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| Sujet: Re: you make the difference (reira) (#) Mar 2 Fév - 20:59 | |
| Légèreté des âmes, tu te sentais fort. Plus que tu ne l'avais jamais été. T'aurais été capable d'escalader falaises et montagnes, là, avec l'énergie qui parcourait ton corps, batteries pleines. La présence de Reira boostait chaque veine, alimentant chaque muscle, poussée d'adrénaline qui pourtant ne baissait pas depuis tout ce temps. T'aurais été capable de courir un marathon, là, si l'envie t'en prenais. Mais c'était pas le moment, et tu ferais tout pour rester près d'elle le plus possible, ne manquer aucun des brefs moments qui te rapprochaient de la fleur du Nord. Chaque seconde était précieuse, trésor à chérir. T'avais trop raté, égo rancunier incapable de passer au delà du cœur brisé. Tu t'en voulais presque, maintenant que tu avais retrouvé la peau suave de la danseuse. Désolé d'avoir été trop bête pour comprendre que t'aurais pu revenir; trop bête pour réaliser que les astres ne vous laisseraient jamais tranquilles, que vos destins étaient inévitablement liés. T'aurais pu fuir, qu'une voix dans ta tête te soufflait que vous vous seriez quand même retrouvés. Parce qu'à la base, les chances de croiser à nouveau cette danseuse inconnue du Cameroun étaient faibles. Des milliers de kilomètres vous séparaient de cette rencontre, des centaines de jours, aussi. Pourtant, quelqu'un l'a mise sur ton chemin. Ou alors c'est toi, qui t'es perdu sur le sien. Elle était réapparue dans ta vie au moment où t'en avais le plus besoin. Sans Reira, t'aurais pas su gérer ton retour. T'aurais été perdu, chute libre de ton esprit dans ce monde dont il ne conaissait plus rien. Tu serais tombé indéfiniment, attendant ton heure comme quand tu courais après la faux. Elle avait été la présence réconfortante qui t'a permit de faire le début du deuil de ta vie passée, adieux au soldat brisé. L'aube du renouveau, soleil timide qui s'est élevé ce soir, prêt à briller de toute son âme. Sérieux retrouvé, tu t'occupe de monter l'ancienne danseuse dans sa chambre, la déposer dans son lit et enfin la laisser tranquille. T'aurais pu prendre ton temps, faire durer encore le plaisir de son corps solidement accroché au tiens. Te délecter du sentiment de besoin de l'autre, ses mains autours de ton cou, son nez niché dans le creux de ton cou. Parfum enivrant qui imprégnait ses cheveux, douceur de cette peau que tu caressais avec retenue depuis plus d'une heure. Mais la fatigue de son corps se ressentait, elle avait besoin d'enfin reposer son âme; pas de place à l'égoïsme. T'avais été particulièrement bienveillant avec elle toute la journée, la soirée, aussi... Blessure interne de la danseuse déchue, son genoux blessé n'était qu'un dommage collatéral. C'était bien son âme que tu cherchais à apaiser. Joues empourprée depuis qu'elle a insinué qu'elle aimerait te garder encore près d'elle, les choses n'en était pas pour autant si simples. Tant de détails à régler, tu ne pouvais pas encore avoir la prétention de ne l'avoir que pour toi. T'es resté silencieux, léger soufflement amusé et cœur baigné de la lumière aimante de la russe. Sentiments gardés au fond de ton être, tu te retenais de les laisser exploser; insécurité constante face à la vitesse à laquelle les choses allaient. Ce matin encore, vous étiez loin de cet axiome. Tu la dépose finalement sur son lit, dernière inspiration du parfum envoûtant de sa peau avant d'éloigner ton visage de son cou pour pouvoir la regarder. Demande évidente de rester chez elle le temps que Piotr rentre, tu avais besoin qu'elle sache que tu serais là, peu importait l'heure. Langue entre les deux rangées de dents, sourire élargit à la remarque de la russe qui accompagne le consentement pour que tu imprègnes encore les lieux de ta présence. Echange de sourires, instant rapide et dans lequel t'aurais pu te perdre. Pourtant, tu devais la laisser dormir, mais avant, lui rapporter ses béquilles. Tu te redresses pour aller les chercher, surveillance négligée de la fleur précieuse que tu ne laissais pourtant que quelques secondes. A ton retour, elle était enveloppée dans ses draps. Allure enfantine de la situation, tu en joue, pour lui proposer un baiser de bonne nuit. Esquisse tendre alors qu'elle t'amadoue d'un murmure malin. Tu laisses les mots de prévenance sortir d'entre tes lippes avant de les approcher de sa joue. Murmures du cœur que tu laisses s'exprimer, tu t'apprêtes à la laisser enfin seule quand sa voix hésitante t'arrête dans ton élan. Tu ne la quitte pas des pupilles, froncement de sourcils, inquiétude non maitrisée de ton corps. T'écrases la pulsion qui voudrait accéder à sa demande sans te laisser le temps de réfléchir. Ton palpitant rate un battement, peut-être plusieurs. Temps de silence qu'elle ressent, tu as du mal à articuler une réponse, pris de court, préparé à toutes les éventualités, sauf celle-ci. Silhouette figée devant l'embrasure de la porte, tu restes fixé sur la vision de Reira, et de ce lit, acteur fondateur de ce qui vous liait. C'est à ton tour d'hésiter, incapable de te rendre compte si le dessein était admissible. Mais la loi du cœur l'emportait sur celle de la raison et tu t'apprête à répondre quand elle prend les devants, précision dont tu n'avais finalement plus besoin mais qui soulageait ta conscience encore bien présente qui commençait à faire grimper la température de ton corps, appréhension soudaine. Tu hoches lentement la tête, un sourire qui voulait chasser les mauvaises pensées, détermination à toutes épreuves. « Pas de soucis.» Tu réponds enfin avant de la rejoindre. Draps embaumés de l'odeur de la russe retrouvés, souvenirs charnels qui refont surface, tu te glisse à ses côtés et la laisse s'installer, l'encerclant de tes bras. Tu laisses la pulpe de tes doigts retrouver le contact de son cou, puis sa mâchoire, caresser le rebondit de ses joues et remonter sa tempe. Caresse rassurante, tu inclines la tête quand elle laisse échapper un murmure. « Bonne nuit... » Tu réponds à voix basse, avant de fermer les yeux à ton tour. Tu laisses ton esprit vagabonder au pays des songes, la courbe de tes lèvres mimant inconsciemment trois petits mots encore informulés jusque là. |
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