Mauvais plan - piètre artiste #arlington crawford

Je m’apprête à ouvrir la bouche pour lui fermer le caquet au sujet des SDF avant de finalement opter pour l’ignorance. Je ne répondrais pas à l’attaque tout ça parce qu’elle n’assume pas le fait que j’ai refuser de la lui donner. Prise au piège, elle se doit d’attaquer. Je grommelle dans ma barbe néanmoins, la seule personne qui a connaissance de mes agissements dans l’ombre, en toute discrétion a justement la réaction typique que je préfère éviter. Avec ce genre de personne, il est futile de discuter d’un sujet qui nécessite l’ouverture d’esprit. Ils ont l’esprit étriqué et sont nés avec une cuillère en argent dans la bouche. Il fallait que je prenne mon pied avec une personne entièrement superficielle…Génial.

Tandis que je méditais sur sa réponse à ma proposition en laissant un silence s’installer, juste ce qu’il faut, réponse qui ne me laisse pas indifférent car elle est donc prête à me revoir. Je l’ai vu frémir lorsque mon regard s’est nourri de son corps. Je suis persuadé que ses sens sont tout aussi à l’affût et encore particulièrement sensible. Certes elle a dit que demain elle n’était pas disponible et en même temps je n’avais jamais proposé demain… j’avais souligné que demain elle m’aurait oublié, nuance. Une main effleura ma barbe tandis que je continuais de soutenir son regard. Mes sourcils se froncèrent rapidement à l’évocation du vendeur et sa volonté d’aller lui régler son compte. Ma main attrapa son poignet fermement au moment où elle se rapprochait pour venir à son tour sur le ponton, ma voix se fit plus sèche que je ne l’aurais voulu. « Certainement pas. C’était la dernière fois que vous approchez ce type. Laissez-moi quelques jours encore à ce sujet. » Oui j’ai changé d’avis, encore mais c’est juste que je ne veux pas avoir la vie d’une inconnue sur ma conscience.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre pour enchainer sur mon départ, explication qu’elle ne peut s’empêcher de sauter sur l’occasion pour ajouter son grain de sel. « Ma… » tiens voyez-vous ça, ma femme… un sourire s’incruste sur le coin des lèvres, elle pense ça et malgré tout cela ne l’a pas le moins du monde arrêté. Je n’hésitai pas une seconde à ne rien dire, qu’elle se fasse ses propres idées. « Il faut croire qu’elle n’était pas la seule à être distraite et attirée par quelqu’un ». Je devrais par contre réussir à trouver une sacrée excuse pour lui avoir fait faux bond ou bien espérer qu’avec sa distraction, elle ne s’est aperçue de rien.

Mes pas commencèrent à prendre la direction de l’évènement avant de m’arrêter net à son interpellation. Elle veut faire le chemin avec moi ? Je me tourna pour la regarder surpris. Il est vrai que si jamais mon amie était partie avec mes affaires, je pourrais peut-être m’arranger pour finir la soirée différemment que d’être obliger d’aller dormir chez mes parents. De plus, ça sera plus facile de me glisser discrètement avec quelqu’un comme si nous discutions tout simplement et non pas quelqu’un qui venait juste pour la suite de la soirée. « Si vous voulez, personne ne va s’étonner de votre absence ? » nos pas marchant en rythme, côte à côté où l’air continue de se rafraichir à mesure que la soirée avance, seule une petite chaleur se diffuse à chaque fois que mes doigts effleurent sa robe. Les marches de l’entrée nous font face, encore quelques mètres et nous plongerons à nouveau dans une ambiance bien différente. La tension reste cependant palpable et je ne pu m’empêcher de lui intimer à nouveau d’écouter mes conseils. « Je viendrais vous en parler personnellement, ne vous en préoccupez plus. »

Le silence ne dura pas longtemps, silence qui n’est en rien pesant mais plutôt source de ravivement de tension entre nos corps dont je ne parviens pas à me lasser. Cette femme arrive à faire susciter un certain intérêt, attrait irrésistible. Son ton devient subitement décidé, pourtant cette façon sèche qu’elle avait de me parler s’est légèrement adoucie. Sans rien comprendre, je sens sa main s’enroulée dans la mienne avant que son corps ne se presse contre mon bras. Mon souffle s’arrête, mon regard ne peut s’empêcher de descendre vers son visage que j’aperçois, la tête haute et relevée devant les hommes qui surveillent l'entrée. Un rire s’échappe de mes lèvres que je tente de dissimuler derrière un grondement tandis que je me penche pour m’approcher de son oreille « J’ai comme l’impression que quelqu’un n’était pas conviée à la fête, vous êtes une femme pleine de surprise ».

