Mauvais plan - piètre artiste #arlington crawford

A peine rentrer chez moi, qu’un message de Neela concernant son avant-première apparue sur mon téléphone, comme promis celle-ci m’accorde deux places. Je grommelle tandis que je me souviens lui avoir répondu que je viendrais accompagner. Toutefois, mon altercation avec cette dinde qui a pourtant réussi à faire échauffer mes sens et me donner des idées absolument pas catholiques bien au contraire, me dissuade d’inviter une pure inconnue. Une douche froide pour réfléchir est plus que nécessaire.

L’eau sur ma peau ayant eu l’effet escompter, je ressors de la salle de bain avec finalement un prénom en tête. Il n’est pourtant pas conseiller de fréquenter des collègues de boulot, mais cela tombe bien ma RH est en congé maternité, je ne l’entendrais donc pas râler sur moi. Je pris alors mon téléphone pour appeler ma collègue infirmière. Une jolie petite rousse, silhouette élancée, minois qui pétillent et ponctués de taches de rousseurs. Je la croise souvent lors des prises en charges des patients, c’est une des rares personnes à qui je parle aussi facilement de tout et de rien. Sa voix au téléphone ne paraissait nullement gênée de la proposition pour le lendemain et c’est avec plaisir qu’elle avait répondu présente pour l’invitation suggérant même d’aller prendre un verre ensemble avant la soirée.  

Une fois n’est donc pas coutume, j’avais passé la fin de la journée du lendemain avec Anna, ma meilleure amie. En effet, cela faisait bien trop longtemps que je n’avais pas eu de rencard et étant donné mon goût « douteux » selon elle, pour ma tenue vestimentaire, elle m’avait aidé à choisir. Il faut dire que la blague sur le pull de noël lors de l’animation avec l’association avait duré un moment dans les couloirs, ce qui m’avait valu une petite réputation.  

Anna quitta l’appartement une fois satisfaite du choix de ma tenue : un jean sombre avec une chemise en chambray et une veste en tweed dont les coudières étaient colorées. Mes chaussures de ville classique feront l’affaire. Un tour à la salle de bain avant de revêtir mes vêtements, ma montre sur mon poignet droit ainsi qu’un bracelet en cuir dont l’attache n’est autre qu’une ancre sur mon poignet gauche. J’effleurai du bout des doigts le bijou, mon esprit ne parvenait pas à se souvenir depuis quand je l’avais même si je sentais qu’il était sur le bout de ma langue et mon corps ressentait comme une chaleur à le porter.

Une bonne demi-heure après, je franchis la porte du bar, où j’aperçois une petite main sur le côté qui s’agite pour me faire signe. Une ambiance chaleureuse nous entoure et nous nous accordons quelques verres, la conversation est agréable et différent rire ponctue ce moment. L’heure continue de tourner et nous nous décidons de nous mettre en chemin afin de ne pas rater le début. Lors de notre arrivée, je ne suis pas étonné du monde à se présenter pour cette avant-première. Neela m’avait effectivement dit qu’elle avait pas mal de succès. Je découvre que l’amie qui m’accompagne est très friande des acteurs présents dans le film et qu’elle est touchée que j’ai pensé à l’inviter. Un sourire se place sur nos visages tandis que nous entrons dans le cinéma, une main posée sur sa taille pour parvenir à se frayer un chemin sans se faire bousculer. Nous rejoignons nos places, un peu plus en bas, sur le côté où très peu de sièges sont placés, une famille est déjà installée près du mur. Il ne reste plus que nos sièges pour deux personnes ainsi qu’un siège seul à côté d’une place pour personne à mobilité réduite. Mon amie s’installe près de la famille avant que je prenne place à mon tour.

Le film commence, un rapide coup d’œil circulaire et je constate que le cinéma est plein, la jeune femme me montre de son index les acteurs qu’elle apprécie, puis mon regard est attiré par une lumière et des chuchotements. A l’autre bout de la salle, un couple arrive guidés par un steward qui s’avance jusqu’à une rangée. Mon sourcil s’arque un instant étonné qu’il reste encore des places pour deux personnes, mais la noirceur dans laquelle la salle est plongée ne me permet pas d’en savoir davantage. Une voix féminine chuchotée à mon oreille ramène mon attention sur le film acquiesçant à sa remarque. Des bruits de pas se font entendre à proximité et je ne résiste pas à la curiosité de tourner une fois de plus la tête pour savoir s’ils ont réussi à trouver une place. Une ombre se lève, une personne laisserait elle sa place spontanément ? Voilà qui est étrange, d’autant plus que le trio n’est pas à proximité.

