[Helbian#2] Et merde...

ueuler après les gens qui me manquent de respect ou sont tout simplement cons, j’en ai très souvent envie. Surtout avec l’autre pétasse qui bosse avec moi. Mais, je ferme ma gueule, je ne dis rien, parce que toujours ; et c’est plus fort que moi ; je pense aux conséquences que cela pourrait avoir. Je donne donc cette impression de n’avoir aucune personnalité, d’être peureuse, mais ce n’est pas qu’une impression, c’est ce que je suis. Faire du mal aux autres, me venger, ce n’est pas dans mon état d’esprit. Je préférerai recevoir les coups plutôt que d’en donner. Et ça me pourrie la vie croyez le bien ! On m’a très souvent dit que je ne devais pas hésiter à frapper là ou ça faisait mal, surtout quand la personne en face de moi le mérite, mais je ne le fais pas. J’encaisse sans rien dire et je pleure en silence. Ce n’est pas la meilleure des choses à faire, vous vous en douter bien. Prenons le cas de la garce dont je parlais toute à l’heure, il y a quelques semaines, j’ai dû me rendre à une soirée pour le travail et elle était là. Elle m’a énervée et je me suis laissée allée à lui envoyer mon verre à la figure, sauf que la fripouille l’a évité de justesse. Par chance, la personne que j’ai visé sans le faire exprès ne l’a pas mal pris, mais elle à finit par me convaincre de me « venger » de cette peste et même si c’est elle qui l’a fichue à l’eau, ça me hante. Je pense sans arrêt à cette soirée alors qu’elle ne sait même pas que j’étais plus ou moins derrière tout ça. Mais voilà, je suis une trop gentille personne et souvent, j’ai fait les frais de cette gentillesse. Mais revenons à l’instant présent vous voulez bien ? « Je pense que c’est le cas de toutes les personnes présentes sur la terrasse ! » dis-je, sur le ton de la confidence tandis que nous évoquons les restaurants ou il ne fait pas bon d’aller manger. Il me raconte alors une anecdote qu’il à vécut lors d’un de ses séjours en Italie et ou d’après lui, les surgelés sont de meilleurs goûts. « Moi aussi, c’était en Italie ! » répondis-je alors. D’ailleurs, la plupart des gens que je connais qui ont été déçu par un restaurant, c’était aussi en Italie. Il faut croire qu’il y à beaucoup de mauvais restaurants par là-bas. Il ajoute que d’après lui, ça ne devrait pas être le cas ici et je me contente d’un sourire, ne voyant pas quoi ajouter d’autre.

Helsie & Fabian

e pourrais parler de bouffe pendant des heures. J’aime manger et à l’évidence, j’ai trouvé mon maitre en ce domaine. Car Fabian aime la bouffe lui aussi. Nous avons l’air d’avoir pas mal de points en commun et c’est appréciable. J’apprécie la compagnie du jeune homme, il est gentil, intelligent, à l’écoute et plutôt beau mec, ce qui ne gâche rien. Mais ma peur continue de me gâcher la vie. La preuve, lorsqu’il m’a proposé de me joindre à lui la prochaine fois qu’il irait en Italie, j’ai paniqué. Bien sûr, j’en ai envie, mais la peur reste plus forte que tout. Peut-être que je ne le connais pas encore assez et qu’avec le temps, je finirais par lui faire entièrement confiance. Je ne demande que ça dans le fond, car, comme je le disais, je l’apprécie beaucoup. Nous évoquons donc ces restaurants qui semblent sympathiques de l’extérieur, mais qui sont en réalité complètement pourris à l’intérieur. Il m’explique alors qu’en Italie, bon nombre de personne ouvrent des restaurant alors qu’ils n’ont aucune compétence. « Ha oui ? Je ne savais pas. C’est quelque chose qu’ils ne pourraient pas faire en France, ils ont des règles bien plus strictes. » répondis-je alors. D’une certaine façon, en vu des restaurants que j’ai pu voir dans ce pays pourtant magnifique, ça ne me surprend pas et je dois dire que c’est dommage. Il ajoute donc que maintenant, il sait reconnaitre les bons, des mauvais. Il semble avoir l’œil et je pense que ça doit être bien pratique. Moi, j’en serais tout bonnement incapable. Nos plats finissent par arrivés et ça tombe bien, parce que je meure de faim. « Merci, à vous aussi ! » dis-je quand il me souhaite un bon appétit. J’attaque mon assiette avec plaisir. Puis, prise d’une inspiration subite, je reprends la parole, non sans offrir à mes joues une teinte rouge vif. « On pourrait peut-être se tutoyer, non ? » avançais-je, en me surprenant a espéré qu’il accepte.

