Pauvre con, bien fait pour sa gueule

Dans son métier – si tant est qu’on puisse appeler ça un métier -, rares étaient les fois où l’on s’associait à plusieurs reprises aux mêmes personnes. On pourrait croire que c’est essentiel, qu’on arrive à un tel degré de compréhension et de synchronicité qu’avec des gens qu’on connaît comme si on les avait faits mais c’est faux. Certes, parfois c’est un plus, mais Iggy préférait travailler seule. Ou avec des gens qu’elle ne connaissait que très peu ; si les choses venaient à mal tourner, elle éprouverait moins de scrupules à balancer leurs noms. Mais ce jour-là, c’était Jimmy qu’elle retrouvait. Un petit irlandais – en tout cas, c’est ce que son nom laissait entendre – qui a la hargne. Une conclusion qu’elle avait tirée parce qu’il n’avait pas rechigné à lui venir en aide une première fois et que, cette fois-ci, c’était lui qui l’avait appelée. Une histoire de vengeance à propos de laquelle Iggy avait préféré ne pas se renseigner du tout par souci de professionnalisme. Dans ce genre d’histoires, le pourquoi était des plus inutiles même s’il fallait bien admettre qu’elle était toujours un peu curieuse. Mais que le gars en question se soit barré avec sa femme ou qu’il lui ait tout simplement fait un coup de pute ne changeait absolument rien pour elle.

Assise à une table située au beau milieu du café, histoire d’attirer l’attention le moins possible, Iggy patientait, trempant le quart de son cookie dans son macchiato, lorsque Jimmy poussa la porte de l’établissement. S’il est en retard, ça se comptait en secondes et toujours aussi fringuant comme s’il sortait d’une réunion quelconque. C’est ça le problème des autres gens riches, on peut que les remarquer. Oh soit, tant qu’elle restait passe-partout. Elle se hâta d’avaler son quart de cookie et l’accueillit avec le sourire.
« Hé ! »
Pas de banalités du genre « comment ça va, aujourd’hui ? », ils sont pas là pour ça, ce qui fait qu’ils entrèrent tout de suite dans le vif du sujet.
« T’as l’air si enthousiaste à cette idée que ça serait con de changer d’avis maintenant. »
En revanche, elle se rappellerait de ne pas trop se le mettre à dos car il n’avait pas l’air commode si tel devait être le cas.
« Bien, alors je me suis un rapprochée de ton gars ces derniers jours et j’ai le regret de te dire que c’était pas simple, il est quand même très entouré. »
Mais il suffisait de la regarder, on lui donnerait le bon Dieu sans confession, comme dit.
« Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il a l’air très sûr de lui. Trop pour son propre bien, si tu vois ce que je veux dire. »
Petit tips au passage puisque, n’en déplaise au jeune homme, ils avaient quand même l’air un peu faits du même bois tous les deux.