Je ne peux m’empêcher de la suivre, amusé de la voir aussi à l’aise dans cet univers sans y avoir été invitée, une détermination farouche qui se lis sur sa  posture, sûr d'elle, prête à tout pour le tout. Ma paume se referme à mon tour sur un verre tandis que je chemine avec elle, mon hochement de tête qui accompagne ses explications « J’ai particulièrement envie de voir comment vous pourrez vous y prendre et en savoir davantage sur vous en attendant de reprendre notre petite discussion au sujet des toiles ». Je change mon verre de main pour placer ma main gauche dans le creux des reins de la jeune femme « si je parviens à vous aider, je suis certain que vous saurez vous montrer reconnaissante ».

Je coupe court à la discussion sur celle qui m’accompagnait en début de soirée, en faisant en sorte de restreindre la distance qui reste entre nous et le groupe en question qui au vu de leurs postures m’ont tout l’air d’être de la haute société et connaissent très probablement Neela. C’est de toute façon quitte ou double. J’éclaircis ma voix alors que nous nous approchons tout en capturant du regard quelques personnes du cercle « Je vois que Madame Crawley a su captiver l’attention des personnes passionnées par l’art sous toutes ses coutures, elle ne tarissait pas d’éloges sur chacun d’entre vous, ravis de votre présence, n’est-ce pas ma chère ? » Je croisa le regard de la jolie brune toujours à mes côtés, une lueur particulière brillant entre nous, complices de nos méfaits avant d’adresser un signe de tête à nos interlocuteurs afin de lancer la discussion et nous permettre de nous inclure auprès d'eux définitivement « Nous devons avouer que nous n’avons pas réussi à attendre la présence de Neela pour qu’elle puisse faire les présentations » Je tournai la tête en direction de sa silhouette à sa recherche, avant de ramener mon attention sur le groupe « Il faut dire qu’elle a fort à faire ce soir. Je serais de mon côté curieux d’entendre vos avis respectifs sur l’œuvre que nous avons pu apercevoir ce soir »

Assurément, la surprise a dû être de taille pour elle. Son petit air septique a vite laissé place à un regard particulièrement curieux, aiguisé où je dirais même intrigué. Nos regards s’accrochent, se provoquent où luisent des étincelles tandis que notre place au sein du groupe ne fait plus aucun doute. Une nouvelle complicité est née implicitement, un lien différent qui a eu le temps de se développer au cours de cette fin de soirée. Complice dans un plan dont je ne perçois pas encore toute l’importance. Pourquoi a-t-elle besoin de ces contacts ? Je retiens mon rire en un grondement étouffé au moment où je l’entends faire prendre une direction autre à la conversation. Elle n’a certes rien vu du film… à peine le début pourtant elle n’hésite pas à aborder différents sujets, et pas des moindres. Des frissons font dresser les poils de mes bras au souvenir de son corps entre mes mains, de son odeur. Mon regard se fixe à nouveau vers elle, plus intensément que je ne l’aurais voulu. Une envie d’elle, à nouveau, physiquement mais autre chose commence à me titiller, je veux en savoir plus.

Une de mes voisines de conversation m’interpelle, ce n’est pas la première fois que je la croise. Mes parents adoptifs et elle ont été souvent en contact sur divers sujets et lorsque je me retourne la jolie brune s’est déjà volatilisée. Je me tourne pour m’excuser auprès du groupe afin de partir à sa rencontre mais je tombe nez à nez avec l’amie qui m’accompagnait. Ma collègue est soulagée de me voir, elle m’avait cherché sans succès et avait gardé mes affaires dans le cas où je réapparaitrais. À la vue de sa tête, elle ne se doute de rien et il serait inconvenant de lui dire la vérité. Je bredouille un appel urgent familial qui m’a retenu plus longtemps que prévu et pour la même raison que je ne puis m’attarder davantage. Au son de sa voix, je sais qu’elle est peinée de ne pas qu’on prolonge la soirée mais qu’elle s’abstiendra de tout commentaire du fait de la raison de ma justification. Après une dernière bise pour se dire au revoir, reportant la soirée à une éventuelle prochaine fois, je quitte les lieux pour tenter d’apercevoir ta silhouette dans la nuit sans succès pour mieux rebrousser chemin jusqu’à l’immeuble une idée en tête.

Toute la route je n’ai vu personne, pourtant je n’ai pas ralenti l’allure, à peine arrivé dans l’entrée j’ai pris l’ascenseur jusqu’à mon étage. Je sais que tu habites dans le même immeuble, tu avais vu les toiles. Le bruit des clés au moment où je marche dans le couloir me fait tendre l’oreille, une voix que je reconnais alors que tu as l’air d’être prisonnière d’une serrure capricieuse. Le temps que je parvienne jusqu’à toi, tu as déjà pénétré dans ton appartement et tu t’apprête à refermer la porte. Seule la moitié de ton visage est visible, confirmant mes suppositions et je me précipite vers toi, un pied qui s’engouffre pour coincer la porte, ma main qui agrippe le bord de ta porte alors que ma voix grave résonne. « C’est votre spécialité de vous enfuir sans un mot ? Vous auriez pu me dire au revoir ». J’entends ta respiration se couper, alors que prise de court tu relâches la porte me permettant de l’ouvrir entièrement pour que nos corps se fassent face.