J’hausse les épaules en camouflant un rire dans ma barbe puis imagine la situation où le couple après avoir dérangé tout le monde repars bredouille par faute de places, même si cela me parait peu probable étant donné qu’il y ait besoin d’une invitation pour parvenir à rentrer. Le nombre d’agent de sécurité sur le site ne permettant pas l’apparition de présence non désirée. Mon murmure s’échappe de mes lèvres, tandis que je me parle à moi-même légèrement penché sur le côté opposé à mon amie « Si tout le monde arrivait à l’heure aussi, venir déranger la tranquillité des gens dans un film déjà commencé »

Les différents chuchotements tout au long de la séance m’empêche de me plonger autant que je l’aurais voulu dans le film, pour ma part j’aime effectivement débattre, mais après et non pendant. Mon amie se tait au moment où finalement les personnages se laissent aller à leurs désirs les plus enfouis, des pulsions presque primitives. Je ne m’attendais pas à cela, pour autant ça en est presque captivant et des pensées me traverse l’esprit augmenté par le souvenir de son parfum. Bordel elle me colle à la peau. Les lumières qui me font lentement réagir et le mouvement de la personne à côté me ramène à moi. Mes yeux s’écarquillent, je comprends mieux la raison du parfum qui flottait dans l’air. Comment est-ce possible ?  

Sa voix est basse mais sèche, une tension surgit entre nous, une pointe de satisfaction de la voir seule, il faut croire que cette cougar s’est fait poser un lapin. Toutefois, je ne suis pas seul et hors de question que mon amie soit mêlée à tout ceci. Je réponds sur le même ton tandis que le brouhaha autour de nous commence à gagner du terrain « Je vous signale que moi je suis arrivé à l’heure, c’est donc vous qui aviez été déplacé. Je ne serais même pas surpris que vous ayez eu le culot d’entrée sans invitation au vu de vos fréquentations douteuses. Votre artiste a une sacrée réputation vous le saviez ? Maintenant excusez-moi, mais je ne suis pas seul. » 

J’incline légèrement la tête, la mâchoire serrée alors que je tente de maitriser mon regard pour me limiter à son visage. Mon amie me tire par la manche pour me suggérer d’aller boire un verre pendant l’entracte. J’acquiesce et pendant toute la demi-heure qui s’écoule, je ne peux m’empêcher de fureter des coups d’œil à sa recherche. J’adresse un signe de tête à Neela avec un sourire satisfait comme pour la féliciter, elle me le rend en retour sans pour autant s’approcher. Il faut dire qu’il y a du monde et elle ne peut pas être partout à la fois. L’infirmière qui m’accompagne me tends son verre avant de rejoindre la salle pour lire au calme la brochure qu’elle a réussie à trouver pour expliquer les tenants et les aboutissants du film dans les coulisses.   

J’arpente les différents couloirs dans le seul but de la croiser, c’est en ressortant de celui des toilettes que je tombe nez à nez avec elle. La plupart des personnes ont déjà rejoints leur place. Contre toute attente, au lieu de passer à côté de moi, elle se plante en face de moi, relève légèrement la tête pour fixer son regard dans le mien avant de tempêter. Comment fait-elle ça ? Comment puis-je ressentir une attraction aussi forte à son égard ? Mon sourcil s’arque à son attaque, mais quel culot ! Je m’avance vers elle pour lui attraper le poignet, mon pouce au creux, mes autres doigts qui l’entourent. D’un mouvement ferme je l’entraine contre le recoin, jusqu’à ce que son dos se retrouve piéger. Mon autre main s’appuie contre le mur, juste à côté de sa tête tandis que je penche mon visage pour être à sa hauteur, alors qu’elle le relève d’autant plus, bien décidé à ne pas se laisser impressionner. Bon dieu elle est tellement sexy avec son air furibond. Mon regard plus brûlant que jamais, accroché à ses yeux, nos corps qui n’ont jamais été aussi proche que maintenant.  « Je vous signale que c’est vous qui avez tout fait pour vous mettre en travers de mon chemin. Vous croyez que vous pouvez avoir une quelconque importance pour moi ? A moins que ça ne soit vous qui attendez quelque chose »

