer au travers de ses excuses. La russe finit par laisser son regard perse retomber sur ses mains sagement liées sur ses cuisses alors qu’il continue de s’excuser pour son comportement. Elle ne sait même pas quoi dire. Doit-elle le remercier pour s’être excusé ? Doit-elle le blâmer un peu plus ? Doit-elle lui hurler qu’il ne comprend décidément rien à rien ? Aucun mot ne passe la barrière de ses lèvres. Son regard se contente de glisser de ses mains à ses jambes dénudées, à cette attelle qui lui sert de seconde peau. Elle ne prend même pas la peine d’observer le brun s’enfuir avec son assiette. Reira se maudit pour avoir entamé cette conversation. À quoi elle s’attendait ? Probablement à ce que Chance lui saute au cou après avoir accueilli ses excuses. Qu’il lui dise clairement qu’il la pardonne. Ou peut-être même qu’il rebondisse sur cette séparation engendrée par la russe. Désir égoïste qu'il soit à nouveau prêt à faire le premier pas. Elle a allumé les pleins phares pour lui intimer qu’elle l’aime, et il n’a rien vu. Il faudrait sûrement qu’elle dise clairement les choses, mais la russe n’est pas prête à se faire repousser, pas dans cet état de détresse post-accident, même si elle le cache très bien. Chance a tout autant de pouvoir que la danse, il peut la briser en mille morceaux, autant qu’il peut faire cicatriser ses plaies de son toucher, de sa voix et son rire ; de tout ce qui le caractérise, tout ce qu’elle adore. Dans le salon, Reira se sent seule. Dans cette maison, la présence de Chance semble disparaître. Ami. Ce n’est qu’un ami, c’est pour ça qu’il ne réagit pas quand elle cache ses sentiments dans ses regrets. Et la peur l’étreint, celle d’être définitivement arrivée trop tard, d’avoir trop tardé à ouvrir les yeux. L’orage tonne dans son cœur, la tempête souffle dans son crâne. Tout se fait emporter sur son passage alors qu’elle regarde dans le vide, les pupilles ternes. La simple idée que Chance ne l’aime plus, cette possibilité trop flippante, l’éteint petit à petit. Fond de bougie qui bataille pour éclairer la route sinueuse plongée dans les ténèbres. Il l’ignore, il évite le cri de son cœur, et ça la tue.
Quand il revient dans le salon, les iris de la russe remontent lentement sur lui. Son sourire lui saute aux yeux. Il fait des efforts mais il n’a pas l’air d’avoir envie de sourire. Reira ne sourit pas, elle n’y arrive pas. Parce qu’il lui demande ce dont elle a besoin, parce qu’il est encore là pour elle. Reira ne comprend pas pourquoi il agit ainsi. On ne devient pas des amis aussi proches en si peu de temps après des semaines d’ignorance. Leur relation est trop particulière, ils le savent très bien tous les deux. À sa question, elle répond de ce ton las qui la caractérisait bien à l’hôpital. La fatigue l’envahit, elle veut juste se terrer dans son lit et ne plus voir la lumière du jour, jusqu’à ce que Chance vienne la cueillir. « Non rien merci… » Elle n’a pas froid, cette foutue attelle lui tient suffisamment chaud pour les deux jambes. Et puis c’est l’été, alors il ne fait pas froid dans la maison même si les températures caniculaires. Ses cheveux humides lui donnent quelques frissons parfois, rien de dérangeant. Elle en profite pour boire un coup d’eau, car elle n’a pas encore touché au verre qu’il lui a apporté ; elle avale la pilule de leur discussion passée. La boule d’émotions se bloque dans la gorge, pomme d’Adam moqueuse. Finalement, elle lance au pompier, le regard franc. « J’veux bien une cigarette, en fait. » Il ne cachera pas sa surprise, elle s’y attend. Reira n’a jamais fumé en sa présence, se contentant d’absorber la fumée alors qu’ils discutaient de tout et rien. Cette fois, c’est bien une volonté de se tâcher les poumons, s’infliger un nouveau mal, s’offrir une porte de sortie à ces pensées moroses. À défaut de pouvoir boire avec les médicaments, la russe doit bien s’offrir un autre loisir pour oublier. En fait, elle ne sait même pas si Chance lui donnera une cigarette. Il a l’air de bien trop se préoccuper de son état pour la laisser plonger dans le vice cancérigène. Qui est-il après tout pour l’empêcher de faire ça ? Un ami ? S’il avait voulu être son ami, il l’aurait été depuis Septembre, il n’aurait pas attendu de la trouver inconsciente pour lui proposer cette aide, certes bienvenue. Personne n’en ferait autant pour elle, même son frère a opté pour son copain ou ce qui semble toujours l’être, plutôt que d’être avec elle. Mais Chance il est là. Devant elle, à lui demander si elle a besoin de quelque chose. Le jeu auquel il joue fait vriller le crâne de la pauvre âme blessée qui ne cherche qu’à expulser ses sentiments. Elle ne veut plus les avoir en elle si c’est pour vivre avec le poids de les avoir eus tardivement. Cependant, elle ne veut pas avoir cette épée de Damoclès au-dessus du crâne si elle crache le morceau et que Chance la rejette à son tour. Elle ne s’en remettrait pas Reira, elle ne peut pas se le permettre. Au bord du gouffre, elle ne remarque même pas qu’elle devient une boule de nerfs. Émotions incontrôlables et globes humides, la brillance dans ses iris la fait craquer. Fin des faux semblants, il n’aura pas l’occasion d’esquiver. Le regard est d’abord dur quand il se pose dans celui de Chance, toutefois il y a cette lueur au fond, celle de la tristesse, de l’incompréhension. Bouleversée, elle finit par lâcher malgré la gorge serrée. « Pourquoi tu fais tout ça Chance ? Parce que t’es mon ami ? » Évoquer cette possibilité lui fait serrer le poing, ça la tend d’avance, mais elle continue. « J’arrive pas à comprendre comment tu as pu m’ignorer autant, et être maintenant là pour moi. J’suis pas certaine que l’amitié se déploie aussi vite. De toute façon, c’est pas comme si… » Comme s’ils étaient amis ? Parce qu’ils étaient amants, de ceux qui se confient et s’aident tout en se délectant de l’épiderme de l’autre. Le cœur lourd manque d’exploser dans sa poitrine, elle le sent dans sa gorge gonflée dangereusement. Long soupir pour temporiser. « J’ai besoin de savoir Chance, j’veux pas continuer à me reposer autant sur toi si… » Ses dents se referment violemment sur l’intérieur de ses joues. Non, elle n’osera pas alléguer le fait qu'il l'aime. Ça ne sert à rien de parler pour lui. Elle est perdue, ne s’accroche qu’au regard de Chance. « Je ne voudrais pas que tu penses que je t’utilise encore. », sa voix se brise à moitié avant qu'elle ne soupire encore. Parce que c’est ce qui lui avait été reproché, que ce n’était qu’un jouet dont elle se servait pour assouvir ses désirs personnels. Alors elle pourrait le refaire, là, maintenant. Reira n’en a pas envie, elle ne l’a jamais voulu. La russe n’a jamais utilisé son amant, hormis pour se sentir vivante, et aujourd’hui pour avoir une bouée à laquelle s’accrocher. Sauf qu’elle ne lui fera pas supporter le poids de ses démons, pas après tout ce qu’ils ont vécu, pas s’ils ne sont que des amis parce que ce serait injuste pour lui ; et elle n’est pas dénuée d’intérêt et d’attention pour lui, elle veut le mieux pour Chance même si ce n’est pas sa propre âme brisée.
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Dernière édition par Reira Tsvetkov le Jeu 28 Jan - 12:33, édité 1 fois
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Mer 27 Jan - 22:42
Il y avait quelque chose qui n'allait pas. Quelque chose qui avait foutu un putain de blanc entre vous. Quelque chose qu'avait déchiré le lien qui s'était ressoudé d'un seul contact physique, et à force de visites à l'hôpital. Mais t'arrivais pas à mettre la main sur ce truc. Est-ce que c'était toi ? Qu'est-ce que tu avais bien pu dire qui créait cet air glacé entre vous ? T'aimerais lui demander, mais ton corps ne suivait plus, t'arrivais même pas à la regarder en face, t'arrivais même pas à relever la tête de ton sandwich. T'es désemparé, t'as perdu la main, perdu le contrôle sur ce qui se passait. T'as loupé quelque chose, le coche sûrement, parce que les fils ne se raccordent pas entre ton esprit et ton cœur. T'es tellement obnubilé par les sentiments que t'essaye de cacher que t'es incapable de voir ceux de Reira, et c'est ce qui crée cette rupture grotesque entre vos deux corps, cette gêne soudaine que vous êtes incapable de gérer. La situation est tellement évidente que tu ne l'accepte même pas dans ton esprit. T'es incapable d'accueillir ces sentiments tant attendus, parce que justement : ils l'étaient trop. Ç'en est devenu improbable pour ton esprit qu'enfin la russe partage ton affection. Chacun de votre côté vous essayiez de réduire la casse de la première fêlure de septembre en ne répétant pas ce que vous considériez comme des erreurs. Si t'avais pas forcé le dialogue avec la brune, alors elle n'aurait jamais dû t'avouer qu'elle n'attendait rien de votre relation; et si elle avait accepté ce-même dialogue, alors tu ne serais pas parti. Alors toi, tu restais muré dans un silence que tu pensais bénéfique pour cette relation qui renaissait a peine. Elle, elle ouvrait enfin son cœur. La bêtise créée par la peur de la perdre à nouveau te rendait aveugle; la joute verbale entre vous était forcément compromise, édifiant un tableau incompréhensible et plein d'erreurs de débutant. Ces erreurs qu'on n'est pas censé faire quand on a presque trente ans. Mais c'est aussi les erreurs qu'on fait quand on ne sait pas où se situer par rapport à ses sentiments. L'incertitude se lisait sur ton visage, tu savais juste pas quoi faire, ni comment réagir. T'as jamais eu à faire ça, Chance. T'as jamais eu à comprendre les actes manqués, les sous-entendus, les regrets du cœur. Parce que la dernière fois que t'es sorti avec une fille, t'avais dix-sept ans, parce que t'as jamais eu à comprendre qu'elle t'aimait, parce que c'était pas le cas, et que toi non plus. Parce qu'avec Reira c'est différent, et que t'as la peur qui te ronge les entrailles au point de te figer sur place. T'as pas compris que tes excuses c'était pas ce que Reira attendait, alors tu comprend pas le silence que t'as créé. Tu comprends pas, et t'as pas envie de comprendre, parce que c'est pas sûr que tu sois prêt à entendre la vérité. Toi, t'as accepté tes sentiments pour la russe, et t'es déjà suffisamment dans le flou. Pas dans le déni, juste dans un brouillard profond. Parce que t'as peur de mettre les pieds là où il faut pas, comme tu l'as déjà fait. T'as peur d'avancer à l'aveugle et de tomber dans une abysse de sentiments que tu pourras jamais quitter. Au final, c'est déjà le cas. Parce que t'en est pas vraiment sorti, la première fois. T'as juste trouvé une galerie à emprunter, un chemin lumineux qui s'est offert à toi et que t'as suivit, en pensant à une issue. Mais il n'y a pas d'issu, les iris de Reira ont juste piégées ton palpitant. Quand tu reviens dans le salon après avoir lavé ton assiette, t'essaye de sourire. Parce que tu penses encore pouvoir rattraper c'que t'as laissé échapper, sans savoir ce que c'est. Mais rattraper une erreur sans savoir laquelle, c'est comme essayer de trouver une aiguille dans une botte de foin; c'est impossible. Alors tu tâtonne, cécité psychique comme si t'avais des œillères. Parce que ça devrait juste te sauter aux yeux vu la réponse de la russe. Sauf que maintenant, c'est toi qui refoule les sentiments de Reira, le cœur divisé. Tant que t'auras pas parlé avec Fiona, la lumière ne s'allumera pas. Protection imaginaire, tu te brime, sans deviner que l'énergie que tu refoules va finir par exploser et que ce sera pire. Tu te fige quand la brune te demande une cigarette. Balbutiement incertain, tu te demande si t'as bien entendu. Tu la regarde, te demande si t'as bien comprit ce qu'elle vient de te demander. Quelques clignements des yeux, le regard fixe sur les cheveux mouillés de la russe qui te tourne le dos sur le canapé. « O-Ok... » Confusion évidente tu tâtonne ton short pour trouver ton paquet de cigarettes et ton briquet. Machinalement, tu ne te pose même pas la question de savoir si c'est bien, si elle devrait. Si tu devrais. Est-ce que tu devrais ? T'es pas sûr. Si c'est ce qu'elle veut ? Elle était suffisamment grande pour prendre des décisions seule. T'es qui pour lui interdire de fumer alors que t'es déjà à la fin d'un paquet que t'as ouvert hier ? Mâchoire crispée, main dans une poche, tu demandes. « Tu... Restes à l'intérieur ? J'ouvre la fenêtre ? » Tu ne savais pas quoi faire, elle n'avait jamais demandé à fumer avec toi. T'étais même pas sûr de l'avoir déjà vue fumer, que ce soit pendant des soirées aux bars ou encore avec Piotr comme à Noël. En fait, l'association de la russe et d'une cigarette était inexistante dans ta mémoire. Alors vu qu'elle était confortablement installée sur son canapé, tu avais du mal à l'imaginer se lever et clopiner en béquilles jusqu'au jardin. Tu continues de la fixer alors qu'elle t'ignore de ses yeux clairs avant de sentir une décharge parcourir ton épiderme quand elle relève enfin le regard. Esprit ravagé par la surprise, tu remarques quand même le regard embué de la russe; incompréhension totale, tu te repasse rétrospectivement le film de ces dernières minutes, cherche le faux-raccord, mais t'en est incapable. Maxyne, elle, elle aurait su. Parce que Maxyne elle voit tout, elle sait tout. Elle te connait par cœur, elle prévoit chaque réaction. Mais Maxyne n'est pas là, et Maxyne ne sera pas toujours là. Sauf que pour l'instant, tu semble incapable de te débrouiller sans la blonde. La question de Reira te donne l'impression d'une brûlure à vif, ou encore qu'on te brise un membre et qu'on écrase un à un les petits morceaux qui se baladent dans ta chaire. La véracité de ses paroles serre ton cœur, le presse, le bloque, le fige. T'es incapable de bouger, apnée non contrôlée que ton corps exerce. Battements irréguliers qui essayent d'être plus fort que cette main qui vient enserrer ton palpitant. Le rappel de cette reproche que tu lui as faite en septembre, blâme d'un cœur brisé, laisse tomber la faux. Brèche mirage dans tes yeux, tu la fixe dans le vide, bouche entrouverte, désarmé. T'as aucune excuse, aucune faille où te glisser pour t'échapper; t'es juste face à ce que tu essayes d'éviter depuis une semaines. Après de longues secondes tu bouges enfin, capable de reculer pour trouver refuge sur un fauteuil en face de la brune dans lequel tu t'assois. Pression signifiante dans ta poitrine, tu prends une grande respiration saccadée, sourcils légèrement froncés, tes pupilles cherchent un un point sur lequel te poser, un pilier à gravir. Ta mâchoire se crispe et se desserre, tes ongles courts viennent se planter dans la chaire de ta paume, mouvements saccadés pour te ramener à l'instant présent où Reira attendait une réponse. T'avais pas le droit d'éviter. « J'ai aucune putain d'envie d'être ton ami. » La main qui tenait ton cœur le lâche au même rythme que tu prononces chaque mot; voix basse et effacée, t'es pas sûr qu'elle t'ait entendu, t'es même pas sûr de l'avoir vraiment dit à haute voix. Alors tu te te reprends, mais t'oses pas la regarder. « J'essaye d'être ton ami mais j'y arrive pas. Je peux pas être ton ami Reira. » Tu t'explique pas, ta voix se durcit; la distance qui vous sépare donne l'impression de s'agrandir à chaque son, sensation chimérique d'un monde où les proportions ne changent pas. « J'ai essayé de t'ignorer mais je pouvais pas. J'te jure que j'aurais préféré, ça aurait été plus simple. Mais je peux juste pas, parce que t'es là, tout le temps dans ma tête. J'pense à toi, même quand je devrais pas parce que je suis avec quelqu'un d'autre. » Tu laisses les mots s'évader, t'en oublie la raison qui te disait il y a quelques heures de ne rien dire à propos de Fiona. Mais c'est trop tard. « C'est trop compliqué de faire semblant, j'pensais que j'allais m'en sortir, que j'pourrais t'aider et être présent; mais j'y arrive que si on fait comme si rien ne s'était passé. Sauf qu'il s'est pas "rien passé". Ça aurait finit par devenir trop dur. » Tu déglutis, enlace tes mains entre elles, joue de tes pouces. « J'ai pas le droit Reira, parce que j'ai pas envie de souffrir, et j'ai pas envie que tu souffres non plus. Mais c'est la seule issue, à nous deux. » Tu lâches ce que t'as sur la conscience à demi-mot, incapable de peser correctement chaque terme.