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e pense que je demanderais à faire un article sur ce restaurant pour un prochain numéro, parce qu’il vaut vraiment le déplacement. En vérité, il ne faut pas grand-chose pour me faire plaisir, culinairement parlant. Je mange de tout. Bon, comme tout le monde, j’ai des limites et par exemple, même pour de l‘argent, vous ne me ferez pas avaler ; jamais. Je pourrais parler de bouffe pendant des heures, mais peut-être qu’à la longue, le sujet serait épuisé. Cependant, je ne sais pas trop vers quel autre sujet de conversation me tourner, alors, en attendant de trouver autre chose, c’est une bonne idée. Nous évoquons donc les restaurants italiens et le fait qu’ils sont bien souvent de très mauvaise qualité, ce que nous déplorons tous les deux. « En France, ils sont stricts sur tout ! » fais-je, me souvenant alors de ce que me racontait ma grand-mère, même si, enfant, je ne comprenais rien de ce qu’elle me racontait. Je me souviens simplement que ça la mettait hors d’elle. « L’appât du gain, c’est partout. Je suis persuadée que vous proposé au premier inconnu qui passe de se prendre pour canard contre une somme d’argent plus ou moins importante, il n‘hésitera pas à le faire ! » dis-je. J’en sais quelque chose, j’ai vu des tas de gens au journal, faire des choses hallucinantes, juste pour du pognon. Moi, je ne suis pas comme ça. bien sûr, il faut de l’argent pour pouvoir vivre, mais de là à ne penser qu’à ça et être prête à tout pour en avoir, non merci, mais sans façon. Je lui souhaite ensuite un bon appétit, avant de lui proposer de se tutoyer. L’idée me met mal à l’aise et je rougie, mais il ne semble pas s’en formaliser. Néanmoins, pour éviter d’avoir à reparler, je mets une grosse bouchée de mon plat dans ma bouche. C’est chaud et je me brûle le palais, j’en ai les larmes aux yeux. Bravo. J’attrape alors mon verre d’eau et j’en bois plusieurs gorgées afin de faire passer la bouchée, tandis que Fabian accepte ma proposition. Il explique que le Destin semble vouloir nous mettre sur le même chemin que l’autre. Je n’avais jamais pensé à ça, mais c’est vrai qu’il n’a pas tort. Je m’apprête à répondre, mais il reprend la parole pour m’assurer qu’il n’est un pervers psychopathe. J’ai sans doute dû lui laisser croire que j’avais encore peur de le lui, je ne m’en suis pas rendu compte. Il faut dire, c’est plus for que moi, j’y peu rien. « Tu sais que c’est précisément ce que dirait un serial killer ? » le taquinais-je, ce qui me fait rougir de plus belle. Néanmoins, je sais bien qu’il n’en a pas un. Je tente de ne pas penser au fait que mon premier mec aussi n’avait pas l’air d’en être un et pourtant, s’en était un. Bref, ce n’est pas le moment de penser à ça maintenant, je dois me reprendre et vite. Fabian est un homme bien, un homme gentil et il est craquant, mais ça, je me garde bien de le dire à voix haute, car je ne dois sans doute pas être son genre de femme.