Oh, manquerait plus que ce bon Jimmy tombe dans le grand banditisme à cause d’elle, maintenant. Non, Iggy s’en voudrait. Blague à part, elle était convaincue qu’il en serait tout à fait capable, avec ou sans elle, il avait l’air d’avoir ce qu’il faut pour ça. Ou presque ; il avait une réputation à tenir et c’était là son drame. Enfin, façon de parler car il n’avait professionnellement rien à lui envier. N’empêche qu’une fois de plus, elle se demanda ce que ce type avait bien pu lui faire pour mériter une telle vengeance. Si bien qu’elle lui demanderait peut-être bien une fois qu’ils en auraient terminé. Pour l’instant, ça l’amusait toujours plus que ça ne l’intriguait en tout cas. Petit hochement de tête approbateur puis Iggy se fendit d’un sourire en l’entendant lui dire que, grâce à ses précieuses informations, la tâche aurait dû lui être plus simple. Quand je vous dis qu’ils sont faits du même bois, les deux.
« Disons que si c’était si simple, ça serait pas marrant. Tu sais bien : à vaincre sans péril etc, on connait la chanson. »
Dans tous les cas, elle avait connu pire et était parvenue sans trop de souci à le suivre comme son ombre pour trouver le meilleur plan d’attaque. Et il s’avérait que le meilleur plan d’attaque, pour le coup, n’avait vraiment rien de spectaculaire, comme souvent. Jimmy n’eut pas l’air convaincu quant à sa réflexion concernant les dangers d’avoir un excès de confiance en soi. Attention, elle n’avait pas non plus dit qu’il fallait en manquer, seulement qu’il y avait un certain dosage à respecter pour bien s’en sortir dans la vie. Mais soit, ils n’étaient pas là pour discuter de ce qu’il fallait ou non pour réussir dans la vie donc ils passèrent au plan.
« Alors ça, c’était pas compliqué en revanche mais j’ai obtenu toutes ses coordonnées bancaires via phishing. »
D’une simplicité enfantine, vraiment. Mais peut-être parce qu’elle faisait ça avec d’autres de ses connaissances depuis des années ? Un peu comme un passe-temps. Bref, il avait suffi de lui faire croire qu’il avait gagné à la loterie et ce type n’avait pas seulement marché, il avait couru les yeux fermés dans le but de se faire encore un peu plus de thune. Ah, l’appât du gain, ça perdra bien des gens.
« Mais je me suis dit que ça serait pas drôle du tout de l’entuber juste de cette façon. Alors on va donner un peu de notre personne. Je vais me faire passer pour sa femme, ce monsieur l’envoie faire ses courses et semble avoir une confiance aveugle en elle. Et on va vider le coffre. « On » parce que t’auras un rôle à jouer là-dedans. Tu me fais confiance ? »
Un peu gros, peut-être mais vous savez ce qu’on dit : plus c’est gros, plus ça passe.

Si elle appréciait le challenge ? Evidemment. Mais Iggy n’était pas pour autant de toutes les combines ; elle savait admettre lorsque c’était voué à l’échec. Il fallait, sinon elle serait probablement derrière les barreaux à l’heure qu’il est. Elle avait failli, plus d’une fois, c’est bien pour ça qu’elle ne restait jamais très longtemps quelque part. Toujours en mouvement, c’était ça le bon plan pour ne pas se faire choper. Cela étant, inutile de divulguer ses petits secrets à Jimmy ou même à qui que ce soit qui n’est pas du milieu. Au lieu de quoi, elle se contenta d’hausser les sourcils, amusée. Là-dessus, il eut l’air étonné d’apprendre que sa némésis s’était si facilement fait berner. Iggy non : c’est loin d’être le premier et ça sera encore moins le dernier.
« Tu serais surpris de connaître le nombre de personnes qui se font avoir. »
Et encore une fois, surtout des riches. Dans ce cas précis, c’était moins le fait qu’ils soient stupides ou beaucoup trop confiants que le fait qu’il y ait de quoi voler sur leurs comptes en banque. Aucun voleur n’a envie de voler quelqu’un qui a à peine de quoi finir le mois, à moins d’être lui aussi totalement désespéré.

Soit, Jimmy se questionnait. Logique. Ce qui, indirectement, répondait à sa question suivante : pas trop sûr de lui faire confiance. Mais Iggy savait ce qu’elle faisait ; si elle n’était pas sûre et certaine que ça fonctionnerait, elle ne prendrait pas le risque. D’autant que ça reviendrait à partir une fois de plus et merde, elle avait enfin une piscine, quoi ! Donc non, même pour ses beaux yeux, elle ne le tenterait même pas.
« Par chance, on se ressemble un peu. Mais t’inquiète j’ai tout ce qu’il faut pour qu’on n’y voit que du feu. »
Sinon, elle aurait envoyé quelqu’un d’autre. Ou trouvé un autre plan. Lentilles de contact, perruques, style vestimentaire, c’était loin d’être son coup d’essai. Puis elle répondit à la question qui n’avait plus besoin de réponse : juste assez pour rester là. Noté. Elle consulta ensuite sa montre.
« On a quinze minutes pour y aller, le temps de se préparer. On décolle tout de suite. En ce qui concerne la voiture, la mienne est peut-être un rien tape à l’œil alors on va prendre la tienne. »
Iggy termina sa boisson, rassembla ses affaires, se mit debout et sortit par la porte arrière du café, là où elle avait laissé sa Cadillac dont elle ouvrit le coffre avant de lui tendre les quelques accessoires qu’elle avait prévu pour lui. Jimmy n’entrerait peut-être pas de la banque s’il ne voulait pas trop se mouiller mais il l’attendrait devant dans son rôle de chauffeur.