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Jeu 28 Jan - 12:59
— Situation tendue, dans ce salon vide, Reira se sent comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Silhouette errante, pensées vacantes. Elle a ces sentiments avoués à demi-mots sur les épaules, tente de les porter à bout de bras sans savoir s’il faut les abandonner à leur triste sort. Discrètement, ses bras ont avancé à Chance ce cœur mis à nu, perdu dans le remord de ne pas avoir accepté le sien lorsqu’elle en avait l’opportunité. Là où le destin les a toujours rapprochés, elle a désormais la sensation qu’il les a abandonnés dans ce timing au ton persifleur. Comme si l’un n’était jamais prêt à accepter l’autre. Et les discussions ne leur ont jamais porté chance. La dernière fois qu’il a formulé la requête d’aller plus loin, Reira l’a repoussé, probablement trop violemment. Et si dès le départ, elle lui avait expliqué ses craintes ? Peut-être qu’à l’heure actuelle, ils seraient sincèrement heureux et non dans cette espèce de bulle de joie éphémère. La russe ne peut continuer à vivre dans le déni, elle ce besoin ardent de savoir ce qu’il en est, avide désir d’éclairer son chemin. Elle n’a ni envie de lui mentir, ni qu’il lui donne un espoir inutile. Le contexte empêche la brune d’être capable d’accepter ça. Égoïstement, elle pousse Chance dans ses retranchements en lui offrant ce visage impassible, ce regard terne. Ça lui fait mal de lui donner un tel spectacle, de ne pas pouvoir lui rendre son sourire factice. Elle voudrait pouvoir le laisser dans leur relation retrouvée sur la base de l’omission du passé, elle voudrait lui offrir un nouveau moment d’allégresse à ses côtés. Mais elle ne peut pas, parce qu’elle est éreintée, incapable de se battre contre ce qui se dessine dans son être. Poupée de porcelaine fissurée face au prince charmant, celui qui la sauve d’un baiser. Elle ne veut rien, n’a besoin de rien si ce n’est lui. Ou de cette tige qui tient prisonnière les substances cancérigènes. Aussi surprenant que ce soit, elle réclame le vice pour apaiser la tempête qui gît en elle. Presque soulagée qu’il ne refuse pas, elle se détend un instant. L’évacuation est toute trouvée, arrêt temporaire dans ce silence pernicieux. Il lui offre gracieusement le fond de son paquet, son briquet. « Merci… La fenêtre ça ira. » glisse-t-elle doucement. Sa voix n’est pas forte, presque éraillée comme si ses cordes vocales ne fonctionnaient plus depuis des mois. Toutefois, Reira ne trouve pas encore le courage de porter la clope à ses lèvres, de l’allumer, parce qu’elle a ces foutues pensées qui tournent en boucle dans sa tête. Chaque bribe de souvenirs avec le brun s’immisce dans son cœur, douleur brûlante des échos du passé. De leur rencontre, leurs retrouvailles jusqu’à l’accident, cette après-midi où ils mangeaient leurs sushis en riant. Elle a toujours été bien avec lui, même quand parfois ils abordaient des questions difficiles. Ce truc latent a grandi en elle, la petite graine de l’amour plantée depuis toujours. Parce que Chance il est doux, il est bienveillant et toujours attentionné. Chance, il est ce gamin blessé qu’on a envie de couver, et cet homme qu’on a envie de serrer contre soi jusqu’à l’aube. Chance il ne l’a pas abandonnée ; il est là, malgré le silence. Elle l’aime avec force et ferveur, elle l’aime avec discrétion et malaise. Elle n’ose plus avoir le droit de l’aimer, pas après ce qu’elle lui a fait subir. Son cœur s’enferme dans sa gorge, l’envie de vomir ses sentiments sans rien demander en retour. Elle boit ce verre d’eau, comme s’il fallait se désaltérer avant de devoir se trancher les lèvres avec des mots durs. La russe ne peut plus mentir ni contrôler ces larmes qui se dessinent contre ses cils. En quête de réponses, elle lance l’attaque, le regard planté dans celui de Chance. Il ne fuira pas, il ne peut pas. Et elle reste, suspendue à ses lèvres, le cœur au bord du précipice. Elle n’entend pas son pouls, ni sa respiration pourtant tout son métabolisme s’accélère, prêt à réagir en cas d’urgence. Elle s’arrête sur ses traits, espère y déceler des réponses sans qu’il n’ait à parler. Tout était plus facile quand ils n’avaient pas à parler, que les choses se goupillaient naturellement. Le crâne dans le rouge, son regard s’accroche à son interlocuteur, le guette jusqu’à ce qu’il s’assoie. Tous deux assis, ils ne pourront pas tomber quand le glas sonnera.
L’horloge berce la pièce de son tic-tac lancinant, suspend le temps. Même les animaux ne font plus de bruit. Êtres vivants en attente de la décision finale. Reira entend à peine ses premiers mots, il parle bas et elle refuse de l’entendre. Ses oreilles se bouchent, craintives d’entendre ce qu’elles ne veulent pas. Si elle pouvait, Reira se recroquevillerait sur elle-même pour encaisser les paroles de Chance. Le corps en pause revit soudainement quand les lippes du brun se meuvent dans des sons attendus. Il ne veut pas être son ami, elle ne veut pas être le sien. Mais est-ce que c’est positif ? Il peut ne plus vouloir d’elle du tout. Et s’il n’était comme ça que parce qu’elle est déjà blessée, qu’il ne veut pas en remettre une couche ? Peut-être qu’il ne fait preuve que d’un altruisme désintéressé parce qu’elle a réclamé son attention, alors qu’il n’a aucune envie d’être ici. Le cerveau explose à cause de cette pensée écrasante. Si ça se trouve, elle n’a le droit qu’à sa pitié, d’où sa présence et sa bienveillance. Couvrir la pauvre petite chose de ce faux amour, ce bonheur utopique pour faciliter son rétablissement. Elle déglutit péniblement alors que sa voix s’élève durement dans la pièce. Le cœur rate un battement puis deux. Arythmie cardiaque alors que Chance avoue qu’il pense à elle tout le temps. Il use de mots à double tranchant, ceux qui soulagent le cœur tout en laissant subsister le doute. Après chaque belle parole il y a un "mais". Toujours. Et il arrive, requin malin qui glisse de façon insoupçonnée entre les vagues. Tempête de l’âme, un flash éclaire ses yeux, douleur aigü qui lui perce le myocarde. Quelqu’un d’autre. Comme la brune à la robe bordeaux du gala. Elle devrait voir le côté positif, celui qui la rassure en disant qu’il pense à elle malgré le temps passé avec une autre. Cependant il n’y a que la douleur cachée dans ces mots qui gagnent la russe, ombre qui s’enroule autour de ses pieds pour l’entraîner au fond de l’océan. Elle ne noie dans cette respiration qui devient haletante. Les frontières de la réalité se brouille, elle se sent partir alors que le reste de ses paroles lui parviennent comme un écho en cascade. Les faux semblants se terminent là. Mais est-ce que la seule chose qui va se terminer ce soir ? Personne ne veut souffrir, pourtant les deux amants se brisent l’un contre l’autre dans ce salon derrière les mots et les silences parleurs. La seule issue. Ça tombe comme un coup de poing dans son bide. La détresse s’écrase contre les parois de son âme alors qu’elle étouffe. Ici, avec lui, dans ses pensées. Tout se mélange. Le chaos lui lamine le cœur. Ses repères disparaissent, sifflement insistant contre le tympan, voile noir sur les yeux. « J’arrive… pas à… respirer… » Elle parle entre deux goulées d’airs qu’elle tente d’avaler. Ses prunelles scannent la pièce, panique qui agite la pupille. La fenêtre ouverte un peu plus tôt l’appelle. Maladroitement elle s’empare d’une de ses béquilles qui reposaient sur le côté depuis le début de la soirée. La démarche n’est pas droite en plus d’être clopinante ; de bonne foi pour sa santé, dans la détresse elle a l’automatisme de ne pas appuyer sur sa jambe blessée. Peu importe la difficulté du chemin, elle se dirige jusqu’à cette fenêtre, c’est la chose qui lui importe. Ahanante, ses doigts libres viennent s’accrocher au bois de l’encadrement de l’ouverture, sa bouche s'affaire à attraper l’oxygène frais de l’extérieur, loin de la pression intérieure et de l’atmosphère asphyxiante du salon. Accroche trop forte, ses phalanges perdent rapidement l’afflux sanguin alors que les poumons se remplissent de manière irrégulière. Elle en a oublié la cigarette qu’elle tient encore contre sa béquille, le briquet coincé entre le poignet en plastique de l’outil et ses doigts. D’une main tremblante, elle enfonce le filtre entre les lèvres, s’y reprend à plusieurs fois pour allumer la tige impure. La fumée s’engouffre dans ses alvéoles, les ouvre violemment pour laisser le psychotrope s’extraire pour s’égarer dans ses synapses. Elle tire plusieurs fois sur la cigarette, se concentre sur ce rythme régulier d’inspiration et d’expiration. Dopamine qui se déverse, tendre moment d’apaisement avant de revenir à la réalité. Cette fois, c’est Reira qui n’ose pas croiser le regard de Chance. Ses iris se perdent dans le jardin noirci par l’obscurité tombante, longuement elle rattrape sa respiration manquée. Elle humecte ses lèvres, compte jusqu’à trois avant de se lancer. « Ça m’a brisée le cœur de te voir m’ignorer à Noël, sans parler de tes piques. Je pensais pas qu’un jour dans ma vie quelqu’un aurait ce pouvoir là, hormis Piotr. J’voulais pas m’avouer que tu avais cette importance-là, parce que ça aurait impliqué que je te déçoive comme j’ai déçu mon frère. » Ancrée dans le déni, Reira n’aurait jamais pu offrir à Chance ce dont il avait besoin. Dès que les choses se seraient officialisées, elle aurait assurément fui dès la première difficulté. Parce que c’est la seule chose qu’elle a su faire pendant sept ans, fuir dès que le cœur se faisait coincer par la peur. Elle a cru qu’il serait plus heureux sans elle, sans cette relation qui aurait volé en éclats par sa faute un jour ou l’autre. Est-il vraiment heureux aujourd’hui ? « Depuis que j’ai abandonné ma famille, j’ai toujours eu la crainte de m’attacher à de nouvelles personnes, peur de m’ancrer un peu plus dans la fausse réalité que je me suis créée. J’ai jamais accepté la mort de la danseuse, j’ai fui pour construire une Reira qui n’a jamais vécu l’Académie, qui n’a jamais vécu en Russie et n’a jamais rêvé du Bolchoï. Une Reira qui n’était pas une Reira, sans attache, sans dépendance. » Sans le remarquer, une larme s’est mise à perler pour rouler sur sa joue. De base, elle n’aurait jamais dû causer de son rêve déchu, c’est en rencontrant le beau soldat que son cœur a basculé vers une autre partie du mensonge, celui où elle oublie la frontière entre réalité et mensonge. Alors qu’elle observe encore les arbustes qui ondulent sous le vent délicat, son visage se tourne enfin vers Chance. Car cette discussion est sur eux, pas sur les démons angoissants de la brune. Sa respiration a retrouvé son calme, les flots se sont apaisés dans son cœur. Clope entre les doigts, elle pose ses fesses sur la fenêtre, de quoi relâcher son attention et détendre sa jambe de terre qui maintenait jusque-là tout son poids. Hésitante, elle croise tout de même le regard du pompier. Un regard qu’elle ne sait pas interpréter. Déglutition pénible, elle tente de chasser la boule dans sa gorge. « C’est quoi l’issue Chance ? Que j’aille à l’autre bout de la Nouvelle-Zélande pour qu’on se voit plus ? J’suis prête à le faire si ça peut t’aider à m’oublier et à être heureux. » Rejet de la souffrance ironique parce que c’est la séparation qui l’a créée. Mais s’il pense pouvoir être heureux avec cette autre femme, alors elle n’a plus rien à faire là. La vision du baiser à ce foutu gala lui serre violemment le cœur, avec force elle s’accroche à cette cigarette sur laquelle elle tire. Réflexe de vieilles soirées durant son tour du monde, son visage se tourne vers l’extérieur pour laisser s’envoler la fumée vers les cieux. « Je t’ai vu. Avec cette quelqu’un d’autre… Au gala. » Une profonde inspiration secoue sa poitrine, son regard douloureux retrouve le sien. Elle parle lentement, trop lentement, ne peut retenir les fêlures dans sa voix à chaque fin de phrase. Le sol s’écroule sous ses pieds. « Chance, si tu es heureux avec elle, je ne vais pas tenter de me refaire une place dans ta vie. Je ne veux pas te faire vivre ça. » Ça l’achève de pousser ces paroles rudes qui peinent à sortir. Nouvelle fin qui se dessine, comme si la première n’avait été qu’un essai pour préparer celle-ci.
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Dernière édition par Reira Tsvetkov le Ven 29 Jan - 13:50, édité 1 fois
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Jeu 28 Jan - 17:05
Palpitant qui ralenti, sensation d'un arrêt vif et douloureux. Poignard qui tourne et retourne dans ta poitrine, souffle court; tu lui a donné le paquet de clopes et le briquet sans réfléchir et maintenant tu la regarde toiser le bâton meurtrier sans l'allumer. Elle est ailleurs, ne relève pas ses pupilles brillantes vers toi. Et quand elle le fait, t'as l'impression que le sol s'écroule sous tes pieds. Tes jambes ne te portent plus, puis elle ouvre la bouche, elle te pose les questions qui lui brulaient la langue depuis tout ce temps. Et toi t'as juste envie de fuir. Prendre la porte et rentrer. Parce que tu sais pas où cette conversation va vous mener mais t'as sincèrement peur de la tournure qu'elle est en train de prendre. T'es pas prêt à lui parler de tout ça. T'as essayé d'enterrer tes sentiments pour elle, juste pour préserver votre relation et voilà qu'elle te demandait d'en parler, de les mettre en avant et de t'expliquer. T'avais réussi à les avouer à Piotr, mais t'étais pas sûr de pouvoir avec Reira. La dernière fois que tu l'avais fait, elle t'avait rejeté, et tu t'es retrouvé le cœur en miettes à essayer de lutter contre ta mémoire perceptive. Oublier la douceur de sa peau, le goût de ses lèvres, l'odeur de son cou. Oublier la joie que son sourire te procurait, les frissons de ses mains sur ton corps, sa présence unique et dans toute sa généralité. T'as pas réussis et voilà qu'elle remettait ton éloignement sur le tapis. Qu'est-ce qu'elle aurait voulu ? Que t'essayes d'être son ami alors que t'étais dingue d'elle ? Que la voir heureuse sans toi t'aurait brisé un peu plus chaque jour ? Elle aurait voulu pouvoir se confier à toi, s'épancher sur ses conquêtes, ses aventures et que tu sois une oreille attentive, capable de mettre sa passion à l'écart pour son bon plaisir ? Est-ce qu'elle aurait aimé que tu lui tienne la main, que tu l'accompagne comme un ami, et que parfois tu finisses dans son lit pour passer le temps ? Est-ce qu'elle pensait vraiment que t'aurais été capable d'annihiler tes sentiments à ce point pour elle ? Pour le simple plaisir d'être son ami ? L'idée ne t'a jamais traversé l'esprit parce que tu te savais incapable d'un tel assentiment alors que déjà en septembre t'étais enfermé entre les murs de la passion qui brulait chaque organe de ton corps. La colère qu'elle puisse imaginer que ça aurait pu être possible monte peu à peu, fait grandir un feu timide, une fumée toxique qui s'élève pour recouvrir les parois de ton cœur. L'égoïsme de cette pensée te serre le ventre, coupe ton souffle pendant que tu l'écoute, muet. Tu réussis à te ressaisir en reculant, à t'asseoir pour que tes jambes arrêtent de trembler, que la russe ne se rende pas compte de ta défaillance. Tu fixe un point, celui qui te permet de rester concentré, celui qui te permet de répéter les mots de Reira, les faire tourner en boucle. Est-ce que t'essaye d'être son ami ? Est-ce que ce sera un jour possible ? Est-ce que t'as essayé de t'en persuader, naïvement, alors qu'au fond ça ne sera jamais le cas ? C'est à cette question que tu répond d'abord, à mi-voix, tout bas. Puis tu t'élève, tu laisses ta pensée sortir. Non, t'es incapable d'être son ami. T'es aussi incapable de lui dire que tu l'aimes, incapable de sortir ces trois petits mots, là, tout de suite. Parce que ça presserait à nouveau ton cœur alors que la main qui t'empêchait de battre avait enfin décidé de le laisser tranquille. Parce que t'attendrais incommensurablement une réponse, et t'étais effrayé de celle qu'elle pourrait te donner. Que le tableau que vous étiez en train de peindre ne serait en fait qu'une copie, encore plus catastrophique, de votre première tentative. T'avais l'espoir que votre relation se serait améliorée, que vous retrouviez un terrain d'entente, une ligne agréable de conduite qui vous réunirait lorsque vous en auriez été obligé, pour Piotr par exemple. Mais t'avais l'impression qu'importe la tentative, elle serait ratée. Vous étiez tout simplement impuissants face à l'évidence tragique de votre relation. T'as laissé échappé la possibilité que tu ais essayé de passer à autre chose. T'as parlé de Fiona, indirectement. De ces sentiments que t'aurais pu développer si ton corps n'était pas en manque constant de la russe. T'aurais pas dû, alors tu dévalais la pente dangereusement. T'essaye de noyer l'annonce dans le flux de ta parole, remarque l'illusion d'une distance qui ne fait que grandir entre vous. Et quand t'as finis tu vois les yeux de Reira éviter tes prunelles. L'ignorance de son visage encore plein de vie il y a une heure déchire les tissus restants de ton cœur; ceux qui protégeaient la myocarde fissurée de ton être. Tu te reprend quand tu l'entends suffoquer, la vois se lever, clopiner et rejoindre la fenêtre que t'as ouverte quelques minutes plus tôt; avant tout ça. Ça va trop vite pour ton esprit qui tournait au ralenti, peur de brusquer ton palpitant qui reprenait à peine le contrôle des battements frustrés. Tu la suis des yeux, t'es prêt à bondir si tu la vois tomber, prêt à la rattraper si elle s'effondre. Dévoué jusqu'au bout, la brune avait ton cœur, ton corps, ton âme. Elle t'avait pour elle tout entier et pourtant, t'étais incapable de lui dire. Mais ton oreille entend son souffle se reprendre, devenir plus lent; elle entend aussi le briquet, le sifflement de ses lèvres qui expulsent la fumée mortelle. Avancé mais toujours sur ton fauteuil, tu joint tes mains, coudes sur les genoux. Tu fixe tes pieds, jusqu'à entendre l'accent distinctif de la russe. Tu relèves la tête sans la tourner vers elle pour autant, évitant de poser tes yeux sur la silhouette dissimulée par le large T-shirt. Fourmillement qui emprunt tes membres, ton talon se soulève d'un rythme rapide, saccadé, impatient. Les picotements imprègnent même tes organes et c'est ce qui te fait te lever, faire les cents pas, les yeux livides pendant que t'écoutes attentivement la voix brisée qui s'élève pour envelopper tes oreilles, frissons glacés. Elle se livre enfin, avoue l'importance que t'avais pour elle et qu'elle cherchait à dissoudre comme t'as tenté d'éclipser tes propres sentiments à son égard. Mais la blessure de l'ancienne danseuse était plus pesante. Relationnel catastrophique, l'angoisse de s'attacher, celle d'être déçue et de décevoir. Sentiment d'incapacité à répondre à ce qu'on attendait d'elle. La peur d'oublier ce qu'elle était, ce qu'elle est toujours et qu'elle a cherché à évincer. La terreur d'une réalité à laquelle elle n'était pas prête, celle de tourner la page de son rêve brisé. Le cercle hasardeux de tes pas te mène à à la fenêtre quand tu sens son regard glacé se poser sur toi. Tu lèves les yeux vers elle aussi, à quelques mètres de son corps, figé dans le temps. Son corps se détend quand le tient se raidit. Abandon pressenti dans son regard, t'as envie de lui hurler de ne pas dire ce qu'elle s'apprêtait à lâcher. La ligne d'arrivée derrière laquelle tu aurais dû courir venait d'être franchie, si seulement la brune n'abdiquait pas au dernier moment. Pourtant c'est ce qu'elle venait de faire; et tu la regarde prononcer ce que tu prenais pour ta sentence, pupilles vitreuses. La clope qu'elle glisse entre ses lèvres te donne envie, là tout de suite. Mais peut-être que t'envie encore plus ce bâtonnet d'avoir droit au contact avec les lippes de la jeune femme. Tu sers le poing, détourne les yeux quand elle te rappelle le gala. L'insouciance de cette soirée te manque, ces quelques instants ou pour une fois, tu avais su oublier la russe, jusqu'à même sa présence sur les lieux. Mais tes sentiments sont revenus au galop, peut-être encore plus vite qu'ils ne s'étaient éclipsés. Elle tourne la tête à nouveau vers toi, regard doux et douloureux en même temps, t'entends déjà ses mots avant qu'elle ne les prononce; aboutissement logique à ce qu'elle a déjà laissé échappé. Tu secoues lentement la tête de quelques millimètres, presque invisibles. T'es pas d'accord avec ce qu'elle va dire, mais le dire te briserait. Parce que tu refusais de faire ça. Tu refusais de trahir la confiance de l'américaine qui ne méritait pas la souffrance de cette place entre Reira et toi. Pourtant la danseuse mène la conversation, et elle prononce le crève-cœur. Le visage blême tu la fixe, interdit. Tu lui en voulais d'avoir prit cette direction; tu lui en voulais de ne pas être capable d'attendre quelques jours, juste le temps de parler à Fiona... Et tu t'en voulais aussi, t'aurais jamais dû avoir la prétention de penser sortir de cet abysse dans lequel Reira t'avait envoyé. Pourtant tu pouvais pas attendre inlassablement qu'elle soit prête; elle aurait pu ne jamais l'être. Mais toi t'aurais été capable de l'attendre des mois, des années. T'aurais tout fait pour être avec elle; accroc à cette chaleur qui emplissait ton cœur dès que tu la voyais, dépendant de ses iris perses et de la douceur de ses mains, apaisé de tes pires angoisses par la simple tonalité de sa voix... Pourtant, elle te posait une question à laquelle il t'était impossible de répondre. T'aurais pu être heureux, avec Fiona. Tu le savais. Le timing n'était juste pas le bon, trop tôt ou trop tard, t'étais pas sûr. Mais elle méritait quelqu'un qui l'aimerait vraiment, qui la rendrait heureuse sans être perdu dans dans les méandres d'un passé qu'il n'a pas su rattraper à temps. T'étais pas fait pour Fiona. Mais est-ce que t'avais le droit, pour elle, de le dire à la russe aujourd'hui ? Est-ce que tu serais correct ? Mâchoire serrée, tu tentes quelques pas pour réduire la distance qui te sépare du corps mince de l'ancienne danseuse. Tu t'arrêtes à temps, réprimant ces bras près à l'enlacer et la serrer contre toi. T'aurais aimé, mais tu ne pouvais pas garantir l'issue de ce contact que t'attendais presque et pour lequel tu brûlais. A la place, tu t'adosse contre l'autre battant de la fenêtre. « C'est avec toi que j'aurais pu être heureux. » T'avais réussi à pesé le "pour" et le "contre", mais il n'avait fallut qu'un seul point en faveur de ton annonce pour que tu te lance. Tu ne pouvais pas la perdre à nouveau; son absence t'avait détruit. Il t'avait fallut une nuit entière pour te rappeler de sa présence, ensuite effacée par les blessures, dans ton passé. Mais t'avais eu besoin que d'un regard pour comprendre que t'étais amoureux d'elle, que t'étais prêt à tout donner pour elle et son bonheur. « J'ai pas envie que tu partes. J'ai pas envie que tu disparaisses de ma vie. T'as fais une promesse à ton frère, tu te souviens ? J'l'ai prise pour moi aussi, cette promesse... » T'oses pas la regarder, alors tu fixes le bâtonnet de tabac considérablement réduit; pupilles qui s'embrument. « J'ai besoin de toi près de moi. J'ai pas envie qu'on soit amis mais je peux pas te laisser me fuir. » Les muscles de ta mâchoire se crispent, saillants sous ta chaire. « Mais si t'as besoin de temps... je peux t'en laisser. T'as juste besoin de me le dire et je te laisserais tout le temps dont t'as besoin, Reira. Vraiment. » Tu murmures le souffle court, la voix brisée par l'émotion. « Je peux pas te laisser partir une deuxième fois... Alors... Laisse-moi te retenir.»Laisse-moi t'aimer.
