Confidences pour confidences | with Andy.

Le ton de sa génitrice, à l’autre bout du fil, était tel qu’il l’avait imaginé avant même de décrocher : neutre avec une pointe d’agacement, mais sans colère apparente. Après tout, elle avait tellement passé de temps à l’éducation de son enfant – lui ayant été dérobé par le sport – qu’elle avait toujours imaginé que s’il faisait la une, ça serait surtout pour une performance sportive remarquée. Et pas pour un baiser échangé avec une starlette tristement célèbre pour des faits peu enviables.

- Je vais bien, merci. Si on allait droit au but ?

Les remontrances défilèrent sans réelles surprises : il avait abandonné son père, ses proches, pour partir faire un scandale à l’étranger au bras – ou lèvres contre lèvres – d’une demoiselle dont une courte recherche sur Internet faisait ressurgir des parts sombres d’une vie qu’elle lui avait racontée sans pudeur, s’assumant totalement. Andy soupirait à chaque nouvelle vague, chaque assaut verbal de celle qui l’avait mise au monde. Mais qui n’avait jamais oublié sa détresse suite à son accident et qu’elle voyait toujours comme ayant besoin d’elle. Quand bien même il avait enfin reprit le dessus sur tout ça.

- C’est ma vie, maman. Tu sais, faut pas te fier à tout ce qui se dit sur le web.

Observant de temps à autres la jeune fille qui semblait écouter ce qu’il répondait, il la voyait grignoter progressivement le contenu de son assiette tandis qu’il continuait de s’expliquer. Cela l’agaçait quelque peu d’avoir à justifier le pourquoi de sa présence dans les médias français. Certes, elle était en droit de lui demander une simple explication. Mais il tiqua immédiatement après une réplique qu’il encaissa mal.

- Si c’était pour te changer les idées de la sorte, les filles ne manquent pas ici.

- Arrête ça de suite.

Soupirant lourdement, afin d’être sûr d’être entendu par Elizabeth, il reprit d’un ton un peu plus dur, mais toujours respectueux envers celle qui était sa mère.

- T’es sensée savoir qui est l’enfant que tu as éduqué. Alors si je veux rester avec elle, tu devrais comprendre qu’elle m’apporte beaucoup plus que ce que tu as pu lire.

Poursuivant d’un ton plus posé, rigolant même parfois une fois que sa mère était revenue à de meilleurs sentiments, la conversation approchait de son terme d’un ton plus posé. Avant de conclure, finalement.

- Je t’aime aussi. Bye.

Raccrochant avant de ranger le téléphone dans sa poche, le jeune homme reporta son attention sur la jeune fille avant de manger une nouvelle bouchée de sa salade.

- Désolé pour ça.

Buvant une gorgée d’eau, il reprit.

- Elle ne t’aime pas beaucoup, on dirait. Le mariage s’éloigne de nous, bébé.

- Je suis vraiment désolée... Elle était beaucoup fâchée ?

La grimace sur le visage de son amante fit hausser un sourcil au jeune homme qui lui faisait face. Inévitablement, elle se sentait sûrement coupable de la situation déclenchée malgré elle, impliquant les photos publiées et les explications entre le jeune homme et Elizabeth. Il s’y  attendait un peu, mais pas aussi directement. Il avait pensé qu’elle irait prononcer un vague « désolé », consciente malgré tout que rien de ce qu’il s’était passé n’était dépendant de sa volonté.

Un soupir s’échappade ses lèvres tandis qu’elle baissa de nouveau les yeux vers son assiette presque vidée, picorement par picorement, comme si l’appétit avait laissé place à un grignotage pour s’occuper plus qu’autre chose. Elle poursuivit finalement.

- Elle doit avoir une tellement mauvais image de moi...

Ce n’était pas totalement faux. Même si le ton s’était adoucit et qu’ils en étaient venus à plaisanter tous les deux en abordant divers sujets, il était clair que l’Anglaise ne semblait pas très encline à accepter immédiatement la relation – même pas officielle – qu’entretenait son rejeton avec une source à scandales, comme elle l’avait si joliment appelée. Mais ça, il s’y était préparé dès qu’il avait imaginé sa génitrice au courant de cette photographie qui s’était répandue comme une trainée de poudre, embrasant très vite les réseaux sociaux francophones.

Vidant le reste de son verre, le sportif le déposa doucement sur la table avant de s’étirer doucement, laissant même échapper un petit bâillement. La journée fut éprouvante pour eux deux – bien que plus pour la musicienne – tant physiquement que moralement, mais fort heureusement elle touchait enfin – ou déjà ? – à sa fin.