Un grondement redouble en moi à la vérité énoncée. Oui à cet instant précis, je n’en ai rien à faire de la suite du film. La seule envie qui prend de l’ampleur est à son sujet. La fin de la première partie du film ayant eu pour conséquence la multiplication de mes sens et au vue de son regard je suis prêt à parier qu’elle ressent la même chose. Un rictus se dessine tandis que je sens son empressement, ses index qui n’ont de cesse de me repousser après lui avoir relâché le poignet, une résistance qui manque de fermeté tandis qu’elle ne cherche pas à s’échapper. « Vous avez toujours l’habitude qu’on vous écoute ? » Mes muscles se contractent et se tendent, mes yeux se baladent sur sa silhouette avant de dévier le visage vers son oreille pour m’en approcher, mon souffle se perd sur elle, ma barbe griffe très légèrement sa joue alors qu’une de mes jambes vient se placer entre les siennes sans qu’un contact ne s’effectue, seules mes dents frôlent son lobe d’oreille « Je crois que votre corps n’est pas tout à fait d’accord avec vous »

Cette femme a ce don de provoquer chez moi quelque chose de brûlant à bien des égards elle ne me laisse pas indifférent. Cette attraction entre nos deux corps ressentis l’un comme l’autre, une sensation qui nous rends furieux de voir cette emprise sans parvenir à s’en détacher. Une faim qui prend une toute autre dimension, celle qui prends aux tripes, celle qui ne vous laisse pas de marbre et dont vous savez que malgré vos tentatives de résister vous n’y parviendrez pas. Ce besoin primaire qui est dissimulé dans chaque parcelle de votre esprit, de votre corps et qu’une seule personne peut réussir à réveiller. Elle va me repousser à coup sûr mais ce fébrilement pressentis valait le coup. Sa rage est palpable et renforce mon envie de la mordre, mon sourire se dessine de plus belle avant de marquer un temps de surprise quand contre toute attente sa main posée sur mon corps se fait sensuelle. Mon visage se penche d’autant plus pour plonger mon regard dans ses yeux, un instant suspendu, cette étincelle qui me fait perdre mon souffle et me renvoie à une brèche de mon passé. C’est impossible…

Ces lèvres qui rentrent en contact avec les miennes font repousser mes souvenirs pour faire réveiller d’autres parties de mon corps. Son goût délicat, gourmand, me pousse à reprendre et intensifier le baiser, mon bras gauche quitte le mur pour venir se placer derrière son corps et la rendre prisonnière de ce qui est en train de nous consumer. Ma paume remonte à travers son dos jusqu’à sa nuque et la coince entre mon pouce et mon index. L’autre main toute aussi rugueuse se pose sur sa hanche pour parcourir sa taille et froisser ses vêtements. Sa façon que son bassin a de venir chercher le mien, j’ai beau tout faire pour garder la maîtrise de mon corps, celui-ci me trahis sous le désir qui prends le dessus. Pris à mon propre piège, elle le sait pertinemment et je peux lire dans ses yeux sa victoire. " Je suis aux abois "

Mes muscles se tendent, mon corps la bloque de nouveau contre le mur, un son rauque sort de ma gorge que je dissimule vite en venant la mordre dans la chair tendre de son cou. Les doigts de sa main quitte mon fessier pour remonter sur mon haut et me griffer à travers les vêtements. Cette sensation qui remonte, ce désir qui amplifie, la saveur de ses lèvres, langue, il ne fait nul doute que je la connais. Un flashback m’envahit. Cette femme qui n’est pas n’importe qui. Cette tigresse provocante qui cache milles et une facette. Non impossible je dois me tromper. Pourtant je la reconnaitrais entre milles. Mes lèvres s’écartent des siennes de quelques millimètres tandis que je me brûle de plus en plus, mes yeux se ferment alors que mon souffle aspire le sien. "Cass.. "

La brèche s’ouvre de plus en plus et avec tout ce flot de souvenirs que j’avais pourtant soigneusement verrouillé pour ne plus jamais ouvrir cette boite de pandore. Ce paradoxe qui s’empare de moi, cette lutte entre poursuivre avec ardeur, me laisser aller à l’attraction si forte malgré le risque d’être découvert à tout moment et celui de disparaitre, emporter avec moi ces souvenirs qui reviennent, ces interrogations. Ne pas savoir si cette allumeuse est celle qui en est la clé.