« Oui moi, vous vous attendiez peut être à une visite impromptue de quelqu’un d’autre ? » Mon sang se glace un instant à cette possibilité que vous auriez souhaiter voir sur le pas de votre porte, une toute autre personne avant de comprendre que c’est la frayeur qui a pris le dessus. Un rictus se positionne sur mon visage tandis que vous vous emportez de plus belle pour dissimuler les tremblements que laisse entrevoir votre main. Je dois avouer que je n’avais rien prévu, seul l’instinct m’ayant guidé, le désir de prolonger cette soirée. Ses yeux noirs sont définitivement des plus plaisants et elle a ce don de faire ressortir en moi des envies que je ne croyais pas ressentir un jour. Mes gestes se font spontanément, mes mains froides en contraste avec ses joues chaudes qui rougissent à nouveau. Nos baisers farouches, indomptables, je sens vos mains empoigner ma chemise avant que la tension ne soit plus la même.

Mon corps tout entier pénètre dans son appartement, alors que je plaque son corps contre la porte d’entrée qui se referme dans un claquement sonore. Ma voix vibre contre ses lèvres, sous nos yeux qui se sont teintés de noirs. « Vous voyez … j’arrive à l’heure » J’entends son corps gronder de plus belle face à ma réponse, elle sait que j’ai raison. Nos corps entrent dans une bataille avec ce besoin constant de se toucher, cette fois-ci est différente que la première. Nous ne nous contenterons pas de soulever quelques vêtements. Je veux admirer sa silhouette dénudée. Son pied bute à présent contre le canapé, et mes vêtements ne tardent guère à rejoindre le sol, son impatience se reflète dans ses doigts qui s’énervent sur mes boutons. Mon visage se penche tandis que j’empoigne tes cheveux pour les tirer sur le côté et exposer ton cou à ma barbe, mes lèvres, mes dents. Mon autre main part en exploration, bien décidé à trouver l’ouverture de ta robe afin qu’elle rejoigne ma chemise.

Mes caresses se font plus fermes, sensuelles, prenant soin de rythmer sous différentes intensités, mes doigts s’aventurent sur la bretelle de ton soutien-gorge afin de les faire tomber une à une. Mes lèvres rejoignent les siennes tandis que la fièvre nous gagne et que nous succombons déjà dans la folie, une seule idée en tête, mon murmure lui parviens tandis que je sens sa respiration se couper alors que nos corps basculent sur le canapé, un genou contre sa lingerie. « Il me semble me souvenir que vous souhaitiez connaitre mon identité n’est-ce pas ? » Mes yeux guettent sa réaction alors que mes mains sont laissées en suspens à quelques centimètres de sa poitrine, ma voix est tintée de provocation.

Mon sang n’a fait qu'un tour face à son regard noir, sa fierté et le paradoxe de son corps pris au piège par l’envie ressenti. Ce sentiment qui a laissé place à une excitation plus profonde de ma part, un sentiment bestial qui s'empare de chaque parcelle de mon corps, de mon désir. Tandis que nous nous débattions à se repousser et se chercher, ma voix ne pouvait s’empêcher à aucun moment de poursuivre cette volonté de vouloir la sentir dans ses derniers retranchements.
« « Il faut croire que vous avez beaucoup à apprendre sur moi…. et moi sur vous» »

Nos corps s’apprivoisent, se guettent, s’adapte l’un à l’autre pendant que le ton de nos provocations se transforment et s’apaisent pour nous amener vers une osmose totale. Une main posée sur sa poitrine, la robe finalement restée sur sa silhouette à son souhait mais où je me suis arrangé pour parvenir à faire descendre le tissu de celle-ci et de son soutien-gorge pour me permettre de savourer le contact de sa peau et coordonné mes gestes en fonction des soupirs pour l’amener plus loin. Mes doigts ressentant chacun de ses muscles qui se détends sous moi et permette à mon autre main d’autres explorations, plus intimes, sensuelles. Mon regard ne la quitte pas et je lis dans ses yeux tout ce qu’elle refuse de prononcer. Sa tête bascule en arrière avant de prononcé cette petite phrase qui m’octroie un immense sourire. Mes lèvres viennent se poser sur sa gorge, tandis que ma mâchoire se crispe pour ne pas répliquer des mots malgré tout ce qui me viens en tête. Malheureusement, je sens son bassin se contracter un instant sur mes doigts tandis qu’elle se met en colère toute seule et éclate à nouveau telle une tigresse.