Jimmy avait l’air de ne pas y croire lorsqu’elle lui disait qu’il existait pas mal de gens pour tomber dans le panneau ; alors qu’elle était sûre et certaine que lui-même pourrait le faire, à condition qu’on s’y prenne bien. Parfois, Iggy voyait ça comme un challenge bien que ça lui serve plus souvent de passe-temps et que l’un n’empêche pas l’autre en plus de ça. Si elle ne tenait pas à rester en bons termes avec, peut-être même qu’elle pourrait aller jusqu’à s’exercer sur lui, histoire de lui prouver qu’il n’est pas à l’abri d’une arnaque non plus. Cela dit, elle n’en ferait rien : il serait capable de vouloir se venger. Et de retourner ses connaissances dans le milieu contre elle à grands coups de chèques. Non, non, mieux valait ne pas tenter le diable. Quoi qu’il en soit, il sembla confirmer sa ressemblance – en tout cas vite fait – avec l’épouse de leur cible. Il faudrait juste y aller mollo sur les accessoires – afin de pas crier sur tous les toits qu’il s’agit d’une arnaque -, et ça passerait sans souci, Iggy ne se faisait aucun mouron à ce sujet. Et donc, il fut temps de se mettre en route.

Elle se doutait qu’il ne devait pas non plus conduire n’importe quoi – encore qu’il existe des riches qui n’ont rien à compenser et qui se fichent totalement des voitures mais ils semblent se faire très rares -, mais disons qu’elle s’était renseignée à l’avance et en aurait de toute manière déduit qu’il était le genre de types qui fréquente les quartiers de riches, les quartiers où étaient regroupés les sièges des plus grosses banques de la ville alors que de son côté, elle n’y fichait jamais les pieds ; jamais de la vie elle ne mettrait son argent en banque, il n’y avait qu’un peu de poussière sur son compte.
« T’en fais pas, ta Cayenne fera parfaitement l’affaire. »
A l’évidence, le coin où ils allaient avait l’habitude des Porsche, quel que soit le modèle. Après avoir récupéré tout ce dont elle avait besoin dans le coffre, dont une paire de lunettes de soleil Armani et la fameuse casquette de chauffeur pour Jimmy, elle délaissa sa Cadillac pour gagner la Porsche de son complice.
« Merci, la tienne est pas mal non plus. »
Puis elle afficha un sourire en coin en réponse à sa remarque. Tiens donc, elle ne s’en serait jamais doutée… Il entra néanmoins tout de suite dans son rôle et Iggy lui donna les indications pour rejoindre la banque. Arrivés à destination, elle vérifia l’heure : ils avaient encore une ou deux minutes devant eux.
« Gare-toi le plus près possible de l’entrée, s’il-te-plaît. »
Se retournant, elle vit la voiture qu’elle attendait se stationner un peu plus loin et la personne qui en descendit lui donna le feu vert, ils avaient réussi à faire en sorte que la femme dont elle prenait les traits aujourd’hui ne se déplace pas. Par quels moyens ? La vérité c’est que, dans ce job, moins vous en saviez, mieux vous vous portiez.
« C’est parti ! »
A Jimmy de voir s’il voulait être aux premières loges ou s’il préférait attendre sagement.

Eh bien, y avait plus qu’à, alors. Iggy acquiesça pour toute réponse et en avant toutes. Se glissant dans la peau de son personnage, elle marcha devant et ralentit l’allure pour qu’il lui tienne la porte de la banque. Un merci à peine articulé serait tout ce à quoi il aurait droit étant donné que son modèle n’avait pas l’air de faire grand cas du petit personnel. Elle s’adressa tout de suite au guichetier, prenant tout de même la peine de modifier quelque peu l’intonation de sa voix, appuyant les voyelles, prenant l’accent de madame Cassandra McLaren. Non, un nom pareil ça ne s’invente pas. Et le guichetier n’y vit que du feu. Evidemment, elle lui ressemblait en dehors des yeux qu’elle avait pris soin de cacher derrière ses lunettes de soleil hors de prix, elle parlait de la même façon et elle était accompagnée de son chauffeur/garde du corps, ce que vous voulez, qui peut-être ne ressemblait pas forcément à celui qui l’accompagnait d’habitude – si tant est qu’il l’accompagne -, mais il était peut-être malade ou en congé voire carrément viré, que pouvait-il en savoir ? Les riches font bien ce qu’ils veulent de leur personnel.