Je relâche son corps, ma mâchoire se contracte pour résister, mes yeux croisent les siens où je peux lire cette même incompréhension ainsi qu’une autre lueur. Non je n’ai pas le temps de la laisser parler, je ne veux pas savoir. En quelques instants j’oublie l’endroit où je me trouve, que je suis accompagné et je décide de quitter le lieu de réception, d’un pas pressé, mes affaires abandonnées près de mon amie. La nuit m’emporte et j’atterris sur la plage, mon refuge, mes chaussures débarrassées, je foule le sable fin jusqu’à m’asseoir près de l’eau pour regarder les vagues me chatouiller les pieds, au plus près de moi, l’eau reflète le rayon de la lune pour venir éclairer les pensées qui m’assaillent.

"Bordel de merde…. Serait-elle revenue ? A-t-elle toujours été là ? A moins que cela ne soit juste le fruit de mon imagination…Toutes ses années… "

Un arrière-goût remonte dans ma bouche, quelque chose que j’ai lutté suite à son départ et dont je ne peux replonger. Une main posée sur mes lèvres, son empreinte encore dessus et mon intuition plus forte que jamais.

Mes yeux se ferment, je revois encore le retournement de situation clairement mal pris des deux côtés ce qui a très probablement fait naitre une tension encore plus forte entre nous. Cette frustration qui grandit, cette envie de lutte et de régler nos comptes. Oui il est clair que j’ai vu sa colère et sa fureur, il faut dire que ses émotions se lisaient sur son visage sans aucune difficulté. Je souffle bruyamment et cherche à faire taire par tous les moyens ce que j’ai pu ressentir. Il n’y a rien à faire. Mes yeux s’ouvrent de nouveau sur cette étendue d’eau qui me fait face. Mes mains se contractent puis se referment, une douleur vive me submerge. Le passé doit rester là où il est. Je ne plongerais pas à nouveau. Ma colère monte, bouillonne en moi prête à exploser, certaines zones sont encore floues, il faut dire que quand c’est arrivé, je n’étais pas le mec le plus clean. Je ne suis plus cette personne. J’ai changé bon sang. J’ai toujours eu besoin de comprendre la moindre situation, même les vérités les plus cruelles et dans cette histoire, je n’ai jamais pu avoir mes réponses au « pourquoi ». Pourquoi disparaitre ainsi.

Pris dans un tourbillon de pensée, je connais les deux personnes qui pourraient m’éclaircir sur certains points et qui pourraient m’aider à remettre loin le fantôme de mon passé. Je passe mes mains dans mes poches à la recherche de mon téléphone, mais je dois me rendre à l’évidence, l’ensemble de mes affaires sont restées à la soirée. "Bordel Arlo ! Jusqu’au bout de la soirée tu agiras comme un con ! A l’heure qu’il est tu aurais pu avoir enfin ta vengeance, lui fermer son caquet ! " Sauf que la vérité était tout autre, la vengeance n'était pas la première raison. J'ai envie d'elle.

Je gueule en me redressant, je m’en veux à moi-même d’être parti sans avoir pris l’essentiel de mes affaires. Même pas d’argent pour aller m’acheter une bouteille dans le magasin à côté. Je suis en colère d’avoir laissé échapper une si belle occasion de la voir dans un tel état. Une vague parvient jusqu’à mes pieds pour me faire sentir la fraicheur de l’eau et fais naitre une pulsion en moi. Je déboutonne ma chemise à la hâte pour la retirer tandis que mon pantalon et l’ensemble de mes vêtements rejoignent très vite le sable humide.
La pénombre englobe mon corps où la présence encore récente de ses ongles se mêle à mes tatouages et cicatrices. Un pas après l’autre sans un regret, je m’enfonce dans l’eau.

Ma mâchoire se contracte sous l’effet du froid avant que je plonge la tête la première. Les profondeurs m’enveloppent comme une caresse réconfortante, le calme m’envahit à mesure que ma nage sous l’eau continue. J’aime venir retrouver mon calme ici, parfois je parviens même à les revoir malgré le temps qui commence à jouer sur ma mémoire. Soudain son visage éblouit par un rayon de soleil, ce sourire si malicieux, cette gorge offerte me revient en mémoire. Je ressors la tête de l’eau, les idées claires. Je dois faire éclater au grand jour la vérité. J’ai refoulé dans ma mémoire une partie de mes souvenirs pour ne pas sombrer, ces souvenirs qui maintenant apparaissent par la brèche, les uns après les autres. Je dois m’assurer qu’ils soient tous en ma possession pour garder le contrôle. Je dois la retrouver, percer à jour ce qu’elle représente. L’enquête ne fait que commencer.