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e pense que j’ai toutes les raisons du monde de faire confiance à Fabian. Je ne le connais pas encore très bien, mais ce que je connais déjà me suffis. Je sais que je devrais lui faire confiance, mais c’est plus facile à dire qu’à faire, n’est-ce pas ? Il va surement me falloir du temps avant d’être totalement à l’aise avec lui, j’espère seulement, qu’il me laissera le temps nécessaire. C’est un garçon que j’aime beaucoup et dans le fond, je pense que c’est réciproque, alors j’espère vraiment qu’il saura attendre patiemment que je me sente suffisamment à l’aise. Peut-être aussi que je devrais tout lui dire ? C’est une solution envisageable, mais est-ce qu’il sera prêt à l’entendre ? ne va-t-il pas en profiter pour prendre la fuite ? Je ne connais rien de son passé, car il ne m’en à pas parler, mais peut-être qu’il est comme moi ? Qu’il a vécut des traumatismes qui sont restés bien ancrés en lui ? De toute manière, il n’y pas trente six mille façons de le savoir, je dois lui en parler, tout simplement. « Je ne suis pas certaine que ça soit une question d’argent, je pense plutôt que c’est un principe. Je ne ferais jamais certaines choses, même pour tout l’or du monde ! » que je réponds. Et en disant ça, je pense notamment à des trucs bien particuliers dont je préfère ne pas parler. Je suis une personne plutôt classique, j’aime les choses simples et sans artifices, alors je ne ferais jamais quelque chose d’excentrique juste pour faire parler de moi. « C’est quoi le pire boulot que tu es fait ? » que je demande, soudain. Le fait qu’il est parlé de se déguiser en homard pour quelques sous me rappelle que lorsque j’étais étudiante, j’avais besoin d’un job parce que la bourse et l’argent que me donnait mon père ne suffisait pas à couvrir mes frais, et j’ai du porter une pancarte hideuse pour promouvoir un restaurant de crustacé. Dieu merci, j’ai échappé au costume de crabe ou de langouste ou que sais-je encore. La pancarte était déjà bien assez humiliante comme ça, inutile d’en rajouter. Finalement, nous en revenons à ma stupide peur et méfiance vis-à-vis de lui et du fait que ce qu’il venait de dire était précisément le genre de choses que dirait un prédateur sexuel. Evidemment, je l’avais dit sous le temps de la plaisanterie, du moins, c’était l’intention que j’avais, mais il faut croire que ça ne s’était pas entendu. Je n’avais pas le choix, si je ne voulais pas qu’il perde patience, j’allais devoir lui parler. « Tu sais … J’ai mes raisons. D’être comme ça, je veux dire. » commençais-je, attendant de voir s’il a envie de les entendre ou pas.

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n fait, j’étais bourrée de principes. J’avais des principes sur tout et n’importe quoi. Toutefois, je préférais ne rien dire de ce genre. Déjà qu’il devait me trouver bizarre, là, il partirait carrément en courant. Au secours ! Une folle ! Je n’étais pourtant pas comme la gamine qui m’avait pousser à agir comme je l’avais fait un peu plus tôt dans la journée. Moi, je n’étais pas folle, mais j’ignorais comment les gens me percevait et surtout, comment Fabian me percevait. Je donnerai pourtant cher afin de le savoir, parce que ça m’intéressait beaucoup de savoir ce qu’il pouvait bien penser de moi. La conversation se poursuivait et malgré ma méfiance, je me rendais compte de combien il était facile de parler avec lui. Je me rendais bien compte qu’il n’était pas méchant, mais le problème, c’est que l’on ne connait jamais vraiment les gens qui nous entoure. On croit les connaitre, seulement, mais souvent, on se trompe. Parce que, dans la vie, tout n’est pas tout blanc ou tout noir. Chacun possède sa part d’ombre. Quelqu’un de bien aura forcément fauté à un moment ou à un autre, sans que ça ne se sache et le type le plus odieux qui soit aura forcément fait quelque chose de bien, toujours sans que ça se sache. La pétasse qui travaillait dans le même bureau que moi ; celle que mon amie Nova avait pousser dans la piscine ; je l’avais surprise, il y à pas si longtemps à donner à manger à un groupe de sans-abris. J’avais trouvé ça incroyable, parce que je n’aurais jamais cru cette fille capable de faire ça. Comme quoi, on ne connait pas vraiment les gens que nous pensons connaitre. Donc oui, je trouve Fabian gentil, mais je ne le connais pas, donc qui, peut me dire qu’i n’y à pas de la noirceur en lui, caché sous la surface ? Néanmoins, je sais qu’il faut que j’arrête de voir le mal partout, parce que voilà, pour la première fois depuis des années, je me sens attirée par un homme. Alors, si l’homme qui me plait me trouve folle parce que j’ai peur de lui, je suis mal barrée. Malheureusement, tout ça, c’est bien plus facile à dire qu’à faire et on ne change pas du jour au lendemain en un claquement de doigts, simplement parce qu’on l’a décidé. Je ris lorsqu’il répond « lycéen » à ma question. « Je ne garde pas non plus de très bons souvenirs de mes années lycées ! » que je réponds, à mon tour. Mais c’est sans doute pour des raisons totalement différentes des siennes. Je décide alors de lui parler, après tout, c’est bien la seule chose à faire pour qu’il sache que j’ai mes raisons d’agir comme je le fais. Donc, je me lance et je ris à sa remarque. « Oui, c’est ça ! » que je dis, avant de baisser les yeux. C’est que, je ne sais pas pourquoi, mais je ne veux pas le regarder pendant que je parlerais de mon lourd secret, parce que je sais qu’il va me déstabiliser. « J’ai été agressé par mon premier petit ami lorsque j’avais seize ans. C’était juste avant la rentrée ! » dis-je alors, le nez sur la nappe.