Dernière édition par Chance O'Brien le Jeu 28 Jan - 22:16, édité 1 fois
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Jeu 28 Jan - 21:03
— Pulsations à contretemps, le cœur igné signe sa propre symphonie cacophonique. Suites arithmétiques des mêmes sentiments, de ces mêmes questions qui trottent dans le crâne. Aimer ou ne pas aimer. Être aimée ou ne pas l’être. Pourquoi faut-il qu’elle vive ça maintenant ? Elle aurait pu continuer de profiter des bienfaits de sa relation retrouvée avec Chance. Ça aurait été un désir égoïste partagé. Aucun d’entre eux n’a envie de laisser la parole au palpitant, évidence exécrable qui les bouffe. Bloquée dans le même présent, suspendue à chacun des gestes et paroles du brun, Reira ne trouve pas le moyen de sortir de sa léthargie. Elle a le corps éteint depuis que Chance s’est enfui vers la cuisine, depuis qu’il a éludé la conversation sous-jacente. Allô maman bobo, myocarde ici la Terre. Ses entrailles grognent et tremblent tandis que son visage reste fermé, hermétique aux éléments extérieurs ; reflet de l’âme dans les prunelles. L’angoisse gagne du terrain à mesure qu’ils se jaugent en silence, perdus dans les tressaillements des cœurs meurtris. Des points dans chaque camp, des brisures et des fêlures causées par l’autre ; tout ce temps passé à se déchirer de regards déviés et de mots manqués. Balle au milieu. Mise à plat nécessaire. Ou désastre imminent. Monde divin entre leurs mains qui s’écrase, utopie balayée par les échanges verbaux. Il est trop tard pour reculer. Les deux pieds dans le plat, la russe se retrouve engluée dans ce lahar, coulée brûlante réaliste qui rogne son âme. Les iris brillantes du liquide salin ne remontent pas sur les courbes masculines. Elles ne glissent pas jusqu’aux traits de son visage assurément aussi tendus que les siens. Reira, elle a trop peur. Elle a la frousse de creuser les signes non-verbaux qui trahirait ses sentiments. De toute façon, sa cervelle grillée la perdrait dans d’innombrables biais cognitifs. Une issue. Pas d’amitié. Incapable de bouger, de foutre le bâton de goudron entre ses lippes, elle attend, elle écoute. Il y a cet espoir d’entendre ce qu’elle veut, que le cœur de Chance attrape l’appel du sien, qu’ils s’enlacent et rigolent de bon cœur en se disant que ce n’était pas si compliqué de faire coïncider leurs sentiments. Mais l’écran opaque entre eux bloque la communication. Le contact est rompu, sos lancés aux environs ne rebondissent que sur les murs du salon, meurent lâchement contre le sol. L’entente complice s’envole et ne se laisse que l’ambiance pesante qui les enveloppe sournoisement depuis des mois. Le malin s’infiltre contre le coquillage de son oreille pour lui insuffler le désespoir de pouvoir recueillir le myocarde du brun entre ses doigts fins. Il est perdu Chance, pour toujours ; peu importe à quel point il pense à elle. Il n’y a qu’une issue, ce n’est pas l’amitié. L’amour ? Il semble pourtant si loin, soleil flamboyant qui lui crame les ailes. Elle se mettrait à genoux pour ça, elle soulèverait l’Everest pour lui. Depuis toujours, elle aurait tout fait pour lui. Tout fait sauf lui offrir ce qu’il voulait, ce qu’elle réclame ironiquement aujourd’hui. Bêtise enfantine qui l’empêche de distinguer clairement ce qui peut pourtant se peindre encore aujourd’hui, entre eux. Ses dents s’écrasent sur sa langue, violemment pour sonner l’alarme. Elle a ce filet infime de sang qui tapisse son palais d’un goût métallique désagréable. Elle recommence à se faire du mal pour taire la douleur psychique qui s’immisce dans son être. Les yeux du démon incandescents la toisent, perfidie ignoble qui l’étouffe alors qu’elle encaisse l’annonce de cette autre femme. Car elle sait au fond d’elle de qui il s’agit ; l’amour ne l’a pas rendue aveugle, bien au contraire le gala lui a bien montré ce qu’elle venait de perdre. Démangeaison dérangeante, colère serpentine qui s’enroule autour de son cou. L’oxygène se raréfie, les membres pris de soubresauts vivent de millions de fourmis malsaines qui déconnectent les nerfs. Reira ressent tout et rien à la fois. La sentence de Chance lui tombe sur le coin du crâne et occulte toutes les paroles d’espoir d’un duo renaissant de ses cendres. Une seule issue, celle pour ne plus souffrir. Alors pourquoi elle a commencé à souffrir quand il n’était plus dans sa vie ? Parce que cette issue ne vaut rien, elle ne fait que distendre le temps avant de les rappeler pour l’heure du jugement dernier. Ce n’est qu’un cycle au bout duquel une clochette sonne, les téléporte dans la tragédie grecque qu’il dessine en chœur avec le pinceau de leurs âmes. Ses pupilles agitées craignent la lumière ; et incapables de se poser sur Chance, Reira sombre un peu plus. Elle a la gorge serrée, perd la capacité à respirer, détresse respiratoire qui danse en rythme avec l’arrêt cardiaque, et que rien ne peut arrêter. Le calmant à ses côtés est trop loin, inatteignable de l’autre côté du fossé qui les oppose. Deux vies liées pourtant si éloignées. Ce qu’elle aimerait pouvoir suffoquer dans ses bras, tâcher son t-shirt de ses larmes jusqu’à ses paroles réconfortantes fassent leur chemin jusqu’à son cœur. Ses doigts voudraient pouvoir s’ancrer dans sa chair, marquer son appartenance et réclamer cette âme dont elle a toute entière. Elle serait prête à se consumer contre lui, jusqu’à la fin des temps. Sans la main salvatrice pour se sortir de la tourmente, elle trottine difficilement jusqu’à la fenêtre, paupières plissées et tympans sifflants. C’est trop dur de supporter le feu ardent qui ravage tout sur son passage, trop dur de défier la réalité. La russe n’en est pas capable elle ne l’a jamais été. Pour ça, elle doit s’empoisonner. Par le mensonge ou la clope pernicieuse qui se glisse entre ses lèvres, qui la force à griller la souffrance. Maigre lot de consolation, elle a besoin de quelques minutes pour retrouver un souffle régulier, offrir une attention au monde et des mots cohérents à Chance. Parce qu’il mérite des paroles, des explications. Tout ce qu’elle n’a pas pu lui donner en Septembre, tout ce qu’il aurait pourtant mériter. Bordel, il mérite mieux qu’elle, il n’a pas besoin d’une gamine incapable de vivre sa vie sans se cacher derrière le tissu mensonger. Mais, mentir sur ses envies était bien plus facile que d’avouer les troubles qui l’habitent. L’horrible vérité qu’elle débite lui tord le gorge, presse cette larme à humidifier la joue trop lisse. Reira exprime ses peurs enfouies, les raisons de son refus de continuer. Ces choses qu’elle a gardées en elle, trop attachée à l’image nette de la danseuse plus forte que tout ; celle qui n’a pas été entachée du drame et de l’ignominie. Le train de mots se stoppe, ne laisse l’espace qu’aux bruits de pas de Chance. Peut-être qu’il est sa réponse, ce phare dans la nuit, celui qui la guidera contre vents et marées. Non, ce n’est pas peut-être, c’est une certitude. Il suffit qu’elle pose ses prunelles sur lui pour sentir un souffle nouveau remuée son âme. Même dans cette situation crève-cœur où il a entre ses mains le pouvoir de lui arracher l’organe vital, c’est de ce regard et de cette présence dont elle a besoin. Alors elle réclame des réponses, une solution miracle pour mettre fin à leur calvaire. Le pompier a déjà trop sacrifié pour les beaux yeux perses, c’est à son tour de faire l’effort. Qu’elle doive partir dans la ville d’à côté ou retourner à des milliers kilomètres d’ici, elle le fera si c’est ce qu’il faut. Elle dessinera la solution magique dont ils ont désespérément besoin. Parce qu’il est heureux loin de son âme toxique, ses propres yeux l’ont vu. Ces mêmes prunelles qui tombent sur l’azur des iris d’un Chance soudainement proche, trop proche. La proximité lui fait vibrer l’épiderme, cette peau qui réclame son contact. Elle espère pour un rapprochement, s’égare dans une respiration hasardeuse dans l’attente d’un effleurement, une caresse, une étreinte ou un baiser. Rien ne vient ; il s’adosse contre le battant de la fenêtre en laissant presque trop d’espace entre eux. Ses yeux le quittent pour se poser sur le bâton de clope qui s’engouffre à nouveau entre ses lèvres avant de retomber mollement le long de son corps. Elle voudrait pouvoir s’enfuir, ne pas connaître le verdict, retrouver ses œillères adorées. Sentiments symptomatiques du mal-être, ils ne servent qu’à se vriller le crâne, à se briser de l’intérieur. Reira craint en toute évidence d’être rejetée, de subir le même sort facétieux que celui qu’elle a infligé au pompier. Toutefois, l’angoisse perpétuelle de décevoir guette. Si les sentiments de Chance sont toujours là, est-ce qu’elle sera à la hauteur ? Est-ce qu’elle sera capable de tapisser son univers de la même douceur dont il fait preuve avec elle ? Est-ce qu’elle aura ce pouvoir de lui faire couler des jours heureux ? Et si elle n’était pas capable de vivre la vie d’un petit couple parfait, rompant leurs engagements dans quelques mois ? Et si toutes ces belles promesses voulaient en éclat ? Elle manque de s’étrangler lorsqu’il avoue qu’elle a eu ce pouvoir de le rendre heureux. Le conditionnel formule le souhait, l’hypothèse qui aurait pu se vanter d’être concluante si la condition avait été remplie. La porte s’ouvre à nouveau. La brune a le choix qui s’offre à elle, avec l’interdiction d’opter pour le mauvais. Ses pupilles ne daignent pas croiser les siennes, figées sur le sol sous leurs pieds, sur ce mégot au bout fumant. La cage thoracique cesse tout mouvement quand Chance évoque la promesse de la sœur à son frère, celle dont elle lui a parlé. Rester, se battre. Il l’a prise pour lui. Son visage se tourne automatiquement vers les traits tendus du brun. Elle l’observe avec de grands yeux, regard curieux d’une enfant qui serait en train de découvrir le monde. Il pense qu’elle peut se battre pour lui ? Il le veut. Elle voudrait fondre sur lui, l’envelopper de ses bras et des mêmes expressions rassurantes que celles qu’elle a eu pour son frère. Néanmoins, la distance semble toujours présente, fantôme prudent du passé qui les garde à bonne intervalle. Le désordre refait des siennes parce que Reira elle ne sait ce qu’elle doit lui dire, ou même si elle doit lui dire quelque chose. La russe ne veut pas ouvrir la bouche, elle veut juste serrer son amant contre elle, lui susurrer des mots doux à l’oreille pour chasser la noirceur. Parce qu’il a besoin d’elle, qu’elle a besoin de lui. Aucune preuve n’est aussi suffisante et nécessaire que celle-ci. Ça saute aux yeux, ça bouscule le cœur dans une tendresse inespérée. Et Chance, il arbore toujours sa magnanimité divine, prêt à attendre sa bien-aimée durant des siècles s’il le fallait. Les yeux de Reira se mouillent un peu plus, affection soudaine qui l'enlace et la berce tendrement. Le cocktail mélodieux des mots de Chance explose en même temps que sa voix ne se brise. Une nouvelle larme dévale la joue, puis une autre, et une troisième. Elle n’arrive pas à formuler de propos qui égalerait les siens, alors elle se contente de chercher sa main du bout des doigts. La clope change de partenaire, retrouve sa main gauche pendant que les doigts de droite s’emmêlent à ceux de Chance. Ils recréent le contact solide qui les a propulsés l’un contre l’autre depuis une semaine. Contact providentiel dont elle se nourrit avant de trouver la force de faire marcher ses neurones pour enfiler deux mots à la suite. « Je suis là, Chance. Avec toi, pour toi. Je ne veux pas te lâcher, ni t’abandonner. » Voix douce, fleur gracieuse qui éclot timidement. Cette main qu’il n’a pas délaissée un seul instant dans le camion, aujourd’hui elle lui rend. Geste anodin pourtant lourd de sens. Le regard toujours posé sur ses traits, elle l’observe et juge les traits durcis par le bouleversement interne, par la confusion qui règne, pourtant prête à se soumettre à l’évidence. Reira écrase le cadavre de cigarette contre le mur, le laisse sur le rebord de la fenêtre, en attendant. Parce qu’elle a mieux à faire. Délicatement, elle vient poser son index sous le menton de Chance. Douce pression pour le forcer à la regarder, croiser ce regard aussi embué que le sien. Puis elle embrasse l’ossature de sa mâchoire de ses doigts, pouce contre sa joue qui l’effleure tendrement. « Je veux que tu sois mon ami, mon pas doué en cuisine, mon confident, celui qui me fait sourire et rire, le pompier qui me sauve dès que je défaille… mon amant. » Il est tout pour elle, il est cette entité qui vient compléter son être. La vérité a pris son temps pour faire son chemin jusqu’à son cœur blindé, glacé par sa destinée mise en pause. Et malgré cela, Chance il s’est glissé à l’intérieur et a tapissé le myocarde de sa présence, l’a comblé en un rien de temps. Ses pupilles scannent les siennes, la bouche entrouverte pour déballer de nouvelles paroles. « Je n’ai pas besoin de temps, je l’ai déjà eu… J’aurais préféré ne pas en avoir besoin, crois-moi mais… il fallait que je réalise qu’en fait, j’étais prête, que c’était qu’une stupide peur totalement insignifiante à côté d’un cœur brisé. » Elle devait réaliser la blessure qu’elle a sculpté dans son cœur, sentir la brûlure de son ignorance attaquer le sien, voir une autre obtenir celui dont elle a besoin. « J’partirai pas, si t’es là. J’serais à tes côtés jusqu’à ce que tu ne veuilles plus de moi. » susurre-t-elle à l’organe palpitant du brun comme si une piqûre de rappel s’imposait déjà. Elle ne pense plus au gala, ni même aux paroles de Chance à ce sujet. À cet instant-là, elle veut juste être avec lui, aller jusqu’au bout du monde et vivre jusqu’à la fin des temps.