La détermination qui me gagne me fait sortir de l’eau et enveloppe les sentiments de tristesse telle une carapace imprenable. Hors de question de lui laisser le plaisir de m’avoir à ce point bouleversé. Sans parler de cette frustration qui continue de se faire ressentir. Les vêtements trempés sur le dos, les gouttes qui ruissellent le long de mon dos je remonte la plage en direction du ponton. Au loin, une silhouette se détache à la lueur des réverbères.

Mon corps tente de garder la maitrise des sensations qui me parviennent encore, malgré l’empreinte de cette femme sur chaque parcelle de ma peau. Je dois retourner sur les lieux de la soirée, récupérer mes affaires. Un flash de mon amie qui s’y trouve aussi et merde. Comment lui expliquer ce qu’il vient de se passer ? Alors que mes pas m’amènent de plus en plus à proximité du ponton, mon esprit réfléchit de plus belle à la suite à donner. Tout à coup je m’interromps net, cette silhouette…. Non c’est impossible ! Je me hisse sur le ponton puis d’un pas rapide je vais voir cette femme assise, la colère remonte. Une colère contre moi-même, contre elle, contre chaque chose qui m’entoure, ce sentiment de ne pas réussir à contrôler les choses moi qui suis du genre méticuleux à ne rien laisser au hasard. Une colère que si c’est elle, ça veut dire qu’elle ne se souvient pas non plus de moi. Or je peux difficilement lui reprocher puisque moi-même je ressens un doute, pourtant à mesure que nos corps se font face, que cette proximité se fait plus présente que jamais, des flashs me reviennent.

« Qu’est ce que vous faites là ! Vous m’avez suivi ? Vous n’avez rien de mieux à faire que de poursuivre les gens ? Foutez-moi la paix ! » J’attrape son poignet alors qu’elle commence à se relever pour l’aider sans vraiment l’aider, l’obliger à me faire face pour me permettre de plonger dans son regard.

Je la relâche brusquement et fais demi-tour, je sens la colère de cette femme bouillonner de nouveau. Mes sens sont en éveil, il n’y a pas que la colère qui est au rendez-vous. Je m’arrête en l’entendant me crier à moitié dessus, je n’ai pas envie de sourire, malgré ça quelque chose me tiraille, je fais volte-face pour l’apostropher à mon tour

« Vous n’avez absolument aucun souvenir à mon sujet n’est-ce-pas ? Pourtant, nous ne sommes pas des inconnus, j’en suis persuadé … mais… c’est impossible » Oui c’est impossible que ça soit elle, Cass… Cassiopée… non impossible, pas après toutes ces années. Une idée germe dans mon esprit, oui si celui-ci refuse de parler, mon corps qui ne cesse de lutter, mon corps aux abois face à cette femme s’en souviendra peut-être.

Avant qu’elle ne puisse réagir, mes enjambées viennent la retrouver, mes mains se posent sur ses joues pour basculer sa tête en arrière. Mes lèvres se posent sur les siennes pour l’embrasser à perdre haleine, mon baiser transmet tous les sentiments et ressentiments qui explosent de toute part. Nos regards prennent part à une vraie bataille avant que je les ferme un instant, mon corps se contracte pour lutter contre son rejet. Cette fois-ci je ne ferais pas l’erreur de la lâcher. Peu importe les conséquences, j’irais jusqu’au bout.

Ce moment reste gravé, la chaleur de ces lèvres, cette sensation où je sais qu’elle a envie de me repousser tout en sachant qu’elle en sera incapable. Je sens sous mes doigts, sa façon de se tendre, de se contracter tant elle bouillonne au même titre que moi. Oui elle prononce vite des menaces, des injures, oui elle sait me faire des yeux noirs pour me montrer son désaccord. Pour autant, son corps a laissé transparaitre une brèche, je l’ai vu à son regard.