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lusieurs possibilités d’offrent à moi lorsque je décide de lui avouer mon secret. Soit, il s’en fiche complètement, soit, il se montre compréhensif, soit, il prend la fuite. Evidemment, je préfèrerais qu’il se montre compréhensif, mais je ne le connais pas encore très bien, donc je ne peux vraiment pas savoir à l’avance quelle sera sa réaction vis-à-vis de ma révélation. Lorsque je termine de parler, les minutes qui suivent sont parmi les plus longues de mon existence. Je suis nerveuse, très nerveuse, mais qui ne le serait pas à ma place ? Je ne le connais pas très bien, c’est la vérité, mais je sais que sans la présence de Fabian, près de moi, je ne serais pas bien. J’apprécie de plus en plus ce jeune homme et la vérité, c’est que je ne suis prête à ne plus l’avoir auprès de moi. Alors oui, j’espère qu’il se montrera compréhensif et qu’il ne prendra pas la fuite. Donc j’attends et finalement, sa réaction est celle que j’espérais. Il comprend. Et mieux que ça, il semble même choqué. Je suis prête à parié qu’il s’attendait à tout sauf à ça, mais c’est le cas de beaucoup de personne. On a parfois tendance à croire que ça n‘arrive qu’à la télévision. Pas dans la ville ou nous vivons. Bon, ça n’est pas arrivé ici, à Island Bay, mais ça aurait pu arriver ici. Je ne cache pas mon soulagement à sa réaction. Les mots me manquent, alors je préfère répondre à la question qu’il me pause. « Et bien, quand j’ai quitté l’Irlande avec mon père, il était derrière les barreaux, mais depuis, le temps à passer, alors j’ignore s’il s’y trouve encore ! » que je réponds. Il peut très bien avoir purger sa peine et être en liberté. Mais j’essaye de ne pas penser au fait qu’il pourrait me chercher. Ça voudrait dire que je suis un peu trop paranoïaque sur les bords. Il m’avoue ensuite ne pas vouloir me juger, car il ne supporte pas la violence. Des hommes comme lui sont rares et il me plait encore d’avantage. J’ai bien envie de toucher sa main, mais je me retiens. Je ne veux pas passer pour une sangsue, car rien ne me dit qu’il ressent la même chose. « Merci. » lui dis-je, touchée par ses paroles. « Ça me soulage de te l’avoir dit, je ne voulais pas que tu me prennes pour une folle qui a peur de son ombre ! Je ne le fais pas exprès. » Au moins, maintenant, il sait que ça n’est pas contre lui et que je n’ai pas vraiment peur de lui, juste que j’ai peur de tout le monde en général et de ce que l’on pourrait me faire. Parce que j’avais confiance en mon petit ami, avec les résultats que l’on connait. Je ne lui parle pas de ma mère et de ce qu’il lui est arrivé, car je ne veux pas avoir l’air d’être tragique. Je pense qu’il en a assez entendu pour aujourd’hui, donc inutile de trop en faire.

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a plupart des gens jugent sans savoir. D’ailleurs, dans le fond, je suis peut-être un peut comme ça puisque chaque fois que j’ai peur de faire de nouvelles rencontres, je me pousse à croire que la personne en face de moi est en train de me prendre pour une folle. Une folle qui a peur de tout, même de son ombre. Or, c’est faux, je n’ai pas peur de tout, j’ai simplement peur de l’inconnu. Peur des gens de manière générale. Parce que j’ai ben conscience que l’on connait les gens sans les connaitre. J’avais une confiance aveugle en mon petit ami de l’époque, et cela, même si je n’étais pas vraiment amoureuse de lui. Je lui faisais confiance et il a trahie cette confiance. Depuis, je l’admets, j’ai beaucoup de mal, vraiment beaucoup de mal à accorder ma confiance aux gens. Mais, j’ai décidé de laisser le bénéfice du doute à Fabian. Parce que, depuis que j’ai fais sa connaissance, je me suis rendu compte que je me sentais bien en sa compagnie, apaisée. Alors, je me dis, qu’il mérite que je lui fasse confiance. J’espère qu’il a conscience que c’est un énorme pas en avant pour moi, parce qu’il est très rare que j’accorde aux gens ce privilège. J’ai mis des mois avant de parler à certaines personnes dont je suis la plus proche, et encore, pas à toutes. D’ailleurs, c’est triste, mais la plupart des gens à qui je me suis confiée sur le sujet, ne sont plus en ville aujourd’hui. Je ne sais pas s’ils sont partis parce qu’ils n’avaient pas le choix ou si ce n’est pas moi qui les aient fait fuir avec mes confidences. C’est ce que je craignais avec lui, de le faire fuir, je veux dire. Mais à l’évidence, il n’est pas comme ça. Bien au contraire, il est compréhensif, et mieux encore, il semble soulager d’apprendre que le salonard qui m’a violé ; bien que je n’ai employé ce terme ; soit en prison à l’heure qu’il est. Il est vrai que je ne suis jamais retourné en Irlande depuis mes seize ans, année ou je suis partie, alors depuis, il a très bien pu sortir, malheureusement. Mais au fond de moi, je me doute bien qu’il n’ira pas me chercher ici, tout simplement parce que personne, parmi les gens que je fréquentais à l’époque, n’a su où je partais. Je croyais avoir des amis, mais ils m’ont tournés le dos pendant le procès, alors, forcément, je n’allais pas leur dire ou je partais. Si ce type me retrouve ici, ça sera seulement dû à un mauvais karma. Et je ne pense pas être aussi poissarde. « Moi aussi. Mais de toute façon, je ne suis pas complètement idiote, je n’ai dit à personne ou je partais, quand j’ai quitté mon île. » répondis-je. Pourquoi ai-je fait cette précision ? Sans doute pour le rassurer. Je ne sais pas, on se connait à peine pourtant et j’ai l’impression qu’il s’inquiète, je trouve ça mignon. « Hum … de quoi peux-tu bien avoir peur ? De tes fans ? » dis-je, taquine. Je dis ça, parce qu’il vient justement de me reparler de cette fille un peut trop démonstrative. « En tout cas, merci ! » ajoutais-je, gentiment. Je l’ai déjà dit, mais je ne le dirais sans doute jamais assez. Il est compréhensif et en plus, il se dit prêt à m’écouter, si je ressens le besoin d’en parler.