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Ven 29 Jan - 0:26
En t'approchant de la fenêtre tu pensais pas devoir réprimer cette envie de la prendre dans tes bras. Pourtant, tu te retrouve à installer cette distance pesante entre vous, mur invisible entre vos cœurs en quête d'amour. T'aimerais être capable de lui avouer entièrement chaque sentiment qui empruntait le chemin de tes artères pour rejoindre ta myocarde, lui nommer tout ce que tu ressentais une fois le contact nerveux établi. Mais t'arrivais déjà pas à tous les assimiler, prit de spasmes tumultueux, courants électriques qui parcouraient ton derme. A la place, tu lui avoue que t'as été près d'être heureux avec elle, que t'aurais pu si le temps n'en avait pas décidé autrement. Tu lui avoue à demi-mots, t'aimerais ajouter que c'est toujours possible, qu'il n'y avait qu'un mot à dire. Et même si elle n'arrivait pas à prononcer ce mot, elle pourrait toujours ne le faire qu'en te regardant. Parce qu'un simple clignement de sa rétine et tu plaquais tout. C'est que tu serais capable de la suivre à des milliers de kilomètres d'ici, laisser ta nouvelle vie rien que pour ses beaux yeux. Mais tu savais qu'elle ne te le demanderais jamais; pourtant, si ça arrivait... Tu partirais. Oui, tu la suivrais. Parce que tu ne pouvais pas supporter l'idée qu'elle soit loin de toi. La souffrance de son absence avait déjà été assez pesante, tu ne pourrais pas la laisser partir. Alors tu lui dis, ta voix se brise, mais une main chimérique essaye de réunir les morceaux de ton cœur, les empêchant de s'enfuir. Rappel d'une promesse faite, assentiment amical que t'es psychiquement incapable de lui offrir, tu lui laisse le temps dont elle peut avoir besoin. Parce qu'il ne manquait que sa présence pour te rendre totalement heureux. T'arrivais à recoller les morceaux de ta vie, peu à peu; passé finit il te restait un avenir à construire. Silhouette effacée de ce destin que t'essayais de prévoir envers et contre tout, elle reparaissait peu à peu depuis ces sept derniers jours, sous les traits nordiques de la brune aux yeux de gel. Tu ne voyais personne d'autre à cette place, incapable d'aimer comme tu l'aimais elle. Courant d'air léger, pression souple de ses doigts qui cherchent une prise, la trouvent et s'entrelacent entre les tiens. Contact réconfortant d'un sentiment qui est né de sa peau contre la tienne, cette nuit là, au Cameroun. Elle te dit être là, qu'elle ne te laissera pas. Son corps, gracieux malgré l'atèle envahissante, attiré par le tiens, son autre main vient relever ton menton. Tes yeux remontent sa silhouette, devinent les courbes sous son T-shirt, les caressent délicatement, pensée entre mémoire et mirage. Puis ils retrouvent son visage, la pulpe de sa bouche, ses joues sur lesquelles glissaient les gouttes salines qui s'échappaient de sa cornée. Ta propre bouche entrouverte à la vue de la russe, tu serres un peu plus sa main droite, la seconde venant se poser sur celle qu'elle avait laissé sur ta mâchoire. Vos iris se croisent sans se lâcher, lien rétablit entre vos âmes. La main qui plus tôt empêchait ton cœur de palpiter venait de récupérer tous les morceaux déchirés pour les réunir, les recoller un à uns autours du muscle central, symbole de sentiments. Tu laisses échapper un soufflement amusé quand elle s'enquiert de ton absence de talent culinaire avant de laisser tes iris la scanner alors qu'elle avoue enfin avoir besoin de la relation charnelle qui vous avait unie pendant de nombreuses nuits. Tu restes plongé dans l'océan du nord qui emplissait ses yeux, la glace avait fondu, chaleur apaisante. L'humidité dans les tien s'était échappée, laissait la place à cette étincelle qui s'allumait dès que tu la regardais. Mais t'étais toujours incertain de l'issue, quand bien même son cœur s'était ouvert, vos mains pouvaient s'être retrouvées, la chaine tendue entre vos âmes ressoudées, il y avait toujours cette incertitude qui jouait a l'équilibriste, manquant de tomber à plusieurs reprises mais qui se rattrapait toujours, à la dernière minute. Est-ce que la russe était prête ? Est-ce qu'elle s'ouvrirait à toi entièrement et pleinement ? Est-ce que son cœur t'appartiendrait comme le tien l'était avec elle ? T'avais besoin de réponses à des questions que tu ne posais pas, et que tu ne poserais pas. Parce que, comme si elle était entrée dans ton âme, qu'elle l'avait possédée et qu'elle s'était éprise de chaque parcelle de toi, elle venait répondre à tes interrogations. Qu'elle avait déjà eu assez de temps, que la peur avait prit le contrôle de ses choix, qu'elle s'était improvisée maitresse de son âme. Mais qu'aujourd'hui elle était prête. Cette chaleur qui part de ton ventre pour se répartir jusqu'au bout de tes ongles sème un frisson long et régulier derrière elle pendant que Reira ajoute que sa présence dépendait de la tienne; rattachée à la tienne, son âme s'adonnait enfin à la quête qu'elle avait considérée insignifiante jusqu'ici. Comme si ses paroles avaient suffit à réparer ton cœur affaiblit, tu t'es laissé bercer par sa douce voix, les parois déchirées de ton palpitant se recollant avec le souffle chaud de la russe à quelques centimètres de toi. Tes mains viennent couper le contact qui régnait sans interruption depuis les déclarations de la brune, se posant sur ses hanches, taille marquée. Tu l'attires contre toi, rapproche son corps du tient, pression de vos fronts l'un contre l'autre. Tu sens son nez lisse et frais se coller contre le tien pendant que tu inclines la mâchoire pour coller tes lèvres aux siennes. Union attendue de vos lippes, les braises se rallument déclenchent le feu asphyxié par l'incertitude qui venait de perdre l'équilibre. Il n'y avait plus aucun mur entre vous, quand bien même il y en eut toujours un bien présent; tu savais maintenant que la discussion que tu prévoyais d'avoir ne te mènera pas à une nouvelle déception. Une de tes mains vient caresser le visage de la danseuse déchue pendant que l'autre la soutien dans le creux du dos. Chaleur étouffante du contact de vos peaux même séparées par les tissus fins de ce qui couvrait vos corps, t'as l'impression que son t-shirt fondait là où tes doigts la soutenaient, mirage mémoriel de ce contact tant connu. Quand tes lèvres quittent les siennes, tu réalises pas immédiatement. L'euphorie de l'instant présent te laisse profiter encore un peu avant que tu ne commences à remettre les pièces du puzzle là où elles devraient être. Tes pupilles cherchent l'échappatoire que tu as trouvé, l'espace de quelques instants en collant tes lippes aux siennes. Mais t'as usé ta seule chance, la prochaine serait infinie, quand t'auras enfin rebroussé le chemin que tu pensais lumineux. Tu baisses les yeux, honteux d'avoir manqué à la promesse que tu t'étais faite; tes mains laissent le corps de Reira où il était, l'une d'elle se raccroche juste à sa main, tu bout des doigts, au dernier moment. « J'aurais pas dû. » Tu murmures à propos du baiser. T'aurais pas dû mais t'en brûlais d'envie, tes lèvres demandaient les siennes sans te laisser le choix. T'aurais pas dû mais le contact prolongé de vos visages pressés l'un contre l'autre était tout juste ce dont tu avais besoin. Finalité au doute qui t'avait blessé, à la promesse psychique que tu faisais à Reira; parce que même si elle disait être prête, tu vous laisserais du temps. Vous en aviez pleins devant vous, des jours, des mois, des années même. Tu déglutis finalement avant de recroiser son regard. « Il reste une clope ?» Sourire discret, ta main tenait toujours fermement celle de la brune. Lien solide et incassable, tu ne la lâcherais plus.
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Ven 29 Jan - 16:16
— La véracité de la lettre ouverte de son cœur excite le palpitant qui cogne contre sa cage thoracique tandis que ses prunelles plongent dans l’étang bleuté de ses iris. Tête baissée, elle se noie à l’intérieur, se laisse porter par l’océan doucereux qui la guide. Le doute n’a plus sa place, soudainement balayée par le souffle de l’effondrement du mur. L’écran a disparu, le contact est rétabli, les messages traversent leurs âmes jointes du bout des doigts. Contact habituel, presque anodin à côté des endroits où leurs mains ont glissé l’un sur l’autre. Le geste ne perd pas sa force, ni son sens. Peu importe à quel point le destin cherchera à les opposer, à les déchirer, le lien continuera de se tisser et de se renforcer. Fini les aimants qui s’attirent et se repoussent inlassablement, bonjour les amants qui percent la barrière des peurs pour s’envoler. C’est cette raison indéniable qui pousse la russe à ne pas demander de délais pour réfléchir. Elle n’en a pas besoin, prête à affronter la relation renaissante encrée dans le cœur depuis des années, dès que la pulpe des doigts de Chance a effleuré ses cicatrices encore boursouflées à l'époque. Parce qu’il habite les lieux, génie de la lampe endormi qui attend qu’on polisse l’objet. Il a planté son drapeau dans les parois de son myocarde, humble propriétaire des lieux. Le déni n’a pas suffi à effacer sa présence, à arranger les tapisseries collées aux parois de son âme. Refus d’accepter l’évidence l’a contrainte à briser le cœur du brun pour se dire que cet amour n’en valait pas la peine. Ce n’était qu’une toile mensongère de plus à ajouter à l’œuvre de sa seconde vie. Plus facile de se penser libre de toute dépendance, Chance était pourtant déjà là, partout et nulle part à la fois. Elle le voyait, le sentait à chaque coin de rue, dans chaque pièce de sa maison, sans jamais pouvoir l’effleurer. Chimère fruit de son imagination, songe illusoire pour oublier qu’elle l’a perdu pendant des semaines. Aujourd’hui il se tient devant elle, leurs doigts entrelacés qui chassent les non-dits, paumes l’une contre l’autre qui dégèle les sentiments glacés. Ils ne sont plus dans cette bulle utopique du bonheur brodé par les sentiments refoulés. Connexion retrouvée, leurs cœurs s’enlacent tandis que la main de la russe renoue le contact physique avec le visage de Chance, s’enquiert de la chaleur de sa paume contre la sienne. Son pouce hésite à caresser ces lèvres dont elle s’est tant délectée. Ses doigts voudraient escalader ses pommettes, glisser sur son front ; quête de redécouverte de l’homme aimé. À la place elle murmure ses paroles délicieuses à destination du cœur qu’elle a autrefois blessé. Plus question de l’abandonner, les mains de la russe se referment sur son organe vital, prêtes à le protéger de toutes les blessures. Bouclier contre les attaques extérieures, elle sera le garde-fou construit dans le roc, la sentinelle qui ne laissera aucune arme effleurer ne serait-ce que l’aura du palpitant. Peut-être qu’elle aura du mal à trouver le bon équilibre, peut-être qu’elle n’excellera pas de suite dans ce rôle. Mais comment pourrait-elle échouer si elle compte se dévouer corps et âme pour lui offrir le bonheur qu’il mérite ? Elle n’est pas du genre à faire les mêmes erreurs deux fois la russe. À l’image d’un gosse qui teste ses limites, Reira a dessiné ses propres contours, connait désormais ses forces et ses faiblesses. Plus jamais elle ne soufflera sur la bougie chaleureuse qu’allume Chance dans le creux de son ventre, plus jamais elle n’ignorera la carte de tendresse qui se dessine dans son cœur dès qu’il est dans les parages. Le chemin a été long et laborieux, cependant nécessaire pour laisser le temps à son cerveau de se tatouer des exergues de l’amour. Le souffle de l’amant roule jusqu’à ses lèvres, relancent l’intimité oubliée. Chemin gracile de ses doigts qui termine sa course contre ses hanches, la pression délicate contre le tissu l’entraîne contre lui, danseuse sur une jambe portée par les sentiments. Reira ne lâche pas son visage, pas même quand leurs fronts s’amourachent, que les nez s’embrassent tendrement. Sa main libre s’agrippe à sa nuque tandis que le contact inévitable de leurs lippes les embrase. Déflagration de la liaison dangereuse de leurs corps qui se pressent instinctivement l’un contre l’autre, le cœur de la brune explose en des milliers d’éclats lumineux. Feux d’artifice internes, point culminant de l’exaltation des sentiments enfin partagés et avoués. L’impression d’être invincible lui fait oublier l’espace-temps, la projette plutôt dans ce monde infini aux contours définis par l’écosystème chancesque. Les barrières s'abattent, les doutes s'évaporent dans l’air ; parce qu’à cet instant précis, plus rien ne compte à part ce baiser. L’effleurement de son visage par les doigts du brun laisse la peau de Reira tressaillir, toucher exquis en résonnance avec la paume qui épouse la chute de ses reins. Tout son corps vibre à l'unisson avec celui de Chance, inévitable mot du destin : ils sont faits l'un pour l'autre. Elle aurait voulu que ces contacts durent éternellement, plus longtemps encore que le temps pendant lequel ils ont suspendu le cycle de la vie mettant l’univers à leurs pieds pour quelques douces secondes. Néanmoins, le vent s’immisce entre eux amenant avec lui les souvenirs de la cloison édifiée un peu plutôt, avant la formulation orale des pensées amoureuses. Perdue, les prunelles perses sondent sa réaction alors que le bout de ses doigts se rattrapent in extremis aux siens. Soulagement du cœur qui venait de rater un battement en l’imaginant à nouveau s’éloigner. Le murmure se cogne contre ses tympans. Elle ne comprend pas, sent la connexion se brouiller à nouveau. Péniblement, Reira déglutit ; et quand ses lèvres se pincent, elle frisonne en les sentant encore chaude et humide après leur rapprochement. Déjà trop tard pour faire machine arrière, ses doigts remontent contre les siens pour renouer leur étreinte solide, lien indéfectible qui lie depuis bien longtemps. La brune voudrait lui rassurer, laisser les mots qu’il veut entendre se faufiler jusqu’à lui. Mais qu’est-ce qu’il voulait entendre ? Ils ont senti tous les deux, ce besoin indéniable de se lier, de se retrouver. « Pourquoi ? » Rien n’est à regretter, pas maintenant, pas déjà. Et elle pense à la brune du gala, sent son âme trembler, prête à défaillir, s’écrouler dans le vide intersidéral. Le courage d’évoquer les choses sans détour se défile, la boule au ventre de déjà perdre celui qu’elle vient de retrouver. Trop tôt pour le laisser partir. Quand elle croise son regard presque gêné, Reira étire un sourire, action initialement disparue qui reprend sa place sur les lèvres rougies par le baiser. Léger hochement de tête accompagné d’une indication de la main. « Je crois qu’il en reste une ou deux, j’ai pas fait attention, le paquet est sur le canapé. » Les mains se lâchent, contraintes par la distance que doit parcourir le pompier pour récupérer le paquet abandonné aux mains de Reira un peu plus tôt. À contre cœur elle relâche la pression de ses doigts autour des siens, incapable de pouvoir le suivre. Toujours appuyée contre l’encadrement de la fenêtre elle l’observe de loin, sent encore son souffle chaud contre ses lèvres, l’empreinte de ses mains encore brûlantes contre son épiderme. Elle meurt d’envie de renouer ce contact trop vite lâché. Cependant son instinct lui tonne de ne pas se précipiter, il est toujours question de temps entre eux. Sans oublier cette autre femme qui ne perd pas toutes ses chances aux yeux de la russe. Soupir inaudible qui secoue les poumons, expulse tout le dioxyde de carbone faisant table rase des inquiétudes, en vain. En le voyant revenir, elle se décale légèrement pour lui laisser la place de s’installer, lui tend ce briquet emprunté. Leurs doigts se frôlent à nouveau accompagnée d’une divine décharge électrique, ce rayon d’espoir né entre eux. Les pupilles russes ne savent pas où se poser, suivent par défaut le chemin de la clope, du briquet, de la flamme. « Tu regrettes ? » Est-ce possiblement de regretter d’avoir embrassé celle qu’on aime ? Dans le cas de Reira, elle ne regrette pas, se remercie presque d’avoir trouvé le courage de pousser leurs sentiments à se dévoiler. Hésitante, elle craint d’apporter un nouveau drama sur la table. Son visage se tourne, attention qui tombe au sol alors qu’elle tente de formuler ses craintes, voix basse comme s’il ne fallait pas alerter d’autres âmes que les leurs. « C’est à cause d’elle ? » Sans amertume ni reproches, elle ne lui en veut pas de s’être perdu entre d’autres bras que les siens, ce n’est que la vie qui a suivi son cours. Si elle n’avait pas pris conscience de ses sentiments, la russe se serait certainement amusée avec d’autres néo-zélandais. Ses yeux rejoignent l'azur de ses iris. « Tu as besoin de plus de temps que moi Chance, j’crois. » Il doit faire le tri dans ce qu’il pense bon pour lui. Parce que si tout sonne comme une évidence dans ce salon, rien ne sera moins sûr quand il se retrouvera devant l’autre brune qui titille son cœur. Quelle que soit sa décision, Reira ne le contredira pas. Ses lippes s’étirent en un léger sourire qui se veut rassurant, bienveillant. « Il n’y a pas que toi qui es prêt à attendre, tu sais. » Il n’est plus seul dans le bateau à tenter de pagayer pour faire avancer leur relation, la belle s’y met aussi ; et la détermination russe n’est pas à sous-estimer.