Iggy demanda donc l’accès aux coffres et sans la moindre hésitation, le guichetier sonna la personne qui en avait la surveillance. Première étape franchie. Regard entendu vers Jimmy et rien de plus car ça ne serait clairement pas le bon moment pour sortir de son personnage, ne serait-ce que quelques secondes. Ce qu’elle pouvait détester la vie de riches, n’empêche. Okay, elle n’avait rien contre la piscine, la Cadillac et la villa, mais le reste… Voilà qu’on était littéralement en train de lui dérouler le tapis rouge alors que, pour ces gens, elle n’était là que pour retirer de quoi s’acheter un pain ou une Maserati. La demoiselle chargée de la surveillance des coffres leur fit des courbettes avant de les faire descendre au sous-sol, de les laisser entrer dans la salle des coffres et de lui laisser taper le code qui ouvrirait le « sien ». Partant de là, elle les laissa seuls, jugeant que ce qui se passait ensuite ne regardait qu’eux.
« T’as vu ça ? Un vrai jeu d’enfants. »
Pas trop fort non plus, ça serait pas le moment de tout gâcher.
« Alors, qu’est-ce qu’on prend ? »
Des billets, des bijoux, d’autres trucs de « valeur », du moins aux yeux des McLaren, puisque c’était sa vengeance, le choix revenait à Jimmy.

Maintenant qu’il le dit, il est vrai que le fait de parler librement dans la salle des coffres pouvait paraître fou. Mais encore une fois, Iggy n’était pas une amatrice ; avant de se lancer dans une telle entreprise, elle avait fait des repérages, s’était renseignée au préalable. Et avait donc appris que le système audio ne marchait pas. Parfois c’est capricieux, ces p’tites bêtes. Bref, tout ça pour dire que oui, aussi aberrant que ça puisse être, ils pouvaient parler librement. Du moins tant que personne ne se trouvait dans les parages, il fallait tout de même rester vigilant.
« Ouais, leurs micros marchent pas. Ou plus, je me suis pas penchée plus que ça sur la question, tout ce que je sais c’est qu’ils font que nous voir. »
En plus de rester vigilant, il fallait donc également rester dans le rôle. Du moins visuellement parlant. Quant à l’état du système de sécurité de la banque de Jimmy, pas impossible qu’il soit dans le même état. Si un jour elle devait la voler pour telle ou telle raison, il serait toujours temps de s’en inquiéter.
« A ta place, je ferais ça discrètement quand même parce que ça pourrait paraître louche que ça ne t’ait jamais traversé l’esprit jusqu’à ce moment précis. »
C’est-à-dire le moment où l’un de ses ennemis s’est fait cambrioler. Ça pourrait éveiller les soupçons. Mais oui, c’était typiquement le genre de choses dont tout le monde se fichait car ils croyaient leur argent de toute manière à l’abri dans une banque. Comme quoi, il ne fallait jamais rien prendre pour acquis.