Mon corps ne parvient pas à résister à l’envie qui gonfle en moi, je veux plus… bien plus. Je ne me contenterais pas d’un baiser. Je perçois son rire, un rire qui me paralyse, ce rire qui me fait vriller par les significations qui l’apportent ainsi que les incertitudes. Je réclame son attention, toute son intention sans risquer d’être déranger par d’autres zouaves. Les planches de bois craquent sous nos pas qui accélèrent, au moment même où nos pieds foulent le sable, je lui fais face, une main posée à côté de sa tête, l’autre main en exploration qui se veut de plus en plus gourmande, chacune de ses formes, amplement, avec insistance. Les baisers laissent place à diverses morsures, ses soupirs se perdent sur ma peau, la cambrure de son corps m’amène à me perdre encore plus, à désirer son corps davantage, je sais qu’elle est prête. Je me laisse aller avec elle à ce besoin primitif, ses ongles incrustés dans ma chair, sa voix qui ne quitte pas mon oreille. Cette découverte intime de son corps vient semer une graine dans mon esprit, dans chaque parcelle de mon corps. Je l’ai connu charnellement aussi…… mon corps ressent cette sensation familière… comme s’il savait la direction à prendre pour mieux entendre ses gémissements.

Tandis que ses pieds rejoignent à nouveau le sable, mes lèvres sont attirées inexorablement sur la peau de son cou, une envie indéniable de la voir frissonner à nouveau. Ma mâchoire se crispe au moment même où elle me repousse pour tenter de retrouver un semblant de contrôle à moins que ça ne soit pour m’assommer de sa remarque. Putain elle n’en rate pas une.

L’obscurité dissimule une grimace sur mon visage. Outch… cette phrase me fait plus de mal que je ne l’aurais cru. Suis-je le seul à avoir ce sentiment en couchant avec elle, que ce n’était pas la première fois ? Mon sourcil s’arque tout en étant occupé à fermer à mon tour mon pantalon.

« Vous suivre ? C’est la meilleure ! Je vous rappelle Madame que j’étais là avant vous ! Quand au sujet si l’on se connait…. Laissez tomber.» Non je n’admettrais certainement pas que ça me fait bouillonner à l’idée même que si nous avions bien coucher ensemble, qu’elle ne se souvienne de rien. Que si c’est la Cass de mes souvenirs…. Non Arlo n’émets aucune hypothèses…. Continue d’enquêter. Mon regard se noircit quant il se pose sur sa silhouette, oui… clairement je veux bien enquêter, renouveler l’expérience pour découvrir ou redécouvrir chaque parcelle de sa peau…. De son être… bien que cette femme me fasse sortir de mes gonds à chaque fois qu’elle ouvre la bouche.

« Tout ce que je peux vous dire…. Ça ne sera pas la dernière fois. » Mes doigts attrapent une mèche de ses cheveux pour l’entortiller. « Après tout il n’y a qu’un moyen de le vérifier »

Je sursaute presque à ce changement d’attitude, sa voix qui se transforme, très loin des intonations que j’ai pu connaitre jusqu’à présent. Un sourire se dissimule sur le coin du visage à l’idée farfelue que cette femme était juste pleine de frustration après autant de temps sans qu’un homme s’occupe personnellement d’elle. Cette femme qui pourtant tirée à 4 épingles, toujours hautaine à s’assurer qu’une distance soit pleinement établie avec son interlocuteur, ne cherche pour le moment pas à s’éloigner davantage. Nous sommes dans le no man’s land, un pas après l’autre au risque de basculer en territoire ennemi et faire jaillir à nouveau l’étincelle d’un combat. Lui aurais je vraiment piquer sa curiosité à vif ? Ça serait bien une première au vu de tout ce qu’il s’est passé jusqu’à présent, même cette histoire de tableau ne lui a rien fait.

Je n’ai pas eu le temps de répondre, de sortir de mon état d’esprit qu’elle continue de surenchérir pour terminer sa phrase en beauté. Elle qu’on ne l’oublie pas ? Je ne peux m’empêcher de partir dans un éclat de rire, mon visage se penche très légèrement tandis que mes yeux se plissent.
« En effet…. A plus d’un titre il serait fort étonnant d’oublier une personne comme vous. » Je reprends mon inspiration, cette sensation de ses cheveux qui se perdent entre mes doigts fait augmenter une envie particulière, il suffirait juste d’un seul geste pour que sa gorge s’offre à moi. Brièvement, me voici avec un aperçu que cette femme n’est peut-être pas aussi chieuse que l’idée que je m’en étais fait. Ce pétillement qui continue de me troubler. « Donc si je comprends bien, par contre vous …vous ne confondez jamais personne…. Vous n’avez jamais oublié quelqu’un par le passé ? »
Mon ton est prudent, je passe déjà pour un timbré à ses yeux, pas la peine d’ajouter une couche. Non pas que je me soucis de ce qu’elle pense de moi, après tout s’est purement physique.