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Ven 29 Jan - 18:27
L'intimité retrouvée par vos lèvres, lien immuable de deux âmes séparées prématurément qui se rattrapent enfin, installe cette chaleur constante dans ton corps. Sang qui boue au simple contact de sa peau contre la tienne, tu te délecte de cette vitamine dont t'étais en carence depuis ces quatre mois interminables. Sensation que vous vous êtes quittés pour mieux vous retrouver, tu laisses durer le plaisir du baiser. Mais il devait bien se terminer. Pourtant, t'as pas envie; tu veux rester encore un peu sur ce nuage qui te protège de l'orage, au dessus du grain, là où le soleil cogne. Reira était ton soleil; vitamine D au maximum de sa capacité, elle débordais même. Mais les nuages finiraient forcément par repasser au dessus, cacher la luminosité de l'astre brûlant, le retour sur terre ne sera que plus violent. Pourtant, tu réussis à t'y rattacher, paré par le bout des doigts de la russe que t'attrapes alors que ton corps essayait de contrer la brutalité de la chute. T'as envie de replonger dans cette mer dégelée, retrouver le contact des lippes roses, encore un peu. Pourtant tu ne dois pas, tu ne devrais pas, et tu n'aurais pas dû. Parce qu'il y avait toujours ce détail incommensurable qui te tirait, t'empêchait d'avancer dans cet abysse qui s'était transformé sous tes yeux en une mer merveilleuse à explorer. Tu laisse échapper ce murmure, vois dans les yeux de la russe l'incompréhension; la peur, aussi, peut-être. C'était trop simple, tu l'avais retrouvée sans trop d'encombre. Il fallait bien une tâche tenace qui venait salir ce trop beau tableau. Mais la tâche c'était toi. Pas Reira, pas Fiona non plus. C'était toi parce que t'avais été incapable de te rendre compte avant cette semaine de l'importance de l'ancienne danseuse. Qu'il t'avait fallut la voir dans cette détresse terrifiante pour comprendre que tu voulais la prendre dans tes bras, la serrer et la protéger contre vents et marées qui chercheraient à détruire son édifice encore fissuré. Qu'une fois solide et guérie, tu voudrais la tirer à la surface, l'emmener dans ce monde dont elle s'était cachée, coupée, qu'elle avait refusé. Lui accorder tout ce qu'elle s'était interdit jusqu'ici; le bonheur, l'amour, la joie. Que tu voulais lui offrir un nouveau rêve, une nouvelle raison de se battre. T'as été trop lent pour le comprendre, trop lent pour réagir et te battre à temps. Pris entre deux mers folles, tu devais dénouer les liens dans lesquels tu t'étais toi-même emmêlés en pensant défaire les premiers. Mais ta boussole n'était pas déréglée, indiquerait forcément le Nord; ton Nord. Tu t'éclipse quand elle t'indique l'endroit où se trouvait le paquet de cigarettes, peine à lâcher cette main à laquelle tu te raccrochait. Mais tu tenais debout, maintenant, t'étais plus l'enfant qui avait besoin des mains salvatrices pour avancer. Tu récupères la boîte en carton usée, méandres d'une peine partagée avant de retrouver la silhouette de la brune près de la fenêtre. Silhouette que t'aimerais embrasser, caresser, redécouvrir pour la troisième fois comme si ce n'était en fait que la première. Installée contre le rebord de la fenêtre, t'allumes le bâtonnet de tabac et inspire la première latte. Délice indicible, mais pas autant que le goût de la bouche russe. Tu croises son regard, prêt à répondre à cette question que t'as évité en demandant où étaient les clopes. « C'était pas correct. » Adolescent qui grandissait, t'as pourtant toujours eu cette pensée. Être correct; l'éducation y avait sa part. Garçon entouré de femmes qu'il voulait protéger, t'aurais jamais accepté ça de la part d'un homme qu'elles appréciaient. Pourtant, tu t'es laissé prendre au jeu, t'as perdu contre toi-même. Tu savais bien qu'entre toi et Fiona, il n'y a pas eu de promesse. C'était juste toi et ta conscience; toi et l'homme que tu essayais d'être. Tu voulais que Reira te fasse confiance, aussi; mais comment se penser en sécurité face à celui qui a déjà trompé ? Nouvelle question de la brune, tes yeux se plongent dans les siens, cherchent à bannir la peur qui traversait la rétine perse. « Non, je regrette pas. J'aurais pas dû mais j'le voulais vraiment. » Et tu voudrais pouvoir la retrouver aussi proche de toi qu'elle l'était ces quelques instants. Ta main libre vient récupérer l'une des siennes, retrouver la jonction que t'as brisé en éclats pour récupérer l'autre source d'addiction de ton corps. Dépendance mortelle que la russe ne pouvait pas encore surpasser malgré toute la volonté que tu pouvais y mettre. Exercice du temps, elle réussira sûrement. Nouvelle interrogation, douceur étonnante dans sa voix. Tes pupilles s'emplissent de tendresse pendant que tu amène la main que tu tenais jusqu'à tes lèvres pour un contact prolongé. « Il y avait rien d'officiel, mais elle a rien demandée. Je veux pas être ce genre d'homme. » Pourtant tu pourrais, pour Reira. Parce que t'étais faible face au corps de l'ancienne danseuse. « Je veux pas que tu penses que je suis comme ça.» Tu ajoutes en plongeant dans l'océan de ses yeux, nouveau baiser sur ses phalanges avant de laisser retomber vos bras, toujours soudés par leur extrémité. Le sourire à la commissure des lèvres de la brune te rassure pendant que tu portes la cigarettes entre tes lippes. Contact du filtre moins plaisant que le rebondit de sa peau, tu devras t'en contenter pour l'instant. Rejet opaque de tes poumons que tu dirige à l'extérieur de la pièce, tu gardes un oeil sur Reira pendant qu'elle laisse quelques mots s'évader, douce compassion qui remplissait son cœur. Elle était capable d'attendre elle aussi; vous n'étiez plus à quelques jours près. Pourtant, le feu qui brûlait en toi avait envie d'oxygène, explosion de sentiments qui ne demandaient qu'à s'exprimer pour les beaux yeux de la russe. Tu entremêles tes phalanges avec celles de Reira, nostalgie de ne pouvoir la serrer entre tes bras comme tu le voudrais. Ce que c'était dur. Dur de résister; dur de la voir à quelques centimètres de ton visage sans pouvoir goûter à nouveau à la passion de sa peau lisse, de ses lèvres. Tu détailles chaque partie de son visage, loué de son rayonnement emblématique. « Tu devrais pas avoir à m'attendre. » Tu finis par dire avant de reprendre une nouvelle latte pleine de toxine dans tes poumons. « Ça aurait pu être plus simple.» Si tu n'avais pas cherché à t'évader avant qu'elle ne soit prête. Si t'avais pas trouvé du réconfort dans les bras de cette femme que t'appréciait cependant, mais sans doutes pas plus qu'une amie. Elle aurait toujours une place dans ton cœur, souvenir envoûtant de son sourire stimulant; Fiona par sa présence dans ta vie t'avait fait grandir, mûrir, prendre conscience de l'importance de certaines choses qui te paraissaient pourtant futiles. T'aimerais pouvoir la remercier pour ce naturel touchant dont elle avait fait preuve avec toi alors qu'elle conaissait les erreurs du jeune adulte que t'as été. Peut-être que tu pourras. Cœur entre de bonnes mains, tu replonges dans les iris de celle qui le tenait; te reprend, ne voulait pas te perdre dans l'angoisse d'une heure qui arrivait. « 'Faudrait pas que Piotr rentre maintenant...» Tu suggères en soufflant, amusé. Pensée superflue qui te permettait de sortir de ton questionnement. Tu voudrais rester ici indéfiniment, ne pas être interrompu par le retour du tiers dont vous n'aviez aucune nouvelle. Tu voulais rattraper le temps perdu, créer de nouveaux souvenirs.
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Ven 29 Jan - 21:50
— Une semaine plutôt dans le camion de pompiers, les doigts russes enserraient ceux du sauveur, passerelle nécessaire pour éviter le vide. Et maintenant, la pulpe de ses doigts retrouve à nouveau ce contact bienfaiteur des phalanges du pompier. Sans Chance, elle aurait replongé dans la noirceur qui habite son âme, le serpent perfide qui s’est insinué dans son être une milliseconde après avoir réalisé l’étendue de sa première blessure. Reira n’était encore qu’une gamine incapable de voir les remparts de ses proches s’ériger pour contrer les attaques ténébreuses. Elle avait préféré se laisser entraîner dans les profondeurs, forcer son corps à s’éteindre, son cœur à se geler et son esprit à se fermer au monde. Aujourd’hui, elle a grandi. Peut-être même encore plus depuis Septembre, parce qu’elle s’est retrouvée projeter dans la réalité. Ses erreurs lui ont écarté les yeux, spéculum pragmatique qui ne lui a pas laissé le choix. La russe a absorbé le flot de reproches, les coups de poignard qu’elle tenait dans ses propres mains. Depuis le début, elle s’auto-sabote, le crâne trop englué dans le désespoir pour s’autoriser à goûter à la vie. Sans exception, la crainte somatique de perdre ce qui compte pour elle a rejeté ceux qu’elle aimait. Pourtant, la vie continue de lui ouvrir ses portes, paradis terrestre sous ses yeux. Aujourd’hui, il est là, en train de donner son cœur sur un plateau d’argent. Sérendipité glorieuse qui présente un nouveau cadeau bénéfique pour son cœur : Chance. Les lèvres amourachées se goûtent après un trop-plein de distance, doux contact qui récupère l’âme brisée pour la réchauffer tendrement. Elle ne voudrait jamais devoir se séparer de ses lèvres, ne pas perdre cette union céleste qui les lie. Et dans ce baiser, elle laisse parler son cœur, déverse ses sentiments contre l’aménité de ses lippes. Pourtant la liaison se coupe, connexion qui tressaute alors que le froid s’installe entre les corps encore chauds du contact désespérément attendu. Reira aurait préféré ne sentir que la distance physique se réinstaller entre eux, et non ce truc qui bloque la communication et fait trembler les cœurs. Il n’y a pas d’erreur possible quand il s’agit de suivre les directions qu’intiment le myocarde. Les amants n’ont rien fait de mal, ils ont simplement suivi le cri d’amour lancé par l’autre. Quand la russe le voit s’éloigner en quête du tabac pernicieux, sa gorge se serre et son cerveau carbure pour trouver une interprétation valable au demi-regret prononcé par Chance. Elle a cette foutue boule au ventre d’apprendre que ce n’est qu’une utopie éphémère qui s’est dessinée entre eux, une blague pour leur faire espérer que leurs cœurs battent enfin à l’unisson. Sa voix adoucie s’élève pour se questionner, tenter d’améliorer la netteté de la photographie instantanée des sentiments avoués. Parce qu’il y a comme une tâche d’encre qui s’empresse de bouffer le papier. Pas correct. Elle déglutit, pense de suite à l’autre femme dans son cœur. De suite, il faut qu’elle ait la réponse à la question qui la taraude. Elle s’en voudrait d’avoir poussé le pompier dans ses retranchements en le forçant à favoriser le cœur à la raison. Son regard ne trouve pas d’autres moyens que de se perdre sur le sol, en quête d’un signe quelconque du destin qui viendrait contredire ce que sa réflexion lui dicte. Reira ignore tous des détails de sa relation avec la brune qu’elle a aperçu au gala. Hélas, elle sait qu’on n’embrasse pas n’importe qui en public, aux yeux de tous. Alors, le myocarde se remet à battre irrégulièrement, pensées variées qui tournent en boucles et tentent d’imaginer tous les scénarios possibles. Elle cache ce soupir de soulagement qui relâche la poitrine tendue. Chance veut encore d’elle. Tout comme la russe, il ne s’est pas sevré de l’addiction de leurs corps passionnés. Mots délicats qui bercent son cœur d’une tendre mélodie, oubliant presque l’espace d’un instant la complexité de leur situation. Un baiser n’efface pas quatre mois d’ignorance, temps passé à vivre l’un sans l’autre. L’âme frisonne quand les doigts se mêlent à nouveau, le cœur manque un battement quand elle ose un regard sur les traits masculins, dispersent les quelques mots avec une douceur presque anodine, ton antonyme à la peur de devoir refaire face à la jalousie et l’angoisse de le voir fuir. Pourtant, trop tard, l’appréhension s’est échappée dans l’air. Autant formuler la suspicion à l’oral, elle est douée pour poser les choses sur la table ce soir Reira. Dos de la main qui absorbe la chaleur déposée par le baiser accorte du brun, un rayon de soleil sucré qui réveille la félicité endormie par l’inquiétude. Le geste tendre et contrôlé d’un homme attentionné ranime le myocarde en arythmie, l’apaise du contact délicat de ses lippes chaleureuses. L’âme se fait dorloter avant d’encaisser la nature de son autre relation. La caboche russe se secoue lentement de haut en bas, balancier vertical. Les prunelles s’écarquillent un instant sous la surprise tandis qu’elles fondent sur les iris azurées de Chance. Elle a peut-être un regard dur Reira, des traits froids, cet air inaccessible ; mais, jamais ô grand jamais, elle se permet de juger les autres. À cet instant précis, le prototype du trompeur qu’il tente de dessiner ne lui saute même pas aux yeux. Manque assuré d’intégrité pour quelqu’un d’aussi cadré que l’ancien soldat, sans pourtant être une trahison infâme. Le simple remord qui se révèle dans ce salon a de quoi rassurer la brune quant à la bonté de Chance. Il s’enquiert toujours de cette tâche de la perfection, poursuite d’un objectif sibyllin et inaccessible. Il ne peut pas être parfait tout le temps, il n’a pas à se blâmer autant pour cet écart de conduite passager. Quand bien même, Reira se mettait à le juger, ça rendrait son propre comportement bien plus abject. Car elle les a vus, elle a complété le puzzle de leur relation sans pour autant empêcher le pompier de fondre sur ses lèvres, d’effleurer discrètement ses courbes. Elle aurait pu le faire volontairement, cependant ce n’est pas non plus ce genre de femmes qu’elle veut être, pas avec Chance. Du bout du pouce, elle caresse le dos de sa main, câlinerie qui retombe le long de leur corps. Et ses lèvres esquissent un sourire douillet, le moelleux de la muqueuse qui s’étirent. « J’te juge pas, Chance. » Paroles simples, sincères du même ton délicat et apaisé qu’elle arbore depuis le retour de sa voix. Il n’a pas à s’inquiéter du regard perse sur son âme. Reira l’aime dans ses défauts et ses qualités, que ce soit sa magnanimité ou sa maladresse. Comme si les mots rassurants ne devaient pas venir seuls, la russe inverse les rôles, décidée à faire ce qui sera nécessaire pour assurer leur survie commune. Et si ce n’est pas demain qu’il vient à elle, ce sera plus tard. Ce n’est pas comme si la brune pouvait aller bien loin, destin farceur qui aligne ce soir les astres au-dessus de l’aura rosée de l’amour qui entoure les amants. Les doigts qui s’enlacent un peu plus rappelle le rapprochement recherché de leur peau l’une contre l’autre, de cette chaleur partagée. Contact salutaire qu’elle meurt d’envie d’approfondir, celui dont elle veut s’imprégner pour retrouver les baisers de Chance combler les fissures de son âme, panser les marques de vie indélébiles sur son corps. Elle aimerait pouvoir laisser courir ses doigts sur le grain de sa peau, revoir ces détails uniques qui font de Chance qui il est. Volonté crève-cœur d’embrasser cette relation pour en redécouvrir les contours. Les mots du brun la renvoient dans le passé, celui qui fait mal en rappelant les choix discordants des deux amants. Elle aurait dû faire l’effort de tenter pour lui, il aurait dû faire l’effort de lui offrir du temps. Discrètement, le sourire de Reira perd de sa superbe à cette pensée tandis que les mirettes restent aussi brillantes. « J’aurais pas dû te laisser partir. Et pourtant… Ça se serait trop facile si on savait tout. » Mais justement, ils le savaient déjà, tous les deux, ce qui traînaient entre eux. Même le crâne défaillant de la brune le savait malgré lui. Vie incontrôlable qui a glissé entre leurs doigts, ces mêmes doigts qui aujourd’hui s’accrochent ensemble à l’espoir qui se tient devant eux. Pourtant, ça ne sera pas simple de suite, pas encore. Reira doit se dépatouiller des traumatismes passés, Chance doit recentrer son cœur sur celle qu’il choisit. Tout ira cependant bien, tant qu’ils seront ensemble ; parce qu’à ses côtés, la brune est capable de surmonter toutes les vagues d’obstacles qui se présenteraient à elle. Sa remarque la tire de ses pensées, ricanement qui se lance automatiquement. « Je ne pense pas qu’il réapparaitra pour ce soir… Ça doit bien se passer aussi de son côté. Ce sera dommage que vous vous battiez dans le salon. » Sourcil haussé, air amusé dans les mirettes. Ses joues se plissent, larmes séchées qui tiraillent, sourire qui s’agrandit en plongeant dans les mirettes bleutées. Ça se passe bien maintenant entre eux, les esprits ont quitté la brume incertaine de leur relation innommée pour se promener dans une nouvelle bulle de tendresse, plus réelle cette fois. Rien ne peut venir percer le bouclier protecteur que la présence de Chance lui apporte, le cœur dans un coffre-fort dont la clé est confiée à celui qui saura en prendre soin. Malgré la providence qui l’entoure, l’évocation du petit russe titille en un autre point. Celui de l’air glacé, presque frustré qu’il arbore à chaque fois qu’elle parle de Chance, qu’elle avoue à demi-mots que son cœur bat pour lui. « Ceci dit, s’il t’a laissé venir ici en connaissant la nature de notre ancienne relation, sans te surveiller, c’est qu’il n'a pas peur et peut-être qu'il approuve. » Ou peut-être pas. En fait, elle ne sait pas réellement quoi penser de son petit frère dès que sa relation avec Chance est invoquée ; mais s’il désapprouvait réellement le tableau peint par les tourtereaux, il ne les aurait pas laissé seuls toute la journée. Le visage russe se détend, muscles qui se relâchent sans que ses prunelles ne perdent le contact visuel avec les yeux bleus du brun. Sa main serre un peu plus la sienne. « Je suis vraiment contente que tu aies été là jeudi dernier, et que tu sois là aujourd’hui. Tu es exactement ce dont j’avais besoin. » Elle prend le contrôle de leurs mains noués, les déposent sur sa cuisse à moitié nue avant de les recouvrir de sa main libre. De ses dix doigts, elle enveloppe la main de Chance, pendant que ses pupilles glissent sur l’image de leur relation renouée. Commissures qui bougent dans un sourire délicat, ému. Puis, elle retrouve les flots bleus de ses yeux sans perdre l’esquisse de ses lèvres. « Tu es un parfait baby-sitter dont j’abuse du temps. » dit-elle en riant doucement. « Je sais que tu as promis à Piotr de veiller sur moi, mais s’il revient pas de la nuit… Tu veux quand même rester un peu ? Regarder un film ? » À contre-cœur elle rappelle l’issue inévitable de cette soirée : le moment de se séparer pour la nuit. Probablement, car ça ne l’étonnerait pas de voir le pompier rester. Cependant, ses paroles lui trottent dans la tête ; ainsi, ne voulant pas le mettre mal à l’aise en l’obligeant à passer la nuit avec elle -même en tout bien toute honneur- , elle lui offre une porte de sortie avant qu’il ne regrette d’autres possibles gestes. Néanmoins, Reira meurt d’envie qu’il reste, qu’il l’enlace sur ce canapé, qu’elle laisse sa tête pendre sur son épaule, le coquillage de l’oreille contre les battements de son cœur. Elle a besoin de cette scène anodine entre amoureux.