Là-dessus, Jimmy lui fit savoir qu’elle pouvait prendre ce qu’elle voulait. Tout en ajoutant qu’il s’en foutait et qu’il ne faisait pas ça pour l’argent. Oh, sans blague. Iggy ne s’en serait pas doutée. Elle non plus, du reste. N’importe quoi, donc le premier truc qui lui tomberait sous la main ferait l’affaire. Jusqu’à ce que Jimmy lui fasse remarquer qu’un collier en particulier pourrait lui aller. Un petit sourire étira ses lèvres. C’était gentil de sa part. Mais qu’elle s’en empare ou non, ce collier serait de toute façon transformé en cash aussi vite que possible en passant par un recéleur de confiance. Garder un trophée serait la plus conne des choses à faire. Etant donné qu’elle n’avait pas pensé à emporter d’écrin et que le glisser dans la poche de son trench semblerait sans doute un peu bizarre, elle le prit, le tendit à Jimmy et releva ses cheveux pour qu’il l’aide à le passer. Oui, à ses yeux c’était le genre de tâche qu’on pouvait confier à son chauffeur, pourquoi pas ?
« Toujours du même avis ? »
A savoir est-ce que le collier lui allait bien ? Elle attendit sa réponse et se dirigea vers la sortie. Maintenant que ce qu’ils étaient venus chercher se trouvait en leur possession, inutile de s’attarder plus longtemps.

Avant d’être une voleuse, Iggy était surtout une arnaqueuse ; connaître ses adversaires, pouvoir se jouer de leurs failles, c’était ça son truc. Le vol n’était que la continuité logique de son activité mais bien loin d’être ce qui lui plaisait le plus là-dedans. Et il s’avérait que non, dans une vaste majorité des cas, les gens ne s’attendaient pour ainsi dire jamais à se faire voler, manipuler, berner. Trop confiants. Comme si la vie ne leur avait pas appris à se méfier de tout et surtout de tout le monde. Pendant ce temps-là, Iggy ne se privait jamais pour leur faire les poches. Ou les comptes. Comme là, en l’occurrence. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle ne se posait pas la moindre question quant à savoir pourquoi ça se déroulait ainsi, le fait est que c’était le cas et qu’il fallait en tirer profit. Sans sortir de son rôle d’espèce de mégère équipée d’un balai dans le cul, elle crut bon de rappeler à Jimmy que s’enquérir de la sécurité de sa banque auprès de ladite banque risquait possiblement d’éveiller les soupçons bien qu’après ça, il serait idiot de ne pas faire attention car, comme tout le monde, lui non plus n’était pas à l’abri d’une escroquerie. Sobre mouvement de tête de haut en bas signifiant que oui, il avait raison. Ou non. A sa place, elle n’en dirait rien et se payerait les services d’un hacker professionnel pour faire ça en toute discrétion mais bon, tant qu’il ne la balançait pas, il faisait bien ce qu’il voulait.

Une fois le collier passé autour du cou, Iggy faillit lui faire remarquer qu’elle aussi était riche et donc que, techniquement parlant, elle ne se faisait pas passer pour une riche mais elle comprenait où il voulait en venir.
« Ouais bien sûr, quand ça fait partie de la panoplie. Mais c’est pas pour ça que j’aime ça, ni que ça me va bien. »
En dépit des liasses de billets s’amoncelant sous son matelas, elle était toujours restée fidèle à elle-même en dehors de la villa avec piscine et de la Cadillac ; c’est-à-dire une fille de forains. Point de rangée de perles ou de rivière de diamants pour elle. Mais il fallait bien admettre que dans le cas présent, ça serait plus facile à sortir en le portant directement. Bref, en parlant de sortir, il était temps, après avoir récupéré l’une ou l’autre petite chose. Un appel, on lui demanda si tout s’était bien passé comme si elle venait de faire quelque chose demandant un effort. Elle confirma que tout s’était effectivement bien passé, y alla même de sa petite blague et rideau. Plus qu’à regagner la voiture et éviter de partir en trombe, ce qui ne ferait qu’attirer l’attention et c’est bien ce qu’ils essayaient d’éviter. Petit sourire tandis que Jimmy célèbrait en quelques sortes sa victoire. C’est alors qu’un coup contre la vitre lui fit manquer un battement. Le guichetier. Faisant un peu moins la fière qu’auparavant, Iggy baissa la vitre.
« Vous avez fait tomber ceci ! »
Le collier qui s’était détaché. Mince. Elle le remercia chaleureusement en récupérant le collier et le guichetier retourna vaquer à ses occupations. Cette fois, ils pouvaient souffler.
« Traînons pas trop, d’accord ? »
Des fois que… Mais toujours en douceur, comme si elle était en retard à son rendez-vous avec son coach sportif ou une connerie de ce genre.