« oh non pas de la police, mais je peux vous extorquer toute sortes de mots également. » Mon sourcil s’arque, mon souffle s’approche de ses lèvres « Mademoiselle serait donc prête à déchausser ses talons haut pour m’accorder une de ses attentions ? » Je dévie ma bouche au dernier moment pour venir effleurer sa gorge sous mes doigts qui exercent une subtile pression en arrière. « Je suis sûr que nous pourrions trouver un arrangement qui nous plaira à tous les deux »

Arlington Crawford a écrit:

‌Mon regard se plante dans le sien, mon cerveau se barricade pour bloquer l’effet de chacun de ses mots. Tu croyais quoi, qu’une fois que vous vous seriez envoyer en l’air, un semblant de communication aimable aurait pu avoir lieu ? Foutaises, balivernes, pas avec ce genre de bonne femme. Une vraie vipère. Elle n’a même pas conscience du poids de ses mots. Mes yeux se plissent puis viennent se poser sur l’index que je sens à travers ma chemise. Ma respiration se fait profonde pour me faire violence et ne pas riposter et mes yeux brillent malgré moi d’une lueur particulière. Raisonne toi Arlo, elle a juste peur, tu l’as vu dans un moment d’abandon, elle refuse de perdre la face.


Son doigté et sa cheville continue d’attirer mon regard pour percevoir à ce moment là son fin bracelet, placé à sa gauche. Une envie étincelle en moi, celle de m’amuser avec le bijou tandis que mes lèvres pourront remonter progressivement. Son visage se redresse, ses mots comme ses lèvres m’effleurent à peine, quelques millimètres nous sépares. Aucun de nous ne rendra les choses faciles pour l’autre. Pourquoi je ressens cette putain de fierté de lui rendre la monnaie de sa pièce. Mes chaussures dans mes mains je fais quelques pas pour lui faire face, une vue divinement offerte. Mon souffle s’échappe pour rejoindre la naissance de son décolleté. « Ma carte de visite ? Vous pensez donc que je la donne à n’importe qui ? » Un sourire se réfugie sur le coin de mes lèvres alors que je contourne cette prétentieuse si délicieuse, je prends le temps de savourer cette demande implicite sur mon identité. « Rassurez-vous, nous avions déjà échanger nos numéros… je saurais où vous joindre et puis… il me semble que nous partageons le même immeuble, je viendrais discuter de ces toiles…enfin non j’oubliais…vous m’aurez déjà oublié d’ici ...demain... » Je monte à mon tour les marches pour arriver sur le ponton, mes chaussures claquent sur le plancher tandis que mes pieds y retrouvent leur place « Vous devriez vous méfier… j’étais sérieux pour le vendeur… j’ai eu le temps de mener mon enquête »

Toc, un regard grave sur elle avant de secouer la tête, après tout c’est son problème, pas le mien si elle se met en danger. « Si maintenant vous voulez bien m’excusez…. Je dois aller récupérer mes affaires … j’ai perdu toute notion du temps, la soirée de lancement du film va certainement s’achever d’une seconde à l’autre. » Hors de question que j’énonce clairement que je n’ai pas la moindre solution pour rentrer chez moi et que je dois encore me trouver une excuse parfaite pour justifier de ma conduite de ce soir auprès de mon amie qui m’accompagnait. Néanmoins…. Je ne regrette absolument pas ma soirée. Un putain de coup d’un soir, un instant suspendu avant que tout disparaisse pour replonger chacun de notre côté dans notre vie. Un dernier regard en arrière, celui qui reste figer, sa silhouette qui m’envoute une dernière fois, dommage j’aurais bien voulu admirer ses courbes entièrement dénudées. « Prenez le temps de chercher dans votre mémoire... on ne sait jamais …même pour une illustre personne telle que vous, si sûr d’elle. » La soif m’envahit de nouveau. Merde il faut vraiment que je récupère mes clés et mon portable.