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Sam 30 Jan - 2:26
Apaisé. Le calme après la tempête de vos sentiments qui s'étaient déversés comme une pluie abondante, surprenante et imprévue par la douceur de la journée qui s'était écoulée. Et Reira venait à peine de sortir de l'hôpital. En y repensant, t'avais l'impression que ça faisait déjà plusieurs jours. Que t'étais confiné avec elle depuis tout ce temps, que la tension qui avait embrumé vos cœurs s'était consumée en plusieurs heures. Le temps s'était allongé, prolongé, écho réflecteur du temps que tu aimerais passer avec elle. Que ce soit dans l'agitation ou la sérénité, tant que tu te trouvais près de la russe, le soleil brillerait pour toi. Tu pouvais bien effacer les cris, les larmes et les peines. La hargne et l'indignation seraient toujours surpassées par ce joug sentimental engendré par l'électricité de vos deux corps. Celle qui court-circuitait vos neurones et brouillait les champs logiques de vos cerveaux, passion indicible que rien ne pouvait contraindre. Mais après la pluie, l'odeur de l'eau sur la terre chaude embaumait toujours les narines, sa présence pas totalement abrogée. C'était pareil pour cette pluie chimérique qui s'était abattue sur votre parfaite journée ensoleillée. Elle pesait, parfumait chaque pièce et même vos corps. Tu ne pouvais pas oublier cette présence, celle qui s'éclipserait seulement quand t'auras parlé à Fiona. Si le soleil s'était levé sur votre alter, les méandres de l'obscurité longtemps installée laissaient des traces. Tu ne regrette pas, tu lui dis. Pourtant, tu ne suis pas cette ligne de conduite sur laquelle tu avais figé ton cœur. Contact passionnel entre vos lippes qui s'était entaché par la rébellion de ton âme. Tu ne pouvais pas te laisser faire ça, pourtant t'en crevais d'envie. Véhémence tisonnée par la tenue étriquée qui ne laissait aucune imagination à celui qui connaît déjà. Tu devais lutter pour écraser la pulsion tenante qui fourmillait dans chacun de tes organes. Le soldat déviant que t'as été serais déjà en train d'ôter le bout de tissu qui couvrait la jeune femme, oubliant l'engagement psychique de la vertu. Il aurait embrassé chaque parcelle de son corps, goût délicieux de la peau manquée; caressé l'arête de sa silhouette, retrouvé l'embrasement passé de cette nuit au Cameroun. Et de toutes ces autres nuits en ville. Pourtant, tu n'étais pas comme ça, Chance. Tu ne l'étais plus. T'avais fais aucune promesse, il fut un temps où il ne t'aurait fallut que cette raison pour te donner à la russe. Mais le soldat insensible, incapable de se souvenir d'un prénom ni même d'un visage était resté dans cet hôpital militaire. Tu ne l'avais pas embarqué dans ton sac, destiné à être oublié, abandonné à son sort. Qu'il trouve une autre proie, t'avais mérité qu'il cesse la traque. La compréhension de Reira te donne envie de l'embrasser à nouveau, mais si tu t'écoutais, tu n'aurais jamais abandonné ses lèvres au contact invisible du néant. A la place, tu embrasses le dos de sa main, ses phalanges, baiser tendre, délicatesse qu'elle méritait tant. T'as pas pu lui offrir cet amour quand tu en avais l'occasion, pensait que tu pourrais prendre ton temps. Mais le tic-tac assourdissant du cadrant t'avait dépassé, et paradoxalement, si tu pensais avoir tout le temps dont vous aviez besoin pour construire votre relation, tu n'en avais pas autant pour lui montrer à quel point elle comptait pour toi. S'il y avait quelque chose que tu avais compris par son absence, c'est que l'amour n'était pas que charnel. Il s'exprimait par des attentions, des gestes, des regards. Inconsciemment, tu lui avais déjà offert cet aperçu inconnu dans la journée, mais on n'était jamais désaltéré d'un sentiment aussi puissant. Tu perds l'esquisse dessinée sur tes lèvres quand elle annonce qu'elle t'attendra, le conditionnel qu'elle n'aurait pas eu à le faire si ton cœur n'avait pas cherché à fuir, en guise de réponse. Mais la commissure de tes lèvres remonte un peu quand elle fait sonner la vérité évidente. Vous ne pouvez pas tout savoir. C'est probablement ce qui créait l'authenticité d'une relation : les erreurs. Hochement de tête adroit, la voix de la russe pouvait refléter celle de la sagesse quand elle n'était pas emprunte de rancœur. Dernières lattes du poison diligent avant de l'écraser contre le rebord, tu évoques d'un ton plus léger le retour du jeune russe qui ne serait pas forcément opportun. T'étais heureux de le savoir de retour et t'aurais été heureux de l'avoir près de toi. Pourtant, l'égoïsme te poussait à profiter encore de ces moments avec Reira, comme s'ils s'apprêtaient à disparaître à nouveau. La réponse de sa grande sœur t'arrache un sourire, t'espérait sincèrement que ses retrouvailles avec Imrân se passent aussi bien. Si ce n'était plus. Parce qu'ils n'avaient probablement plus cette barrière sentimentale qui s'était dressée entre eux, ligne de conduite à adopter. « Alors ça se passe bien pour nous ?» Esquisse taquine, lueur malicieuse dans le regard, tu chatouilles du bout des doigts la paume de sa main, contact encore immuable. Tu ne savais pas encore quel mot mettre sur votre relation, tu ne pourrais probablement pas en mettre un tout de suite. Mais cette chaleur réconfortante qui sévissait dans ton cœur et se répartissait dans chaque organe te rappelait que la période de trouble était passée. « Je ne sais pas s'il approuve, mais en tout cas il ne s'y oppose pas...» Tu ajoutes, le souvenir de ses messages encore bien ancré dans ta mémoire. Tu ne voulais pas laisser croire à Reira qu'aucun obstacle ne se trouverait sur votre chemin; Piotr était sûrement le premier que vous auriez à passer une fois la direction décidée. Son petit frère était encore jeune, égoïsme presque similaire à celui que tu as eu quelques secondes plus tôt. T'avais eu le temps de réfléchir à ses mots, à ses craintes. La discussion avec Reira t'avait éclairée, aussi. S'il n'adhérait pas à votre relation, ce serait principalement pour la peur de se voir voler cette sœur qu'il venait à peine de retrouver. Partage parfois compliqué dans un esprit juvénile, il faudrait aussi que tu laisses du temps au russe de s'y faire, puisque vous sembliez vous être accordés d'un regard, d'un clignement de rétine, d'un geste. La pression de la main de la brune contre la tienne ta ramène à l'instant présent; elle cherche à croiser tes pupilles, se réfugie dans le bleu de tes yeux qui n'attendaient qu'elle. Sourire discret que tu lui rend, effusion de douceur qui se lit sur ton visage. Le palpitant s'accélère quand elle avoue avoir besoin de toi. Sentiments avoués à demi-mots, elle n'avait pas besoin d'en dire plus. Parce que tu pouvais deviner dans ses yeux l'affection qu'elle avait pour toi si ce n'était l'amour. Sentiment que tu apprenais tout juste à découvrir dans ses mains. Ta main est emportée, dirigée vers le derme souple de sa cuisse. Embrassée par ses dix doigts qui l'enveloppent, tu regardes un instant la peau nue de Reira. Quelques centimètres... Avant de relever les yeux avant de trop te perdre. « Même si tu ne me l'avais pas demandé, je ne sais pas si j'aurais pu te laisser seule. Ou avec n'importe qui d'autre. » Tes joues s'empourprent, tu n'avais plus besoin de cacher les émotions spontanées de ton corps. En tout cas, pas celle-là. Tu te lèves, te met face à elle en gardant ta main bien enveloppée entre les siennes, tu veux l'attirer mais tu t'arrêtes quand elle reprend la parole. Roulement des yeux quand elle évoque la raison de ta présence ici, tu secoues négligemment la tête. Sa question te surprend alors qu'elle ne devrait pas, proposition évidente que tu restes près d'elle. Tu la tires vers toi pour qu'elle se lève, la réceptionne pour qu'elle ne trébuche pas, protégeant son genoux blessé. Poids plume de l'ancienne danseuse facilement malléable, elle se retrouve par la force des choses à quelques centimètres de ton visage, son souffle rejoignant le tient. « Je serais vraiment un mauvais baby-sitter si je laissais la petite Reira seule cette nuit. » Tes lippes s'étirent en un large sourire, petit rire qui s'échappe de ta gorge alors que t'es plongé dans l'océan de ses yeux perses. Respiration haletante, tu relèves le menton au dernier moment, viens poser tes lèvres sur son front, amorti à nouveau la chute. Tu lâches sa main pour plus de prise, ne lui laisse aucun temps de réaction qu'un de tes bras passe déjà au dos de ses genoux, le deuxième dans le creux des épaules pour la porter et l'emmener en quelques pas sur le canapé où tu la dépose, comme si elle n'avait jamais quitté sa place quelques dizaines de minutes plus tôt. « Voilà, ça va plus vite comme ça, tu m'aurais fais de la peine avec ta béquille.» Tu ris à nouveau, la pulpe de tes lèvres légèrement remontée. Toujours debout, tu récupères la fameuse béquille contre la fenêtre et ferme les battants, les rideaux aussi. « Un besoin particulier ou la princesse est satisfaite ?» Tu lâches ironiquement, sourcils arqués.
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Sam 30 Jan - 18:49
— Le voile angélique des sentiments avoués se dépose délicatement sur leurs cœurs, manteau en cotte de maille qui les protège des coups perfides de la vie. Parce qu’à cet instant, le monde pourrait s’écrouler sous leurs pieds, rien n’effacerait les sourires attendris et les prunelles luisantes. Le mystère levé par la clé de la connexion subtile de leurs lèvres, pacte scellé dans l’échange fervent. Passion qui brille sous les étoiles, nuit chassée par le baiser divin, pointes luminescentes qui grossissent dans ce ciel noirci par la course des ténèbres. Les rayons tenaces de leur amour, univers en expansion, réchauffent l’épiderme de la russe en la gonflant de l’amour. Bouée de sauvetage inattendue qu’enfile la danseuse déchue qui flirte depuis trop de temps avec le gouffre. Tout apparaît comme une évidence saisissante : le monde n’a pas besoin de continuer à tourner tant qu’il est près d’elle. C’est plutôt son monde qui cesse de se mouvoir quand le contact se brise, mouvements à contrecœurs qui les éloignent, pulpes des doigts qui s’accrochent à temps. Ce n’est qu’une infime part de leurs corps qui s’enlacent, pourtant le cœur enfle du surplus d’émotions qui s’empare de lui. Le myocarde déborde de murmures qui lui donnent envie de plonger à corps perdu contre les lèvres du brun jusqu’à ce que l’hésitation s’échappe des lippes du dictateur de son cœur. Mais oncques ne disparaissent les élans du cœur qui imprègnent les lieux. Pas même quand il est question de la seconde entité qui appuie sur la balance. Car la force prédestinée qui les lie semble prête à s’affranchir de toutes les difficultés, du moins c’est le message qui lui envoie les nerfs cardiaques. Rythme ralenti, douce mélodie qui résonne dans ses tempes pendant que ses mirettes se perdent sur les traits du néo-zélandais emprunts de dureté, crainte d’être jugée par la brune pour cet écart de conduite. Elle renforce le contact de leur chair, phalanges qui se serrent plus tandis que son regard bienveillant vient le border d’amour. Reira ne le laissera pas tomber dans cette réflexion sans fin du bien et du mal, il est déjà trop parfait Chance, il mérite de s’accorder des pas de côté de temps en temps. La confiance qu’elle porte en sa personne est bien trop importante pour se faire souffler d’une simple maladresse du cœur. Les baisers délicats déposés sur le dos de sa main se répercutent sur le myocarde qui fond, corps à la dérive dans un océan de tendresse. Bécots précieux qui pansent aussitôt les moindres doutes qu’il a pu alléguer. Les gestes imbibés de l’amour se révèlent enfin dans le contact physique, attentions jusqu’alors limitées à des paroles douces et rassurantes et ces actions altruistes. Leur monde prend soudainement une dimension plus poétique, sensualité gracile qui glisse sur leurs âmes. Être égoïste qui pourrait profiter éternellement de l’amour dont il la couve, Reira est incapable de se séparer de la sérénité qu’il apporte dans sa vie. Comme le gong qui fait trembler l’air rempli de négativité pour mieux le purifier, symphonie vivifiante qui remplit les fissures de l’esprit. Passé rejeté, l’envie d’avancer, à deux.
Le subconscient ose même s’avancer sur le fait que l’accalmie habite les lieux, laisse le bonheur inondé les lieux. Si ça se passait bien ? Leurs cœurs sont soulagés de la menace qui les enchaînaient, poignard sinistre jusqu'alors prêt à pénétrer le palpitant. Désormais, ils sont libres de s’adonner à la passion qui les assujettissent. À une ombre près dans le tableau. « Tu ne m’as pas encore poussé par la fenêtre, et moi non plus, donc j’pense que oui. » Les anciens amants n’ont plus de raisons de se tirer dans les pattes. La faute de Reira a été rattrapée par le comportement enfantin du pompier pour enfin que la balle soit remise au milieu par l’accident. Points annulés, départ à zéro qui se solde par l’alliance des deux cœurs. Le rire de la russe se réunit avec l’esquisse taquine des lèvres sur lesquelles le regard s’attarde un instant. Elle voudrait pouvoir sceller ses paroles d’un baiser chaleureux, mais elle se retient pour le bien de la situation désavantageuse dans laquelle se trouve Chance, et aussi pour ne pas précipiter les choses. Le temps doit s’écouler un peu plus avant de se permettre d’agir aussi facilement, les mots ont besoin de se poser plus calmement sur leur relation. De plus, il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte. Dont le petit-frère de Reira. Avant d’officialiser la relation, phœnix qui renaît de ses cendres encore fumantes, il y aura ce détail à régler. Sœur indigne qui devra faire face aux angoisses de son frère, s’adapter à l’être qu’elle a brisé, récolter son propre cœur à lui, avant d’offrir définitivement le sien à Chance. Les deux hommes remplissent son cœur à parts égales, jamais de compétition les séparera. Pourtant la réalité ne sera pas aussi aisée à gérer. En attendant, les doigts de Reira s’accouplent habilement avec ceux du pompier, phalanges qui s’emmêlent et s’amourachent entre elles. « Pour sûr, il n’est pas là pour nous donner son avis. » conclut-elle d’un rictus amusé. Les obstacles auront tout le temps du monde de se dresser entre eux, ce soir rien ne brisera le sceau apposé sur leurs cœurs, tranquillité imperturbable dans laquelle les amoureux se réfugient. Océan de douceurs dans laquelle la russe ne cesse de plonger, pupilles qui sonnent le bleu de ses yeux, main qui s’accroche un peu plus à la jonction de leurs âmes tandis que son cœur s’ouvre à nouveau poussant la barrière des lippes. Les mains nouées se nidifient sur sa cuisse, couvées par la couverture chaleureuse de sa seconde main. Dans la prunelle se dessine la lueur tendre d’un sentiment avouée, la couleur délicate de la litanie voluptueuse. Elle a tout gardé au fond de son cœur de glace pendant trop longtemps, sentiments tassés dans le bas du sablier tout juste retourné ; mots doux susurrés qui s’écoulent lentement interrompus que par le propre flot suave de l’affection de Chance. Jolie nuance rosée qui colore ses joues offre à Reira le luxe d’esquisser un sourire attendri par l’innocence peinte par les traits de l’amour. Elle n’aurait voulu être avec personne d’autre que le calmant précieux, hormis son petit frère, petite famille qu’elle avait à peine vue ensemble le soir de l’accident. Elle n’a pas le temps de trop s’attarder sur la possibilité laissée à Chance de rentrer chez lui, parce qu’il refuse d’une négation du visage. Automatiquement, les lippes s’étirent plus dans ce sourire attendri, ravi par les temps à venir. Sa bouche se fige dans une grimace de surprise alors qu’il l’attire subitement à lui, toucher bienfaiteur contre son épiderme qui retient la silhouette déséquilibrée par le membre infirme. Avant que leurs souffles ne se mêlent, Reira manque une respiration, soudainement trop proches des lippes désirées. Une main sur le torse qu’elle devine sous le tissu fin, le regard qui jongle entre l’espace comblée par la connexion de leurs corps et les yeux azurs, puis c’est les battements du cœur qui tonnent contre la pulpe de ses doigts, et ce désir réprimé. Leurs rires s’entremêlent suite à sa remarque, prunelles qui roulent dans leurs orbites en réponse à sa blague. « Un très mauvais même, si tu veux mon avis. » La vérité est que Reira n’a aucune envie de passer la nuit seule, pas quand elle pourrait compter sur la présence apaisante de Chance. Geste intime contre son front, humidité des lippes contre sa chair force la fermeture des paupières, être qui se délecte de l’instant suspendu. Calmant en action, les lèvres charnues de la russe esquissent un sourire de légèreté. Le contact se rompt brutalement, le corps se faisant balloter. Position verticale à horizontale dans les bras du brun qui arbore un rictus presque amusé, content de l’effet de surprise. La princesse bénéficie d’un chemin gracieusement offert par le prince charmant qui la dépose sur le canapé habité par les sinuosités de leur début de soirée. L’atmosphère aussi du salon a changé, étouffement disparu. Le rire atypique du pompier résonne dans la pièce, fierté non cachée de sa petite boutade. Les lèvres de Reira se tordent en une grimace exagérée, outrage surjoué pendant que les bras se referment sur la poitrine. « Tssss. T’sais que j’pourrais t’assommer avec ces béquilles ? » Arme contondante dans les mains de Chance, fée du logis qui s’occupe de refermer la fenêtre, rectifier la place de chaque objet déplacé par le chaos. Le chien lui n’a pas bougé, comme si la tempête l’avait évité, il roupille tranquillement dans son panier. Le regard de Reira se repose bien vite sur son baby-sitter qui joue désormais les majordomes, ce qui a le don d’ouvrir aux lèvres un rictus amusé. « Oui, toi. Assis-toi donc un peu et j’serais satisfaite. » Sa main tapote la place à côté d’elle qui n’attend qu’à être prise. Le vide qui doit se remplir, le corps de l’ancienne danseuse déjà en manque de la proximité de sa chaleur. Le prince charmant a le droit à son repos. Une fois prêt d’elle, ses yeux étincelants ruissellent de malice. « J’voudrais bien t’utiliser comme coussin, je peux ? Après tout, le majordome doit accéder aux moindres des requêtes de la princesse. » Elle aussi peut s’amuser de l’ironie à son avantage, sans se douter que Chance est effectivement disponible pour assouvir le moindre de ses désirs. Les doigts graciles regagnent rapidement leurs places entre ceux du brun, le sourire qui ne quitte plus les lippes russes. De ses autres doigts de libre, elle pointe la télé en face d’eux. « Je te laisse maître de la télé, et des programmes. Tu te préoccupes trop de moi, alors j’peux au moins te laisser ce choix-là, même si c’est pour foutre du rugby.» Petite référence à leurs messages échangés. « Ou tu peux encore me raconter ta vie, une nouvelle passion, comme tu veux.» Depuis le début, tout n’est que question des envies de Reira, et non des siennes. La russe n’est pas forcément à l’aise avec autant d’attentions unilatérales, préférant plutôt rééquilibrer les choses en laissant le libre arbitre du pompier. Peu importe ses choix, peu importe qu’ils finissent par regarder le programme télévisé ou discuter de la pluie ou du beau temps ; tant qu’il est là, toutes les activités du monde seront incroyables parce que sa présence les surpasse suffisamment pour éclipser l'ennui.