Son bassin tente de me repousser, ses mains posées sur mon torse cherche à me faire reculer. Surpris par la force qu’elle emploi, ma main se recule de son entre-jambe et elle parvient à décaler sa position. Je gronde refusant de céder, je ne laisserais pas la possibilité de découvrir enfin si cette femme est bien elle. J’ai besoin de découvrir chaque parcelle de sa peau pour m’en assurer, me replonger dans mes souvenirs. Je sens ses mains bataillées avec les miennes pour me faire lâcher prise sa poitrine, mes jambes viennent ramener son corps entre le mien en faisant en sorte d’entremêlés nos jambes. Je décide d’enfin relâcher ce que je tiens entre mes lèvres pour remonter jusqu’à ses lèvres et venir plonger mon regard dans le sien, plus brûlant que jamais.

« Vous avez peur de vous y perdre dans mon air mystérieux ? » Ma bouche dévie vers ton oreille pour murmurer d’une voix rauque
« Comme Madame le veut avec autant de ferveur…. Vous allez pouvoir l’utiliser dans peu de temps…. Arlington  » Son corps trésaille, le mien en tension prêt à canaliser sa colère grondante et marqué par les non-dits pouvant être dévoilés. Après tout si elle ne se souvient de rien, peut être que j’aurais inventé toutes ses sensations

Ça y est la réponse fuse enfin. Je reste l’espace d’un instant pétrifié par la vérité qui éclate, le miroir qui se brise à l’intérieur de moi. Cette barrière que j’avais mis tant d’année à construire, consolider, que mon esprit, mon corps avait mis en place pour me protéger, pour me permettre d’avancer. Elle. Cassiopée. Mon bras retombe tandis que tout revient en mémoire, morceau par morceau, chaque petit détail de notre relation, de nos êtres qui étaient si fusionnés à bien des égards, de cette destruction vers laquelle nous nous sommes embarqués l’un et l’autre. Cette découverte que tout n’était que mensonges. A sens unique. Elle. Je flotte, je m’enfonce dans le trou noir, la vérité, notre histoire tourne en boucle dans ma tête. Je.. Comment… Voilà, j’ai voulu percer le mystère mais étais-je prêt à cette réponse ? Pourtant, mon corps répond en écho à mon esprit, il le savait, ces sensations qu’on ne peut oublier, cet instinct primaire que j’ai eu à son égard, cette alchimie.

Tandis que sa voix qui fulmine dans l’air me fait retrouver mes esprits, je m’écarte de son corps, à genoux sur le canapé, je la regarde sans la regarder. Elle s’est couverte. Mes lèvres s’ouvrent, un début de prénom s’échappe. « Cass… » Je m’interromps, assailli par la tonne de question qui sortent de sa bouche, les accusations, encore, toujours. Une colère grimpe en flèche, cette colère que je contiens depuis ce fameux matin, ce jour où elle a disparu sans laisser de trace, explose et je me lève à mon tour prestement sans porter attention à ma tenue. Mon regard est aussi noir que le sien, mes poings qui se serrent avant qu’un de mes bras fasse un mouvement en l’air dans le vide énervé.

« Tu crois vraiment que si j’avais su avec certitude que c’était toi, je t’aurai suivi ?! Tu me prends pour qui ? Tu m’as suffisamment fait comprendre l’importance que j’avais à tes yeux en me laissant comme une merde sans demander ton reste ! » Je traverse son salon encore marqué par ses propos, sa colère qui bouillonne au même titre que la mienne avant de taper contre un de ses murs « Il faut croire que tu as marqué mon corps bien plus que je ne l’aurai supposé pour parvenir à… » Je tais mes derniers mots, non en aucun cas elle doit savoir que j’ai été à ce point brisé par sa disparition, elle n’a jamais eu le moindre doute à mon sujet. Je ne lui laisserais pas cette satisfaction. Ma respiration est rapide, ma mâchoire crispée sous l’effet du coup, la tension plane dans ma voix tandis que mon corps tente de maitriser les tremblements provoqués par l’énervement. Ma tête se tourne pour se poser sur elle, enveloppée dans son plaid « Pourquoi ? » Ma question se perds alors qu’elle met à nouveau sur le tapis cette histoire de peintre, une vague de stupéfaction me prends par surprise, je secoue la tête avant de m’avancer à grandes enjambées vers toi « Comme autrefois ? Ce peintre ? Tu te fous de moi Cassiopée là ? Putain c’est toi qui m’entraines dans ce merdier et tu me sors ça ?! Tu n’as jamais été innocente, on le sait tous les deux alors ne joue pas à ça avec moi ! » j’attrape son poignet, mes doigts fermement posés autour de lui « Tu te sert toujours des autres pour parvenir à tes fins ? Ce soir en est encore la preuve. »