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une certaine façon, je suis soulagée de lui avoir parlé, mais je ne sais pas si j’ai bien fait. Bien sûr, je lui fais confiance ; sinon je ne me serais pas laissé aller à ce genre de confidences ; mais, le fait d’avoir dit la vérité, même si je ne suis pas rentrer dans les détails, ne change rien au fait que je peux péter un câble à n’importe quel moment, parce que j’aurais peur. J’aimerais bien savoir ce qu’il pense en ce moment précis. Il semble furieux, mais je ne le connais pas assez pour en être complètement certaine. Je lui explique n’avoir dit à personne l’endroit où je déménageais, de toute manière, dès le moment ou il avait été arrêté et jugé, au lieu de me plaindre, de compatir, les gens m’avaient jugés, comme si j’étais la seule responsable. C’était des gens en qui j’avais confiance, des gens que je croyais être mes amis. Même mon père a été jugé, alors il valait mieux que l’on reface toute notre vie ailleurs. Bien sûr, ça n’effacerait pas le passé ; rien ne peut effacer tout ça ; mais les choses seraient toujours mieux. « Justement ! La distance n’a rien effacer du tout. Même encore aujourd’hui, je le vois partout. Je sais que c’est dans ma tête, que c’est simplement la peur qui parle. Mais dès que je rencontre une nouvelle personne, c’est lui que je vois. Il ne me laissera jamais en paix ! » que je dis. Mais je me rends compte que j’aurais mieux fais de me taire. Fabian me plait beaucoup, et moi, je suis en train de lui dire que je ne m débarrasserais jamais de mes vieux démons. Je voudrais le faire fuir que je ne m’y prendrais pas autrement ! Et pourtant, loin de moi l’envie de le faire fuir. Au contraire. Je voudrais qu’il me voit comme moi je le vois, mais je me doute bien qu’avec les casseroles que je trimbale derrière moi, c’est tout simplement mission impossible. Je tente donc de changer de sujet de conversation en lui demandant de quoi il a peur. Je fais même de l’humour en parlant de fans un peu trop envahissants, ce qui le fait rire. Au moins, je suis névrosée, mais j’ai de l’humour, ça compense. « Et bien, ça en fait des choses ! » dis-je, avec surprise. Je pensais être spéciale, parce que l’on ne rencontre pas tous les jours des personnes phobiques, mais voilà que je parle avec une personne qui a plusieurs peurs en elle. C’est impressionnant. « Ça, je veux bien te croire. C’est très handicapant au quotidien ! » que je dis, lorsqu’il évoque tout ce qui le terrifie. Je me contente de lui sourire quand il me dit que je peux lui parler, si jamais j’en éprouve le besoin. Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter d’autres. Pour le moment, je vais m’arrêté là. J’en ai dit assez pour aujourd’hui, je ne voudrais pas le saouler avec mes problèmes. D’autant que je suis loin d’être la seule personne sur terre à en avoir.