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Dernière édition par Reira Tsvetkov le Lun 1 Fév - 11:39, édité 1 fois
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Dim 31 Jan - 22:50
Sourire agrafé sur ton visage, traits fatigués de cette journée chargée d'émotion, de cette soirée qui te donne l'impression d'avoir été ballotté dans tous les sens. Effervescence qui redescend, tu te sens bien là, près de la belle brune dont tu tiens la main sans jamais vouloir la lâcher. Tu évoques son frère, sujet plus léger de ce qui empruntais le chemin de vos bouches; enfin. Le sujet Piotr restait sensible, mais pas pour vous. C'était surtout lui, et t'étais pas sûr de comprendre exactement ce qui lui traversait le cœur. Tu pouvais forcément imaginer la peur, la jalousie et la rancune, mais est-ce qu'il réussira à accepter l'idée qui s'immisçait entre sa sœur et toi, non-dit évident qui n'attendait qu'à être dévoilé ? Tu n'attendais qu'à voir, espérant de toutes tes forces que tes peurs ne se révéleraient pas vraies. Ou sinon, tu ne comprenais pas la logique du russe, qui t'avait presque poussé dans les bras de sa sœur en te demandant de lui tenir compagnie ce soir. Parce que tu lui avais avoué tes sentiments à l'égard de la brune, impulsivité véridique, et qu'il aurait pu décider de vous séparer. Sourire taquin, intéressé quand elle insinue que ça se passait bien pour vous, finalement. Sa réponse te fait rire alors que tu t'interroge sur l'exactitude de votre relation. Questions que tu ne posera pas à Reira; c'était toi qui bloquait le cours logique de ce qui aurait pu arriver ce soir. Alors ce serait à toi, sûrement d'en parler dès que l'heure sera venue. En attendant tu reste terre à terre concernant Piotr. S'il ne s'opposait pas à votre relation, il n'était peut-être pas pour non plus et c'était ce qui t'inquiétait le plus. Mais à nouveau, la réponse de Reira laisse s'ouvrir la commissure de tes lèvres. Elle avait raison, et tant qu'il n'était pas là, vous n'auriez pas à vous poser de questions. Il valait peut-être mieux profiter tant que vous le pouviez encore puisque les prochains jours risquaient d'être compliqués. Tu savais que le retour de l'ancienne danseuse chez elle provoquerait des baisses de morale, et même si tu aimerais être là, quotidiennement avec elle... tu ne pouvais pas. Déjà parce qu'il y avait tes trois jours hebdomadaires à la caserne, mais aussi pour Maxyne. La blonde risquait aussi d'être une entrave à ces retrouvailles, au même titre que Piotr. Tu repenses au sujet que tu as volontairement évité. Elle devait t'avoir répondue, depuis, mais t'avais pas regardé ton téléphone depuis plusieurs dizaines de minutes, tu ne savais même pas où il était. Les paroles de la brune te rappellent à la réalité et ta réponse était évidente. L'absence de Piotr ce soir t'arrangeait bien : plus tu restais près de Reira, plus ton palpitant était comblé. Tu évites de regarder trop longtemps la peau nue de ta belle dont chaque pore semblait attirer ton regard et préfère te perdre dans l'océan de ses yeux qui n'attendait qu'une réponse de ta part. Tu te lève et sans lâcher ses mains l'attire près de toi, réponse loin d'être arbitraire. Si tu te sentais bien près d'elle, tu étais paradoxalement en train de risquer la promesse que tu te faisais; car plus tu passais de temps avec elle, plus la passion, qui s'était longtemps tassée dans ton esprit, reprenait vie. Mais tant pis. Et puis, elle avait encore besoin de toi pour une partie de la soirée, si ce n'était toute la nuit. Alors tu préférais rester. Tu la taquine en reprenant ses termes avant de déposer un baiser sur son front, te forçant encore un peu plus à garder une distance avec ses lèvres, péché originel de ton cœur. C'est là que tu ne lui laisse pas le choix, t'empare de son corps élancé pour la porter en position allongée et l'installer en quelques pas sur le canapé. Nouveau jeu, plaisir partagé des retrouvailles qui n'étaient pas éphémères, à ton plus grand bonheur. Tu éclates de rire alors que tu étais déjà en train de récupérer la béquille qu'elle imaginait comme une arme; sourcil arqué tu la lève verticalement, iris bleus qui passent de la blessée à son aide matérielle. « Tu veux parler de ce truc, là ? C'est qu'il faudrait déjà que tu réussisses à les récupérer, peut-être.» Ta langue passe entre tes dents, sourire mesquin qui s'étire alors que tu poses finalement la béquille un peu plus loin de l'endroit où se trouvait Reira. L'air innocent, tu lui demande finalement si elle ne souhaite pas autre chose et obéit à sa demande en un clin d'oeil. « Si c'est là ce que tu souhaites...» Nouveau sourire angélique alors que tu te retrouves à ses côtés; la distance que tu avais installé plus tôt sur ce même canapé n'existait déjà plus. Indigné quand elle retourne la blague contre toi, tu plisses les yeux avant de hausser les épaules. Finalement, sa demande ne t'embêtait pas, ton corps ne demandaient que la chaleur du sien. Tu lèves l'épaule droite pour lui laisser la place de poser sa tête sur ton torse, ton bras recouvrant ensuite son corps, tandis que ses doigts viennent retrouver leur place enroulés avec les tiens. Scène typique d'un vieux couple que vous n'étiez pas. En fait, rien que le mot de couple n'était même pas encore posé sur votre relation, retour de cette union à peine retrouvée. Sa proposition élargie le sourire permanent qui empruntait tes lèvres. Inclinement de la tête, tu l'observe en coin, suspicieux. « Si je te raconte ma vie, tu vas t'endormir, déjà que je pense que tu n'en est pas loin...» Ta main libre viens caresser la racine de ses cheveux, le haut de son front, l'arête de son visage, courbes fines des traits perses. « Mais il y avait justement une rediffusion d'un match qui passait ce soir. Ça ne doit pas encore être la fin. Je m'étais fais à l'idée que je ne le verrais jamais mais...» Léger ricanement sournois. De toutes manières, si elle voulait s'endormir elle pourrait : puisqu'elle ne conaissait rien de ce sport elle n'en comprendrait pas grand chose, et seul dans ton salon tu n'étais pas du genre à faire de grands gestes exagérés pour complaire à ton indignation. Surtout que tu avais déjà les résultats du match. Tu récupères la télécommandes pour allumer l'écran et choisir la chaîne, baisse le son pour qu'il ne soit pas trop fort et revient cajoler les longueurs brunes de la russe. Tu avais définitivement laissé ton téléphone à l'abandon, préférant la présence de Reira. Possibilité que Maxyne t'en veuille un peu, tu réfléchissais déjà à comment tu pourrais lui expliquer sans que ça ne dégénère trop. Avertissement probant, ta meilleure amie avait eu le nez. Ou alors elle te conaissait juste trop bien pour deviner que tu ne tiendrais pas longtemps face à la russe qui pouvait te mener par le bout du nez. Tes doigts avaient passé les dernières dizaines de minutes à effleurer délicatement le visage de l'ancienne danseuse, ses cheveux, son cou; volonté tacite d'être la présence réconfortante dont elle aurait besoin pendant son sommeil. Tu ne savais pas si elle suivait le match des yeux ou si son esprit avait rejoins les bras de morphée; en tout cas, tu étais absorbé par le match qui se jouait. C'est quand elle se redresse que tu remet en place, inquiet pour le confort de sa tête. « Tu dormais pas ? »
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Lun 1 Fév - 14:20
— Le bien-être tapisse désormais les murs, imprime les entités enfin retrouvées. Elle peut respirer Reira, goûter à nouveau au bonheur de la présence de Chance. Il la berce dans sa bonté d’âme, lui offre un havre de paix et de douceur. Et même si la félicité se fait encore éclipser par les futurs obstacles qui se mettraient en travers de leur chemin, la russe n’y pense pas. Son frère, les proches de Chance probablement réticents à la renaissance de leur relation, tout cela n’a aucune importance tant qu’elle est sur ce petit nuage. Parce qu’il y a plus important à vivre d’abord, des tas de moments suspendus où il faut profiter l’un de l’autre. Comme ce soir, où la tempête a laissé place à un rayonnant ciel bleu que rien ne semble pouvoir obscurcir. L’âme se délecte de cette douceur de vivre qui plane sur le salon, mets délicat qui comble les papilles en manque du goût de la joie. Le front purifié du baiser tendre du pompier lui tire un tendre sourire, commissure qui remonte gentiment pour arrondir les angles d’un visage longtemps torturé. En un éclair, le cœur encore ouvert de Chance lui avait apporté bonheur et sérénité. Comme le nez au milieu de la figure, les choses semblent trouver leur place naturel, cosmos en ordre habillé de belles planètes aux couleurs féériques. Tout a toujours été devant ses yeux, trop butée pour apprécier la vérité devant eux ; le destin a finalement décidé de leur offrir une nouvelle chance qu’elle ne manquerait pas de saisir. Peut-être que rien n’est encore clair entre eux, qu’il y a des mots qu’il faudrait à nouveau poser à plat pour qualifier la relation qui se dessine sous leurs yeux. Mais avant de s’attarder sur ce souci technique, plusieurs portes devront être franchies avant de pouvoir embrasser l’entièreté de leur relation, plusieurs détails à régler que ce soit du côté du beau brun ou de la russe. Il a ses propres soucis de cœur, et Reira la complexité de sa relation encore récente avec son petit-frère et les nouvelles vagues de déprime d’un genou malmené. Elle le sait bien, que Chance ne pourra pas être tous les jours-là pour la porter comme une princesse, lui éviter de faire deux petits pas ; bienveillance cachée derrière la blague. Car il a un boulot, des obligations diverses, et de façon générale une vie. La belle n’a pas encore la prétention d’être le graal à ces yeux, ce truc qui importerait plus que sa propre vie ; la réalité est qu’elle n’aura sûrement jamais la prétention d’affirmer une telle chose. Le pragmatisme s’allie à l’envie de faire bien pour ne pas précipiter les choses, s’accorder le temps nécessaire, quand bien même le cœur l’appelle de toutes ses forces. C’est même pour cela qu’à demi-mots elle a réclamé sa présence pour le reste de la soirée. Derrière les sourires et les rires se trouvent un véritable attachement pour le brun, un besoin indéniable de survivre dans ses bras.
Alors qu’elle gît sur le canapé, rictus au coin des lèvres, elle répond à la pique de Chance par le même ton humoristique. Complicité assurément retrouvée, elle ose mimer cet air outré, et même tirer la langue, gamine boudeuse qui ne résiste pas longtemps à l’envie de sourire. Au final, ils ne sont que deux grands enfants qui réapprennent à vivre et à s’ouvrir au monde. Peut-être qu’ensemble ils finiront par se tirer vers le haut, enfin capables d’enterrer les démons tentateurs. En fait, pour sa part, Reira serait déjà en mesure de prévoir son futur avec un Chance à ses côtés : le bonheur au source, fontaine de jouvence apte à effacer les blessures du passé. En attendant, elle compte profiter presque égoïstement de chaque moment en compagnie du brun, requérant à nouveau sa chaleur contre elle. Le sourire angélique de Chance a de quoi l’emporter au septième ciel, traits du visage illuminés qui se reflètent sur celui de la russe. Il est beau, il est bon. Décidément, elle ne remercierait jamais assez le destin pour avoir poussé un tel saint sur son chemin une première fois, puis une seconde et enfin une troisième. Jamais deux sans trois, les hasards s’arrêtent à ce dernier essai enfin concluant. Enclin à accéder à sa dernière requête de la soirée, elle se love contre lui, la tête posée contre son torse, une main contre les abdominaux qui se soulèvent au rythme de la lente respiration d’un corps tranquille, et le reste des doigts qui enlacent ceux de son sauveur. La scène est charmante, presque trop belle pour être réelle. Et pourtant, ce n’est que l’évidence d’un amour réciproque qui se peint dans ce joli tableau romantique. Sans perdre son sourire, la russe offre au brun la possibilité d’enfin choisir par lui-même ce qu’il veut faire de sa soirée. Être coincé pour le plus grand des bonheurs avec elle ne doit pas dire qu’elle a le pouvoir de tout décider. L’humour du moment entraîne les lèvres dans une esquisse attendrie, les caresses graciles chatouillent les arêtes de son visage et lui tirent un ricanement avant de l’écouter opter pour le rugby. « Finalement ça a du bon d’être coincé avec moi. Et, je te signale que j’suis capable d’être une couche-tard, surtout quand il y a des âmes en détresse qui viennent toquer en plein milieu de la nuit. » dit-elle en remontant son regard vers lui, le rictus niché sur les lèvres. Référence à la première nuit sur le sol néo-zélandais qu’ils ont passé ensemble -plus proches que la véritable première nuit à Island Bay-, la première d’une longue lignée. Contrairement à toutes ces nuits passées sous les draps, Reira ne ressent plus le besoin de se cacher derrière l’attraction physique, la tension génésique qui imprègne l’atmosphère quand ils se retrouvent dans la même pièce. La réalité est que sa simple présence, ce contact délicat de leurs doigts qui s’entremêlent lui suffit à avoir le cœur au bord de l’explosion. Le surplus d’émotions de la soirée a remué le myocarde jusqu’alors hermétique à tous sentiments. Un océan de glace en plein hiver qui connaît désormais le redoux d’un printemps chaleureux au nom délicieux de Chance. Le silence tombe, s’installe sur ce salon étourdi par le bourdonnement d’un stade en liesse, match qui se joue sur l’écran et rebondit dans les rétines. Elle ne s’endort pas la brune, elle observe le match de ses yeux fatigués en tentant de comprendre ce que font les joueurs sur le terrain. Mystère qui sera élucidé un jour, quand Chance lui apprendra les règles. Les paupières commencent pourtant à s’alourdir sous le bercement exquis des effleurements envoûtants. Ce ne sont que des frôlements qui font fourmiller le derme, des caresses qui dompte l’âme en proie aux angoisses. Mais ce sont ceux de Chance, ce soutien indéfectible qu’il transmet par la pulpe de ses doigts. Les minutes s’écoulent sans qu’elle ne réussisse à trouver le sommeil, non pas que Morphée la rejette, plutôt parce qu’elle n’a pas envie d’éteindre ce moment précieux qui s’étend avec le bien-aimé. Aussi parce qu’elle ne veut pas fermer les yeux pour plonger dans le monde des songes, les cauchemars ne lui tendent pas encore la main mais les rêves tournent autour de la danse, histoire de lui tordre le cœur en pleine nuit. La simple pensée de ces futures figures chimériques la tire de sa bulle désaltérante. À ce moment-là, la position devient inconfortable pour ses jambes, elle se redresse alors et croise le regard de Chance. Immédiatement les lèvres russes se meuvent en un sourire rassurant à sa question, comme s’il avait besoin d’être rassuré quant à son confort et son sommeil. « Pas encore, je t’ai dit que j’étais récalcitrante. C’est si long que ça un match de rugby ? » Ces dernières dizaines de minutes passées à observer le match en silence ne lui ont pas appris grand-chose. Elle voit surtout des hommes balle en main en train de se faire attraper par d’autres hommes. Une sorte d’épervier pour adultes. Son regard ne quitte pas le sien, papillonne même légèrement des yeux avant de formuler une nouvelle requête. « Je peux poser ma tête sur tes cuisses ? Pour pouvoir allonger mes jambes correctement… Juste pour la fin du match. » La position de la sirène est sympathique pour quelques minutes, mais plus le temps passe et plus la jambe attelée appuie sur la valide qui se fait priver de son approvisionnement en sang. Hors de question de bousculer Chance dans son visionnage, la belle sourit tendrement juste pour qu’il accepte de lui servir de coussin.