- Pas trop, je ne vais pas te mentir.

Il rigola doucement en imaginant l’espace d’une seconde une rencontre entre les deux femmes vu l’amour que lui portait déjà sa mère. Toutefois, il était évident que si cela venait à arriver, il n’en mènerait pas large, ne pouvant déjà pas expliquer que cette personne n’était pas sa petite amie officiellement mais partageait bien plus que des baisers avec elle. Il y avait fort à parier qu’une crise cardiaque la foudroierait sur place.

- Mais c’est pas si important. Tonton m’aime bien, on pourra aller fuir à Paris, non ?

Il souriait grandement, toujours cet air mutin sur les lèvres tandis qu’il observait l’attitude de Leena, toujours prise dans ses tourments intérieurs qui ne la laissaient guère en paix depuis le début de cette foutue journée.

- Te torture pas l’esprit avec tout ça, je t’ai dis. L’important, c’est qu’on sache où on fout les pieds nous, non ?

L’important, c’est que je t’aime.

- J'essaie... mais c'est pas évident. Tu sais où on met les pieds, toi ?

L’espace  d’un instant, Leena sembla se braquer juste après avoir terminé sa phrase, comme si poser cette question était malvenu. Loin de saisir la réaction de la française, Andy pensait surtout que tout était implicitement clair entre depuis le départ. Il était dans une relation… indéfinissable certes mais aux règles silencieusement établies. La grimace qu’elle faisait pouvait sonner comme un écho à ce que se disait le jeune homme, tout comme expliquer qu’elle n’aurait pas du demander ça pour une toute autre raison. Peut-être était-elle en plein dilemme intérieur à l’instar de son collègue, qui se demandait comment exprimer ce qui se bousculait dans sa tête et son cœur ? Ce besoin constant d’elle, ce bien-être de l’avoir juste dans ses bras ou de l’embrasser sans raison particulière, sans avoir à être emporté par un torrent passionnel pur. Cela serait trop beau,  évidemment.

Balayant l’air de sa main, comme elle le faisait parfois, elle reprit le cours de sa pensée – ou la déplaça sur de nouveaux rails.

- Tu n'as pas encore bu une bière avec Oscar, attends un peu ! Tu te précipites, mon chéri.

Souriant comme à son habitude en prononçant ces mots, le garçon rigola à son tour. Il était évident que l’oncle de la mélomane chercherait à le connaitre s’ils venaient à se rencontrer, ayant apparemment mieux accepté la situation qu’Elizabeth.

Souriant plus doucement, tendrement, elle poursuivit sa réplique.

- Même si je suis persuadée qu'il va t'adorer.

Fixant son regard dans les yeux si éloquents lui faisant face, le sportif souriait à son tour en répondant.

- Si j’ai su apprivoiser la tigresse, le dresseur m’appréciera sûrement.

Haussant les épaules, il ajouta, en dénudant quelque peu son épaule gauche.

- Encore qu’apprivoiser est un grand mot. Sauvage.

Le repas terminé, ils avaient débarrassé la table afin que la parisienne mette le tout dans le lave-vaisselle sans se soucier d’autres choses. Se tournant vers lui, la jeune fille lui indiqua dans un sourire qu’elle n’avait pas loupé le message de son corps trahissant la fatigue grandissante en lui. Entre leur escapade, l’ascenseur émotionnel vécu, l’expression physique de leur attirance – à deux reprises -, l’assemblage du matériel et leur célébrité à deux toute nouvelle, il convenait de dire que leur jour de repos ne l’avait, paradoxalement, pas été du tout.

- Je t'ai vu bailler avant de me répondre... Pipi, les dents et au lit ?

Souriant toujours avec cette expression mignonne sur le visage comme l’enfant qu’elle pourrait faire croire qu’elle était toujours dans certains aspects, elle fixait le garçon. Amusé par le comportement de son amante, il pouffa doucement avant de l’enlacer doucement.

- Et tu comptes me border, aussi ? J’l’ai plus été depuis mes quatre ans, après tout.

Après un détour par  la salle de bain, le petit couple – non assumé – se retrouva sous les draps, Leena lovée contre le garçon qui l’enlaçait. Pour une fois, les draps froissés ne seraient que les conséquences de leur sommeil, délaissant toute pulsion passionnelle pour un simple contact de leur deux corps. La tendresse et la douceur valaient, effectivement, aussi chères que la passion et la chaleur qu’ils dégageaient en se livrant dans une nudité totale. Un simple – mais ô combien expressif – baiser échangé avant qu’ils ne ferment les yeux et ne laissent enfin la fatigue de ce maudit jour les emporter pour une douce nuit.