Nouvelle position, nouvelles caresses qui lui cajolent l’âme, apaise de ses mouvements délicats les vagues. Petit à petit le sommeil apparaît, soleil qui se couche doucement. Et même si elle repousse ce moment, il n’est plus réellement possible de lutter. Les paupières lourdes tombent d’elles-mêmes alors que le divertissement touche à sa fin. Elle sent sous sa tête l’agitation du corps qui émerge de la séance visionnage. De suite, son visage cherche le sien, tourne le menton pour lui offrir des lèvres dessinées en un sourire. « Tu me laisses monter seule ou tu vas encore avoir pitié de moi et mes béquilles ? » Amusée, elle ricane doucement, la voix tout de même piégée par le sommeil qui diminue le volume sonore. Les escaliers étaient un chemin sinueux, laborieux pour une éclopée. Pour le coup, elle ne dirait pas non à un peu d’aide.
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Lun 1 Fév - 18:59
Images d'un passé proche qui te paraissait pourtant si lointain, tu te perd dans ces souvenirs rappelés par la jolie brune. T'en a fait du chemin, depuis cette fameuse nuit. Cauchemars tenant, tes pas t'ont conduit ici, exactement. Destin mesquin qui s'amusait à se payer ta tête en te permettant de retrouver cette fleur du Nord, trésor caché et parfum enivrant auquel t'es resté accroc. Dépendance fulgurante, ton attachement à tout ce qu'elle était n'avait fait que s'épaissir, fumée opaque qui t'empêchait de respirer tant que tu n'avais pas levé le nez pour t'imprégner enfin de son âme. Tu ne fais rien d'autre que sourire, t'emparer de la télécommande et préparer le programme. Ton corps était devenu l'objet du repos de la russe, c'est comme s'il ne t'appartenait plus et tu étais capable de te mettre en quatre seulement pour son confort. Pourtant, t'en reste pas moins captivé par le match et les actions menées, luttant pour garder dans ton esprit les réactions effusives qui te figeaient. Finalement, t'avais beau connaître le résultat du match, tu aurais été capable de faire plusieurs bonds vu ton effarement par rapport à certaines décisions arbitraires. Mais il y avait cette voix en toi qui te disait que Reira dormait, ou du moins, essayait, et c'est ça qui te permettait de rester en place. Tu t'autorisais quand même à la regarder du coin de l'oeil, te perdre sur les traits pures de cette fleur rare que t'avais pas réussis à protéger comme tu l'aurais voulu. Promesse interne de ne jamais plus l'abandonner et de l'abriter du mauvais temps, la couvrir, la soigner. Opération à cœur ouvert qu'était votre relation, vous vous êtes rencontrés, livrés, passion dévorante d'une nuit, des adieux qui n'en étaient pas et puis cinq ans après, le vent vous avait réunit, et le schéma s'est répété. Sauf que vous êtes allés plus loin, vous vous êtes abimés, arrachés, déchirés. Puis vous vous êtes retrouvés, sutures résorbantes pour votre myocarde endommagée. Vous avez échappé au maelström de son océan de glace, les astres en faveur de votre sauvetage miracle. Pensées enchantées, berceuse au rythme lent soufflée par le bout de tes doigts, tu pourrais presque t'endormir, toi aussi. Mais les longues minutes qui constituent pour l'instant le match semblent infinies, même pour toi. Rappelé à la réalité par le mouvement du corps de Reira, immédiatement inquiet. Esquisse amusée par sa réponse, tu hausses les épaules. « Ouais, mais c'est la fin là. » Reflet de la timeline dans la rétine, il ne restait qu'une dizaine de minutes si on comptait le temps additionnel. Dead-line qui approchait, t'avais peur que ça signifie aussi ton départ de cette maison. Pas définitif, c'est sûr. T'espérais qu'il ne le serais pas, ni même plus jamais. Le hasard avait voulu que tu crois aux adieux une deuxième fois en septembre pour la retrouver à Noël; il n'y aura peut-être jamais d'adieux francs, entre vous. Jouer au plus rapide avec les destin était peine perdue. Douce question de Reira qui vient jusqu'à tes oreilles, tu poses tes pupilles sur son sourire angélique. Tu acquiesces amusé en te remettant droit pour son confort. « Tous tes désirs sont tes ordres, comment refuser ? » Cambrure tendre de tes lèvres, tu la laisse s'installer à hauteur de tes cuisses en te remettant dans les dernières minutes du match, ta main droite vient se poser sur la courbe de sa hanche pendant que l'autre reprenait son activité principale à jouer avec ses cheveux fins. Mais t'avais décroché, la brune retenant toute ton attention. Vision obnubilée par le trésor que t'avais entre les mains, seule ton audition fonctionnait pour les dernières actions qui ne t'intéressaient même plus. Rapidement transformée en ambiance sourde, le match n'était devenu qu'un bruit de fond dérangeant le calme que ton âme demandait pour retenir chaque parcelle de son visage dans les moindres détails. Tu finis par récupérer la télécommande et éteindre la télé d'un clic éclair. Immédiatement, le visage de la russe exerce une rotation pour croiser ton regard et tu lui souris, tête inclinée. « De toutes manières tes béquilles sont trop loin... » Moue innocente en rappel à la pseudo-arme que tu avais éloigné de la princesse de ton cœur, tu la laisse se redresser avant de lever les bras, épaules tendues, dos cambré pour t'étirer. La fatigue te gagnant aussi, tu laisses s'exprimer le bâillement qui attendait son heure. Prête à être emmenée à son lit comme une reine, tu regardes un instant les escaliers avant de secouer la tête et te lever pour te pencher vers elle. « Pas de position de princesse, je voudrais pas qu'on cogne ton genoux vu comment tes escaliers sont étroits. Accroches toi à mon coup et enroule ta jambe autours de moi.» Une de tes mains réceptionnait déjà la jambe blessée pour que l'effort physique de Reira soit réduit, tu attends qu'elle ait suivit tes consignes pour te redresser sans mal, remerciant les entraînements quotidiens de la caserne. « Me lâche pas hein, t'es pas grosse mais si tu tombe je tombe avec toi, et ce sera pas qu'une jambe qui sera immobilisée... » Léger ricanement en imaginant la situation cocasse, tu faisais quand même confiance au gainage de la brune, habitué à des portés bien plus compliqués que ça. Une main qui retient son dos, tu avances prudemment, montant les escaliers d'un pas lent pour ne pas trébucher. Quand tu arrives à l'étage, quelques pas seulement vous séparent de sa chambre puis de son lit, vers lequel tu te dirige pour l'y déposer. Concentration reposée, tu souffles alors que t'es accroupi devant elle, assise sur le lit. Tu plonge dans ses yeux clairs, détonation avec l'obscurité de la chambre. Tu n'avais pas remarqué que tu avais posé une main sur son genoux valide, peau contre peau. En te redressant tu lui attrapes la main pour la serrer un peu, question qui te brûle les lèvres. « Ça te va si je reste en attendant Piotr ? Je vais peut-être dormir, ou regarder un truc. » Tu hausses les épaules; tu n'avais pas vraiment envie de la laisser seule dans cette maison, trop grande pour une presque immobilisée qui avait encore besoin de l'assistance de bras masculins pour faciliter ses mouvements. Âme rassurée si tu étais capable de la rejoindre en quelques enjambées au cas où un démon viendrait noircir ses rêves. Tu finis par lâcher sa main. « Je te ramène tes béquilles, mais n'en profite pas pour taper ton galant serviteur avec, ça serait cool.» Large sourire angélique accompagné par un haussement des sourcils, tu roules des yeux avant de la laisser. Le pas léger, tu foules les marches de l'escalier, récupères ce pour quoi tu avais abandonné la jeune femme à son sort quelques instants avant de remonter en enjambant les marches. Tu réapparais dans l'encadrure de sa porte à peine essoufflé, le même sourire agrafé sur tes lèvres comme s'il ne t'avait pas quitté. La brune était déjà sous ses draps, et tu t'approches pour déposer les béquilles de son côté au sol. « Est-ce que la petite Reira à besoin d'un bisous pour s'endormir ? » Pensée enfantine, tu reprends la casquette du baby-sitter. T'étais pas sûr de rester jusqu'à son réveil, tu filerais sûrement dès que Piotr sera de retour puisque ta journée de demain risquait d'être assez remplie. « J'ai pas de petite clochette à te filer mais... Si t'as un soucis, tu m'appelles, joues pas aux acrobates, d'accord ? » Ta main vient trouver la tempe lisse de la jeune femme et tu t'approches pour déposer tes lippes sur sa joue. « Bonne nuit. » Tu souffles après un dernier sourire.
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Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Mar 2 Fév - 9:52
— Il y a toujours le silence qui se répercute en écho avant que la terre ne s’effondre à nouveau, car avant chaque tempête règne un calme plat, avant chaque ciel noir se trouve un beau ciel bleu sans l’ombre d’un nuage. Est-ce que ça signifie que la douceur feutrée va céder sa place à un nouveau fracas des cœurs ? Reira refuse d’y croire. Peut-être que c’est déjà trop beau pour être vrai, et sûrement qu’elle mettra du temps avant de réaliser qu’être avec Chance ne lui coûtera pas des années de tourmente. Cependant, malgré les craintes de voir ce moment si particulier se faire briser par le départ de son baby-sitter du jour, la russe espère de tout son cœur que ça restera aussi beau, frais et rose. Parce que Reira, elle aimerait pouvoir vivre d’amour et d’eau fraîche, à l’image de toutes les gamines qui rêvent du prince charmant. L’avantage est que son petit doigt lui susurre déjà la vérité : il est son prince charmant et elle n’a plus aucune raison de baisser les bras car ce serait renoncé au monde que Chance lui offre. Elle pense à tout ça, pendant que sa rétine s’imprime des mouvements instables des joueurs de rugby. La caboche devrait sûrement faire l’effort de penser à l’image généreusement offerte par l’écran de télévision, pourtant c’est bien plus agréable de laisser son toucher guidé ses pensées, main sur le torse qui absorbe la chaleur d’un corps déjà bien connu. Et même si ses doigts aimeraient se perdre au-delà du tissu, cette envie reste muette, besoin plus intime de profiter de cette proximité simplifiée. Le match est presque fini, c’est ce que lui indique la voix d’un Chance encore tout sourire à cette heure-là. Elle ne sait pas si c’est la personnalité rayonnante du brun qui se reflète sur ses lèvres et ses iris ou s’il se délecte un peu plus de ce moment qui se distend pour ne jamais s’arrêter. Car le tic-tac de l’horloge n’a pas encore sonné l’heure du départ, les cloches se retiennent encore un peu, tintement aphasique du destin qui ne cesse de les séparer -pour mieux se retrouver-. Les lippes s’étirent en un océan de tendresse à sa remarque, tête qui se couche contre les cuisses du brun, main glissante sur ses genoux et le regard braqué sur les dernières minutes de match. Tous ses désirs sont ses ordres… Vraiment ? Elle n’a pas réellement envie d’être cette amante égoïste qui avale toute l’énergie de l’autre pour ses propres desseins. Reproche latent d’un Chance blessé par le rejet de la brune, l’idée de n’être qu’une manipulatrice qui détenait un jouet entre ses mains, presque poupée vaudou à laquelle elle pouvait infliger les pires châtiments sans une complainte. Néanmoins, Reira ne peut empêcher son myocarde de se sentir enveloppée dans une couverture de mansuétude désormais habituelle aux côtés du beau pompier. Les délicates papouilles coulent en cascade de frissons, sensation adorée d’une tendresse jusqu’à lors inespérée. Tableau rococo qui dissimule les angoisses derrière la gaieté d’une légèreté retrouvée, sentiments amoureux au visuel coloré d’un Fragonard inspiré par la toile du duo d’amants. Quand le match se termine, écran noir qui repose les bases du calme et du silence, l’esprit de la russe sort de ses pensées pour se tourner vers le dieu de ces dernières. Au final, Reira n’a usé du match que comme un support visuel, sans jamais creuser les actions qui défilaient sur sa rétine. La complicité effacée par le silence d’une soirée tranquille reprend du terrain, humour en mains. Rictus narquois contre l’expression faussement innocente d’un brun taquin. « On se demande pourquoi tu les as mis si loin… » Et les globes roulent dans leurs orbites, comme pour rajouter du dramatique à la précédente menace fallacieuse lancée plus tôt par la russe. Reira se redresse pour laisser la place à Chance de s’étirer si le désir lui en dit, bâillement qui lui confirme la détente musculaire et qui titillerait presque son arcade zygomatique. Muscle de la pommette qui se tord ensuite dans une moue déçue, petite princesse qui n’aura plus le droit à son porté. Rapidement, le sourire refait surface alors qu’elle s’enroule autour du pompier comme demandé ; une seule jambe réellement capable de pouvoir s’accrocher autour de la taille du brun, une de ses mains réceptionnant immédiatement la jambe invalide. Reira ne niche pas tout de suite sa tête contre l’épaule musclée de son transporteur, elle se réjouit d’abord de pouvoir à nouveau observer d’aussi près les traits d’un visage qui lui a manqué. Quelques secondes d’observation pendant qu’il se relève sans souci, la brune accrochée à son cou dont le ricanement la secoue légèrement. « Ça pourrait être une bonne idée pour que j’te garde de force avec moi. » dit-elle d’un air particulièrement innocent. Non, elle ne fera pas en sorte qu’ils tombent juste pour se retrouver immobilisée avec lui, ce serait le summum de l'égoïsme. Attention bienveillante qui la conduit jusqu’en haut, il connaît déjà le chemin Chance. Le chemin périlleux est passé trop vite, elle se retrouve déjà dans son lit, empreinte de sa main sur le genou encore capable de se plier. Il n’y a que la lumière de la table de chevet qui éclaire leurs visages, ombres orangers qui dansent sur les traits de l’être vénéré. Les prunelles perses suivent le pompier qui se redresse en rétablissant l’embrassade de leurs doigts, geste intime désormais automatique. Surprise joyeuse qui vient étirer un nouveau sourire, la commissure n’en a jamais marre de s’étirer. D’un lent hochement de tête, Reira approuve car elle préfère encore le savoir près d’elle, peut-être même se faire bercer par le son de la télévision, en bas. « Oui pas de soucis, fais comme chez toi. Ce serait dommage de gâcher tout ton travail de baby-sitter en partant avant de pouvoir montrer à Piotr tous tes efforts. » Son sourire se teinte d’une couleur taquine sans perdre de sa splendeur véridique. Depuis l’hôpital, et même depuis l’accident, Chance est une crème. Toutefois, Reira ne peut s’empêcher d’imaginer que sa bonté d’âme n’est amplifiée que par la blessure. Si ça se trouve, une fois que son genou sera remis, les attentions disparaîtront mais l’habitude de les avoir, non… Hum. Elle pince les lèvres, au même moment la main du brun lâche la sienne, la rappelle dans la chambre qui lui a tout de même manqué. Ricanement délicat qui fait vibrer sa poitrine avant qu’elle n’acquiesce à nouveau d’un signe de tête. La solitude imprègne soudainement les lieux, mais l’odeur du galant serviteur reste et lui embaume les narines. Sourire tendre qui se dessine tandis qu’elle réalise qu’à aucun moment elle n’a tiqué en entendant le mot princesse. Mot qu’elle n’a jamais pu apprécier depuis la fin de l’Académie car elle aurait voulu être la princesse du Bolchoï, de la Russie même ; ambassadrice divine de la danse. Le destin en a décidé autrement, dorénavant princesse d’un cœur qui ne demande qu’à être aimé, statut encore plus important et gratifiant. Comme si Chance n’en avait pas encore fait assez pour elle, il venait de transformer ce mot en paroles angéliques dans sa bouche. À peine le temps de se glisser sous les draps que le bienfaiteur est de retour, prêt à la couver de son amour dont elle a tant envie de s’abreuver. Il éclipse naturellement les ombres qui commençaient à se dessiner sur les murs, démons nargueurs qui n’attendent que l’obscurité pour se montrer. C’était sans compter sur la présence solaire et ses bluettes mièvres. Quand il lui demande si elle a besoin de quelque chose, elle hausse une épaule, candide qui se met en scène. « Peut-être bien… » Ses lippes esquissent un sourire qui se fige alors qu’elle l’écoute, hochant lentement de la tête à sa question. Et si elle devait avoir un souci mais qu’il était déjà parti ? Les soucis affluent déjà à cette simple pensée de voir le brun quitter sa chambre. Elle déglutit trop péniblement alors qu’elle devrait se ravir de sentir les lèvres de Chance sur sa joue. Ses derniers mots glissent contre le coquillage de son oreille comme un dernier soupir avant de ne plus se revoir. Ça se remet à tonner contre ses tempes, le myocarde qui s’excite déjà trop à l’idée de perdre celui qu’elle aime aussi vite. Drogue addictive dont elle est incapable de se passer et qu’elle rattrape du bout des doigts. Leurs mains s’embrassent à nouveau tandis qu’il entamait son chemin vers la sortie de la chambre. « Chance. Est-ce que… je peux te demander de rester avec moi ? Dans la chambre, je veux dire… » Elle a conscience de ce qu’elle lui demande, partage de cette chambre alors qu’elle renferme toute leur relation inavouée. Demande individualiste d’un esprit avare de sa présence, elle en a besoin Reira et son regard l’implore. « Juste le temps que je m’endorme, s’il te plaît… » Il y a trop de souvenirs heureux prêts à lui arracher les derniers lambeaux de son âme, souvenirs de danse aux murs et joie d’un passé presque trop insouciant égaré dans le mensonge. Elle ne peut pas encore affronter ça, pas ce soir alors que son cœur a déjà été mis à rude épreuve. « Je te demande pas de passer la nuit sous les draps avec moi, mais juste… de me serrer encore un peu dans tes bras, puis une fois que je serais dans ceux de Morphée, tu seras libéré de ton obligation. » Ton d’une jeune fille suppliante, l’âme blessée mise à nue. Tous ses désirs étaient peut-être des ordres pour Chance mais Reira reste surprise quand il finit par se glisser contre elle pour l’enfermer dans ce cocon à la chaleur protectrice. Tourner contre lui, enveloppée dans ses bras, elle se laisse aller, bercer par la douce symphonie du palpitant de son bien-aimé. Loin des tumultes de son âme à vif, Reira se fait emporter par le bonheur d’avoir pu réparer les morceaux brisés de son cœur, contrepartie suffisante aux temps durs qui guettent. Parce qu'elle est heureuse la russe, de voir que toutes ses erreurs ne soient pas voués au néant, qu'il y a toujours de l'espoir. Et dans un soupir de félicité, elle murmure. « Merci Chance, bonne nuit… » La force que lui apporte le brun aura de quoi la faire plonger sans souci dans les bras d’un sommeil sans trop d’embûches car elle est protégée de tous les ennemis avec Chance. Il est ce dont elle a toujours eu besoin, et celui dont elle aura toujours besoin.